DeuxiÈme gÉnÉration ( Morgane de toi )

Renaud - 1983

J'appelle Slimane et j'ai quinze ans

J' vis chez mes vieux À  la Courneuve

J'ai mon C.A.P. de dÉlinquant

J' suis pas un nul j'ai fais mes preuves

Dans la bande c'est moi qu'est l' plus grand

Sur l' bras j'ai tatouÉ une couleuvre

J' suis pas encore allÉ en taule

Parait qu' c'est À  cause de mon Âge

Parait d'ailleurs qu' c'est pas Byzance

Que c'est un peu comme dans une cage

Parce qu'ici tu crois qu' c'est drÔle

Tu crois qu' la rue c'est des vacances





Refrain

J'ai rien À  gagner rien À  perdre

MÊme pas la vie

J'aime que la mort dans cette vie d' merde

J'aime c' qu'est cassÉ c'est dÉtruit

J'aime surtout tout c' qu'y vous fait peur

La douleur et la nuit




J'ai mis une annonce dans LibÉ

Pour m' trouver une gonzesse sympa

Qui bosserait pour m' payer ma bouffe

Vu qu' moi l' boulot pour que j'y touche

Y m' faudrait deux fois plus de doigts

Comme quoi tu vois c'est pas gagnÉ

C' que voudrai c'est Être au chomdu

Palper du blÉ sans rien glander

Comme Ça j' serai À  la sÉcu

J' pourrai gratos me faire remplacer

Toutes les ratiches que j'ai perdu

Dans des bastons qu'ont mal tournÉes




J'ai mÊme pas d' thune pour m' payer l'herbe

Alors j' me dÉfonce avec c' que j' peux

Le triclo, la colle À  rustine

C'est vrai qu' des fois, Ça fout la gerbe

Mais pour le prix, c'est c' qu'on fait d' mieux

Et puis Ça nettoie les narines

Le soir on rode sur des parkings

On cherche une BM pas trop ruinÉe

On l'emprunte pour une heure ou deux

On largue la caisse À  la Porte Dauphine

On va aux pÛtes juste pour mater

Pour s'en souvenir l' soir dans notre pieu




Y'a un autre truc qui m' branche aussi

C'est la musique avec des potes

On a fait un groupe de hard rock

On rÉpÈte le soir dans une cave

Sur des amplis un peu pourris

Sur du matos un peu chou-rave

On a mÊme trouvÉ un vieux dÉbile

Qui voulait nous faire faire un disque

À?¡a a foirÉ parce que c' minable

Voulait pas qu'on chante en kabyle

On n'y a mis la tÊte contre une brique

Que mÊme la brique elle a eu mal





Des fois j' me dis qu'À  trois milles bornes

De ma citÉ y'a un pays

Que j' connaÎtrai sÛrement jamais

Que p' t-Être c'est mieux qu' p't-Être c'est tant pis

Qu' lÀ -bas aussi j' serai Étranger

Qu' lÀ -bas non plus je serai personne

Alors pour m' sentir appartenir

A un peuple À  une patrie

J' porte autour d' mon cou, sur mon cuir

Le keffieh noir et blanc et gris

J' me suis inventÉ des frangins

Des amis qui crÈvent aussi