Ca fait un an et demi que ma grand-mère est morte.

Pourtant on l'aurait cru immortelle, si vous saviez.

Je me souviens, quelques semaines avant, elle me disait au téléphone qu'elle se sentait vieillir parce qu'elle avait plus de mal à monter sur son escabeau... à 83 ans !

Ma grand-mère vous aurait séduits, sans doute, dans un premier temps. Elle était vive, enjouée, brillamment intelligente, cultivée, de quoi vous faire passer un bon moment.

Horriblement bavarde aussi, ce qui au bout de deux heures aurait pu vous taper un peu sur le système (oui, pire que moi, mauvaises langues).

Peu à peu, vous vous seriez peut-être rendu compte qu'elle était... profondément auto centrée, on va dire. I, me, mine, moi même je, tout ça. Et puis près de ses sous, aussi. Il y a des anecdotes collector, dans la famille, comme la fois où elle a rapporté à mes parents d'un voyage en Hollande un paquet de serviettes de table en papier, il est vrai décorées d'un motif assez typiquement néerlandais.

(Ou un cendrier à mon frère qui n'a jamais fumé une cigarette de sa vie).

Et assez méchante, globalement. Avec beaucoup d'humour mais sans grande pitié. Un peu façon Chatilliez, si vous voyez ce que je veux dire...

J'ai toujours eu avec ma grand-mère une relation privilégiée, ce qui me permettait de lui dire qu'elle était chiante sans qu'elle ne me banisse de son entourage, ce qui lui permettait de dire qu'elle me trouvait grosse sans que je lui fasse la tête pendant des mois.

Elle m'a fait découvrir l'Opéra, m'a appris les oeufs mimosa, comment ne surtout pas conduire (comme elle). Elle m'a montré que vieillir n'est pas forcément s'enterrer avant l'heure.

Elle m'a légué sa curiosité et son goût des mots, son goût d'écrire.

Hier j'ai reçu quelques mots à propos d'elles, en écho à ces mots, oui, j'espère avoir hérité de sa malice aussi. Pas du reste, j'espère... ou alors, je compte sur vous pour me remettre fissa dans le droit chemin.