DEFORMATION PROFESSIONNELLE ET IMAGINATION
Par Chiboum le jeudi 13 janvier 2005, 10:39 - All about Chiboum - Lien permanent
Dans la longue série "Chiboum vous raconte les dessous de la communication", autant le dire tout de suite à ceux qui nous imaginent encore comme des artistes contrariés mis aux service du grand capital (quoi que).
Dans le cadre de l'entreprise, à part en agence de pub, et encore, on invente pas grand chose.
Certes il faut être créatif dans la façon d'accrocher les gens.
Certes le sens de la formule est un excellent atout.
Mais la dure réalité consiste à prendre conscience que, avec du temps et un budget compté, les recettes qui ont fait leurs preuves ne sont pas à jeter.
C'est ainsi que certains mots, ou assemblages de mots, deviennent une sorte de private joke.
Personnellement, les termes "incontournable", "convivial", "vitrine mondiale de...", "LE rendez-vous..." (notons l'usage subtil des capitales) me donnent selon les périodes soit une poussée d'urticaire géant, soit l'envie incompressible d'éclater de rire. Parfois j'ai l'impression que c'est mon nom de famille, presque.
Mais non.
Ma "grande victoire professionnelle" (j'exagère un peu, hein) c'est d'avoir fait valoir que l'utilisation d'une langue simple et claire est plus efficace que l'alignement de poncifs jargonnants, c'est vous dire où va se loger le bon sens.
Bref.
Tout ça pour dire que j'ai une drôle d'impression. Celle que ces exercices à répétition me privent peu à peu d'imagination.
Le fond de l'histoire c'est que l'envie d'écrire est de plus en plus présente mais que L'IDEE, la trame, m'échappe. Impression que tout a déjà été écrit, qu'il n'y a plus rien à inventer, parfois.
C'est peut-être ça qu'on appelle le talent, finalement. Pas seulement le style, aussi la capacité à élaborer une bonne histoire ?
Commentaires
L'imagination va trouver sa source en dehors de nous et vient ensuite nous alimenter.
(mais je reste aussi persuadé que nous avons chacun nos cycles de productions créatives avec bas et hauts -aucun sous-entendu cochon là-dedans-)
Je rejoinds totalement les propos de Barnabé. Comme tous les créatifs professionnels, même une personne travaillant dans la communication, doit forcement s'alimenter "intellectuellement" des sources extérieures pour s'en inspirer... muse, inspiration, influence, insconsience... ça cogite en haut plus qu'on le croit.
Messieurs, ça tombe bien ce que vous dites, j'ai l'impression en ce moment d'être en plein "noeud psychanalytique"...
... donc peut-être qu'une fois le noeud dénoué, un nouveau cycle viendra, plus inspiré ?
Merci à tous les deux, vos mots font du bien.
Juste Barnabé : rien que d'avoir pensé aux sous-entendus ne constitue-t-il pas un sous-entendu en soi ??? ;-)
Hum... on a passé le cap de l'innovation sur l'idée... D'autant que les "bonnes histoires", celles qui accrochent sur des générations, celles dont on garde le souvenir, sont souvent basées sur des idées toutes simples utilisées par beaucoup.
L'originalité et la nouveauté passe surtout par la façon dont on s'approprie les choses, dont on les tamise via notre expérience, notre perception, nos émotions.
C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes disait Chépuki Knor (grand philosophe tibétain)
;-)
pas facile à gérer quand c'est un métier !
si tu as des pannes tu peux toujours nous faire plancher sur des projets
comme ça pour le fun , qui sait l'un de nous peut faire apparaître une petite étincelle !
bah c'est juste une idée ... ;)
J'vais me faire lyncher par les non informaticiens, mais l'informatique aussi est un métier de créatifs.
Et quand la créativité s'en va, ça se ressent dans le travaille.
D?ailleurs, les bons informaticiens sont aussi en général des gens sensibles voir hypersensibles.
Vous avez du mal à me croire, hein, avouez ?
Que Zacki a trouvé un style original (?) qu'il utilise dans tous ses articles. Que c'est un langage rien qu'à lui qui lui évite de trouver un style nouveau chaque soir.
Que parfois il lui manque quand même les idées. Des idées originales si possibles sauf à se répéter jour après jour. Mais que Zacki fait son possible.
>Anne: ah non, c'est juste que toi d'habitude...
(arf...) *me bidonne tout seul*
Heïdi : je met Chepuki Knor sur ma liste "à sortir en réunion". Après la date du yaourt chez Isadora, je renouvelle sérieusement mon stock !!
Facettes : non non, dans le cadre du boulot, ça va, ça carbure ! C'est sur mes projets perso que je me cherche un peu beaucoup...
Fab : je suis assez d'accord avec toi sur la créativité en informatique en fait. Notamment sur la bonne idée pour détourner le système à son avantage !
Zacki : faire son possible, je dirais que c'est l'essentiel.
Barnabé : huhuhu !
Mais nan, on fait jamais ça !
C'est vrai qu'en fait il ne fait pas bon innover, malgré tous les discours qui prétendent le contraire.
J'ai fait une petite expérience une fois.
J'ai bossé de mon côté sur tout la redéfinition de la communication de ma boite. J'ai essayé de trouver de nouveaux mots, de nouvelles images, de proposer une approche différente, pour m'amuser et aussi pour qu'on se présente vraiment comme les innovateurs qu'on prétend être dans le métier (arf arf arf...).
En gros de revoir toute la forme sans toucher au fond.
Résultat : tout rejeté en bloc.
Trop différent !?
A la place tout le monde fait du copier collé des mêmes phrases creuses utilisées par tout le monde. Quelques termes de cette combinatoire infinie ?
réseau, intégration, qualité de service, win win situation (on aime bien les anglicismes à 2 balles), global, local, réactivité, customer service, proactif, online, outsourcing, cost control, management service, etc...
Bon j'y retourne.
LaVitaNuda : j'étais sûre que tu comprendrais ! Quoi que je suis bouleversée depuis que j'ai appris que le R.O.I. est passé de mode pour laisser place à... quoi déjà ??? R.E.I. peut-être.
Bouleversée, j'te dis !
pffff la communication et créativité, vaste sujet - suis encore dans la choucroute - viens juste d'arriver y'a qq heures - vous donnerai mon avis après repos
bisouilles
Nam-nam
p.s tiens hercule n'est plus abandonné! (ai bien aimé ce qu'il a écrit, le pôv)
Welcome back, nam-nam !
Moi même "à notre âge et à l'heure qu'il est", je ne vois rien de bien pertinent à rajouter à tout ce qui a été dit... Panne d'inspiration dans les commentaires !
Une grosse bise à la place...
C'est bon aussi, les bises... je te tends donc ma joue rebondie !
Comme Sam, Grooosses bises !
je suis nouveau dans ce dialogue, dans les blogs etc...
je partage les mêmes questions
Un auteur plus simple qu'on le pesne a analysé le génie et la créatio navec génie, c'est Nietzsche.
Lire les passages sur l'art dans "Humain, Trop Humain" et si vous êtes un peu plus en forme lire "La naissance de la Tragédie", un chef-d'oeuvre, un best-of de la pensée.
Et oubliez tous les poncifs sur nietzsche car tous ses écrits prouvent le contraire.
L'élan vital, l'oisiveté nécessaires à la création etc... tout y est.
alex - more coming
Bonjour Alex,
Rien que "l'oisiveté nécessaire à la création" m'inspire bien des choses ! Donc je vais commander ça de suite chez mon libraire préféré.
Merci !
Le gros problème de la communication aujourd'hui est de créer l'aspérité. Nous vivons dans un monde de communication où tout le monde a quelque chose à dire et veut le dire. Le résultat : le bruit de fond augmente et il est plus difficile de se faire entendre. D'où l'importance de créer l'aspérité pour que la cible de la communication s'arrête dessus et percute sur le message.
La communication est un vrai métier fait par des professionnels. Etre planneur stratégique ou créatif en communication ne s'improvise pas.
Je partage complètement ton avis Anne. Malheureusement tout le monde pense être capable de faire de la communication. Le résultat est ce que tu dis :
Des assemblages de mots qui ne veulent rien dire, mais qui montre juste un besoin d'autosatisfaction de l'auteur. Leader sur son marché, N°1, ...
Et je ne travaille pas dans la communication. Mais je connais la différence entre professionnels et non-professionnels. Le décalage est important.
Jorge Luis Borges qui était un merveilleux écrivain, avec une culture absolument étonnante (une bibliothèque nationale à lui seul cet homme là) disait que tout avait déjà été écrit sur tout et que le talent d'un écrivain n'était pas d'inventer une histoire originale, mais de raconter de façon originale une histoire vieille comme le monde... Enfin, il ne le disait pas comme ça, c'était beaucoup plus subtile.
L'une des nouvelles qu'il a écrit est la vie d'un écrivain qui écrit un ?Don Quijote de la Mancha?. En fait, c'est le même que celui de Cervantes, mot pour mot. mais toutes les données qu'il donne sur l'auteur fait qu'on lit les extraits de façons différentes. Et cela devient une ?uvre différente.
Tu devrais lire Borges... :-)
AutchoZ : Créer l'aspérité, quelle jolie formule pour si bien dire les choses...
Racontars : Tu m'en donnes envie, en tout cas !!
Anne> Elle n'est pas de moi mais d'un professionnel de la communication à qui je faisais appel.
C'est aussi pour cela que je parle du décallage entre professionnel et non-professionnel ;-)
Communiquer semble si facile !
Mais c'est quand même loin d'être aussi simple. Non ?
Bises à toi
Si ! Bises aussi.