On va sans doute lire beaucoup sur les 60 ans de la libération des camps, et pourvu qu'il n'y ait pas d'énormité, c'est tant mieux.

Malheureusement ça part mal.

Lu il y a quelques jours dans Libé (oui, je sais, je cherche !) une petite phrase du style : tous ces documentaires sont fabuleux, c'est dommage, ils ne seront pas vus par ceux qui en ont besoin, les jeunes. Parce que les jeunes, ça les ennuie. (je la fais à gros traits, mais je vous jure que c'était l'esprit).

Alors d'une, je m'interroge : pourquoi seuls les jeunes en auraient besoin ?? Il me semble qu'il y a quelques vieux cons dont le discours tend à diminuer l'importance de ce qui s'est passé dans ces camps à qui ça ne ferait pas de mal. Et dans l'absolu, je pense que ça ne fait de mal à personne.

Et de deux, je m'interroge (bis) : de mon temps, c'est-à-dire il y a une petite quinzaine d'années, au lycée, les professeurs faisaient visionner Nuit et Brouillard à tous leurs élèves. Dans mon lycée et dans d'autres. Donc sans parler du rôle pédagogue des parents, qui peut ne pas avoir complètement disparu, quelle est la raison qui fait supposer que ce type de travail avec les élèves aurait complètement disparu, comme ça ?

Je m'arrête sur ce sujet car il est d'actualité, mais il va de soi que les génocide des indiens d'Amérique ou au Rwanda, par exemple partent de la même réflexion (...il se reconnaîtra...).

J'en parle également parce que j'ai fait mon mémoire de maîtrise sur les récits de déportation. Notamment ceux de Primo Levi, Elie Wiesel, Jorge Semprun, Robert Antelme... A l'époque, outre l'horreur absolue de ces camps et de ce processus d'extermination, quelque chose d'extrêmement positif m'avait frappé. L'extraordinaire instinct de survie et d'envie de vivre qui animait les survivants. Leur désir de faire partager leur histoire pour dire "plus jamais", par écrit, par oral ou les deux. Or ils sont de moins en moins nombreux à être encore en vie pour nous parler de leur histoire.

Il est effectivement urgent de prendre leur relais.

Il est primordial de ne pas céder à la facilité en disant "les jeunes s'en foutent". Et pas seulement pour le pied de chez nous. Pour les gens du bout du monde aussi.

Aujourd'hui, c'est vraiment difficile de dire "je ne savais pas" sans mentir.

EDIT : voici le lien vers l'article en question.