C'Était hier matin, en allant travailler.

ArrÊtÉe À  un feu sur les quais À  Neuilly (vous savez, cette banlieue ouvriÈre trÈs dÉfavorisÉe).

Il y avait un clochard de l'autre cÔtÉ de la route. Je tourne pÉniblement la tÊte en raison d'un torticolis virulent. Et je le vois se baisser pour ramasser un mÉgot.

Un horrible mÉgot, aplati par les passages successifs de voiture, rien À  fumer, surdose de goudron.

J'avais la clope au bec, forcÉment, mÊme si c'est pas bien. Et la main sur le paquet. Pas pour en allumer une autre, non, pour lui donner ce qui me restait de cigarettes.

Parce qu'il me faisait mal au coeur, ce vieux bonhomme qui n'avait rien À  fumer et pour qui c'Était sans doute autrement plus important pour lui que pour moi. A dÉfaut d'Être bon. Mais bon.

Bref, prÊte À  lui offrir les miennes... je constate que les feux passent au vert et que des voitures s'interposent entre lui et moi.

Je n'ai pas osÉ l'appeler.

De peur qu'il se fasse Écraser.

Pas oser lui jeter les cigarettes. Trop horrible : je jette et tu ramasses... j'avais envie de lui faire un cadeau pas une aumÔne.

Et je m'en veux. Parce qu'au final il s'en foutait peut-Être de mes bons sentiments. Et que par terre ou À  la main, mes clopes l'auraient dÉpannÉ.

Bref.