Jad me demandait hier si je n'allais pas jusqu'à marcher pieds nus dans la rue.

Il se trouve que si, ça m'arrive. Globalement, je pourrais vivre nus pieds, je crois. En vacances, à la maison, au bureau dès qu'il fait chaud, fi des chaussures et hop, directement le contact du sol sur ma peau.

Il faut vraiment que ça soit très chaud ou très désagréable comme contact pour me dissuader.

Celà étant, ce jour là, c'est bien parce que mes chaussures me faisaient souffrir le martyr que je les ai ôtées à mi chemin. A l'époque, quelques minutes de marche séparaient le bureau de la maison, et pour que j'achève le trajet, pas d'autre salut que de me débarrasser de ces engins de torture.

Me voilà donc, dans les rues, chaussures à la main et pour le moins soulagée quand je croise un type hilare.

"Vous avez raison, c'est mieux comme ça pour sentir les courants telluriques ! Il sera où l'autel ? Et vous êtes une bonne sorcière, au fait ?"

Et il est parti mi riant mi courant.

L'autel devait être sous mes pieds pour provoquer de jolies rencontres, en fait.

Quelques semaines plus tard, j'avais été réquisitionnée, toujours au bureau, pour servir de modèles à des jeunes femmes qui devraient réaliser des maquillages sur des enfants en grandes surfaces pour le compte de l'un de nos clients.

Je savais que j'allais quitter ce travail et j'avais mis un point d'honneur à arborer fièrement le résultat de leurs travaux le reste de l'après-midi, pour la plus grande liesse de mes camarades et l'agacement certain de mon futur ex patron.

Evidemment, pour que la blague soit bonne et complète, il fallait que je quitte le bureau ainsi grimée ! C'est ce que j'ai fait, je ne sais pas si je vous ai dit, mais si j'avais peur du ridicule, ça ferait longtemps que je serais foudroyée !

Ce n'était pas une époque propice aux costumes, j'étais donc la seule à me promener ainsi dans la rue.

Et exactement au même endroit, un petit garçon tire la manche de sa mère pour lui dire :

"oh, regarde maman, une fée !" (je crois en fait que c'était un papillon géant que j'avais sur la tronche, je ne suis plus très sûre, mais c'est l'intention qui compte).

Je crains que ni l'un ni l'autre n'aient raison, mais j'ai beaucoup aimé ces deux moments de jolie magie humaine volée au cours du temps...