LACHER DU LEST
Par Chiboum le mardi 10 août 2004, 09:42 - Défis - Lien permanent
Je suis fascinée par la capacité du corps humain à refléter nos états d'âme et nos névroses.
Parlons du poids. Du surpoids, plutôt. Quand il n'est pas causé par une quelconque maladie.
Ah c'est facile quand on grandit dans la culture de la bonne bouffe de se laisser petit à petit envahir... jusqu'à ne plus se reconnaître.
Jusqu'à sursauter quand on se voit en photo, à ne pas se reconnaître, à ne pas s'attendre à ressembler à ça.
Jusqu'à sangloter dans une cabine d'essayage parce que ce genre de magasin ne fait pas notre taille.
Jusqu'à s'habiller toujours un peu pareil, une fois qu'on a trouvé le vêtement qui nous donne l'illusion de faire illusion. Pour ne pas se poser de questions.
Jusqu'à sentir la boule d'angoisse dans la gorge en permanence en se comparant à des silhouettes auxquelles de toute façon on n'aurait jamais ressemblé.
Tenter 50 solutions plus miraculeuses les unes que les autres. Et échouer. Chuter, rechuter, comme avec une drogue. S'en prendre plein la gueule par des apparentés trop bien intentionnés. Du genre, "tu es sûre que tu en reprends ? C'est dommage, tu étais tellement jolie quand tu étais plus mince". Oui, mais l'intérieur il n'a pas changé.
C'est exactement ça. L'intérieur n'a pas changé et ne se reconnaît plus dans un corps qu'il refuse. Et pourtant, pas faute de n'en plus pouvoir, n'y rien pouvoir. Ne plus y croire.
Sembler assumer. Sembler faire celle qui vit bien dans son corps, qui de toute façon sait qu'elle n'est pas une Claudia-porte vêtement, mais qui a au moins l'intelligence, l'esprit, la capacité à aimer... j'en passe.
J'ai eu mon déclic. Le jour où je me suis dit que la vie d'une femme est déjà éprouvante pour son corps. Et que tant qu'à faire, autant ménager un peu la machine avant de tomber sur le carreau. Il faut dire qu'Oedipe était réglé et que L'Amoureux m'assurait déjà de son amour infaillible depuis un certain temps. La chance, donc, de retrouver l'équilibre affectif dont j'avais besoin pour me passer de ma carapace de graisse.
Il en reste, certain, parce que les plaisirs de la vie sont ce qu'ils sont. Mais je peux de nouveau m'habiller dans les magasins "normaux". Parfois je suis très fière du chemin accompli. Parfois triste en regardant le chemin qui reste à faire. Mais j'ai décidé, pour mes futurs mouflets, de ne pas leur voler de temps pour le consacrer à perdre (ou digérer) 25 ou 30 kilos superflus.
En bref, mon cerveau et mon corps sont en bonne voie de réconciliation. A défaut de se reconnaître complètement, ils admettent faire partie de la même famille. C'est déjà ça. C'est beaucoup.
Je ne suis pas une fille particulièrement attachée aux apparences. Mais il y en a une que je lis et qui me fait mal au bide. Parce qu'à la lire, j'ai l'impression qu'elle ne trouve pas le chemin dans son labyrinthe intérieur. J'aimerais lui faire des signaux à la sortie pour lui assurer que le chemin existe vraiment. J'aimerais lui faire partager le bien-être de l'après, pour trop bien connaître les souffrances avouées ou non qu'elle vit. Et pourtant, ce chemin, personne ne peut le faire à sa place.
Si tu passes par là, si tu me lis, je te souhaite bon courage. Ca vaut la peine de mettre de l'ordre dans sa tête et dans son corps. La vie prend un autre goût après. Et dans ton cas, je me doute que faire le ménage est douloureux. Qu'il y a mille et une raisons pour que ton subconscient freine des quatre fers pour ne pas se retrouver en face de choses qui font mal.
Juste bon courage, donc.
Commentaires
Clap clap. C'est vraiment très juste. Aucun mot de trop... :)
Merci Jeanne... hélas le vécu aide un peu... mais bon... :-)
L'équilibre entre le mental et le physique est tellement vrai.
Très belle note.
Merci m'sieur. Et bon retour, toi...
Ca a été les vacances ?
boblebidibul a raison, c'est une très belle note, bravo !
Merci mon amour... et merci de ton soutien inconditionnel...
Bien écrit comme d'hab.
C'est vrai que l'équilibre entre le moral et le corps est essentiel, cette personne à qui tu t'adresses le sait sûrement. On en a tous conscience. "Etre bien dans son corps" ==> ne signifie pas être svelte et correspondre aux canons. Mais il faut parfois le temps pour en arriver là.
Et apprendre, apprendre à s'aimer telle que l'on est.
Oui ça c'est un long chemin, apprendre à s'aimer.
Mais ça va tellement mieux après !
Merci m'dame pour ton gentil mot, en tout cas !
Dur de ne pas verser des larmes d'émotion à la lecture de ce mot qui m'est destiné...
Le labyrinthe est terriblement tortueux, la plupart du temps j'y retrouve mon chemin, la lumière y luit, mon rire et ma gaité en sont les musiques d'agrément...
Et puis si il est un peu plus peuplé que d'habitude, si il est trop plein d'inconnus, là je me perds, les lumières s'éteignent et gare à la dérive...
Le bien être de l'après je l'ai connu de façon éphèmère il y a quelques années, c'est sans doute ce qui rend plus difficile à vivre mon présent...
Mais du courage j'en ai à revendre, j'en ai eu besoin encore et encore des années durant, j'en ai encore plein mes besaces...
Reste juste que lorsqu'on a autant "ramé" durant des années, on aimerait vraiment que ca se finisse vite...
Quoi qu'il en soit, tes mots sont un peu comme une main apaisante sur ce que je vis de temps à autres.
Merci mon amie
S.
Ouh là... ta réponse me fait monter les larmes aux yeux... (aujourd'hui j'ai décidé d'assumer mon côté girlie émotive, c'est con, mais il y a pire !!).
Tant mieux si ça fait du bien. On a toujours besoin de mots "baume" dans la vie. Et toi tu me touches depuis longtemps alors... bonne suite à toi.
Pfiou, très beau post Anne !
Peut-être parce que je m'y retrouve totalement dans cette société ou on ne jure que par l'apparence.
Il fut un temps ou j'étais squeletique mais je ne m'aimais pas.
Puis j'ai du tripler de volume, je ne m'aimais toujours pas.
Là, je dois me situer au-dessus de la moyenne, dans l'encore "acceptable" par la société et je commence à seulement m'accepter.
Peut-être que l'amour d'un Amoureux peut faire toute la différence ?
Je suis toute émue...
Une bise pour toi ma belle Missy'V
Oui un Amoureux amoureux peut faire toute la différence. Me voir dans ses beaux yeux noirs m'a appris l'indulgence...
Je devrais venir plus souvent ici, ça change des posts de Anne sur mon forum ! LOL Mais bon, je comprends aussi que tu sois la seule fille et à ce titre, se retrouver avec autant de garçons, c'est vraiment pas évident ! Je te taquine Chiboum ! ;-)
Z'êtes mimi :-)
Bises Mr et Mme Chiboum ;-)
:-D
C'est pô vrai je t'ai fait un gentil message sur le foroume...
Bises Missy'V !
C'est très beau et très juste ce que tu as écrit Anne.
J'aimerais pour les rares personnes vivant l'inverse - je veux donc parler de celles qui essaient de PRENDRE du poids - et qui n'y arrivent pas, malgré choc, crème fouettée, 5 repas complets etc ... que les mêmes sentiments arrivent, que les mêmes moqueries mesquines des autres existent, que les emmerdes niveau "drague lourde" n'est que quotidienne et que tout ce qu'Anne a écrit est également juste pour ces personnes-là et pas seulement pour celles qui ont quelques kilos en trop.
Nam-nam
P.s de quel forum vous parlez?
Hello Namnam.
Tu as raison ! C'est pour ça que je commençais sur le corps qui somatise et puis... je me suis un peu laissée embarquer. Mais dans un cas comme dans l'autre (comme pour ceux qui font du psoriasis ou de l'exéma d'ailleurs), la souffrance extérieure et intérieure sont intimement liées.
Le "foroume", c'est celui du site de L'Amoureux, lien dans la colonne. Attention, c'est un repaire de brutes sanguinaires (virtuellement, s'entend) gonflés à la testostérone ;-)
L'amoureux > tu es beau toi ! LOL (je suis débile parfois)
Missy'V : Bises la Miss
Anne : Merci pour tes gentils messages ! Bientôt l'heure de partir...
Nam-Nam : Coucou toi ! Tu sais que j'ai toujours en tête l'envie de faire un site sur le DXX, enfin tu sais ? ;-) On parlait du forum du clan SNAKE dont je fais parti. (je vous rassure, ce n'est pas une secte... et si même ça en était une... je serais de toute façon le gourou MDR)
Rien ne t'empêche de faire un site sur le DXX, t'as mon appuis !