Racontars a écrit hier une note que je découvre ce matin et qui m'a profondément touchée. Elle y rend hommage à l'essence de certaines femmes de sa blogosphère personnelle pour lesquelles elle éprouve un respect, une affection particulière.

Il se trouve que ce sont également des femmes que je lis et que je partage avec elle ce respect et cette affection.

Ce qui m'amène à la réflexion du jour.

L'idée de "ce que doit être une femme" remonte à très loin chez moi. Je veux dire, vraiment à l'enfance. Evidemment, l'éducation joue énormément et le ou les modèles parentaux sont pour beaucoup.

Mais la formation consciente de cette idée, c'était quand j'avais quatre ou cinq ans et que je voulais une Barbie. Que mon père m'a toujours refusée parce qu'il considérait que si je devais me projeter sur un modèle féminin adulte, il y en avait certainement de meilleurs.

Un peu plus tard, ça a été les lectures. Les personnages féminins chez mes auteurs préférés. Rions de bon coeur à cette candeur, je trouvais Merle tendre amoureux mais un peu mysogyne, quand même. Ses femmes étaient intelligentes, certes, mais il ne manquait jamais de souligner leur côté fragile et l'instinct protecteur qu'elles éveillaient chez ses héros.

En revanche Cauvin... ah parlez-moi des héroïnes de Patrick Cauvin ! Des femmes fortes, passionnnées, indépendantes, sexy en diable même vêtues d'une chemise d'homme et de godillots. Capables de tout par amour. Y compris de ne pas tout accepter, par amour. Très très bon modèles de féminité post soixante-huitarde, ai-je trouvé (je devais avoir onze ou douze ans quand j'ai découvert Cauvin... )

Bien plus tard il y a eu Julie Corrençon, chez les Malaussène de Pennac. Mâtinée d'un peu de Clara, pour l'oeil et l'affection. J'aurais probablement adoré être un personnage de roman si ça avait été Julie Corrençon.

Tiens, pas de grande héroïne de la littérature classique ? Ben non. Globalement, je les ai trouvées bien ethérées, certes j'ai vibré leurs amours avec elles, mais j'avais souvent envie de les bousculer un peu. De leur dire "tu verras, dans quelques années tu auras le droit de t'exprimer, alors anticipe".

Pour moi, la femme"idéale" sait que la féminité ne se porte pas dans les talons aiguilles, les jupes et les fanfreluches. Au grand regret sans doute de certains, sans doute... Elle sait que la force et la sensibilité ne sont pas incompatibles. Elle sait vivre ses émotions mais ne les laisse pas l'empêcher de vivre. Elle sait aimer avec force et folie. Elle sait être tendre sans être faible. Elle sait s'affirmer, être indépendante, sans écraser les autres, sans être castratrice. Elle sait être mère sans s'effacer derrière un rôle. Elle sait, globalement, ne pas entrer dans le moule qu'on lui tend, mais se créer son propre modèle, celui qui lui convient. Mais en sortir aussi si ça lui convient.

Et tant d'autres choses encore...

J'espère tendre vers tout ça. Et je me rends compte en même temps quel bébé je fais face à tout ce que traverse une femme dans sa vie, dans son corps et dans son coeur....