Ce texte de pure fiction est inspiré par une note de Samantha Déi et les commentaires qui s'y rapportent. Naturellement, je la lui offre de bon coeur, en tendre évocation de celles qui ne sont pas des Sandrine fonceuses...

En me redressant pour aller lui chercher à boire, j'ai croisé mon reflet dans le miroir de sa chambre. Ca fait des années que je ne me reconnais plus dans cette image. Il est le seul maintenant, pour quelques heures ou quelques minutes, à savoir à quoi ce reflet ressemblait quand il me ressemblait.

Quelques minutes plutôt que quelques heures...

ll est là, mon ami de deux fois vingt ans. Il a deux fois deux fois vingt ans, maintenant et moi à peine un peu moins. Mon meilleur ami s'en va. Ses dernières heures seront les dernières que nous partagerons et ça m'est insupportable. Nous qui avons vécu côte à côte mariages, naissances, séparations, veuvage, naissances encore, forts de notre amitié, j'ai l'impression que c'est le témoin de ma vie qui s'en va et je m'en veux d'être si égoïste.

Il tousse encore et ça l'épuise.

Je ne lui ai jamais rien dit, même quand finalement ça aurait pu être possible.

Il tousse et tente de se tourner vers moi. Je sais qu'il veut que je m'en aille, qu'il ne veut pas me montrer cette agonie. Mais je ne partirais sous aucun prétexte, je veux l'aider à ne pas avoir peur, à ne pas avoir mal.

Une demi-heure vient de passer, c'est la fin, c'est évident.

Il soupire pour la dernière fois et les larmes ruissellent sur mes joues.

Je me penche vers lui, l'embrasse une dernière fois.

"L'as-tu jamais su, combien mon coeur a battu pour toi ?"

Je tourne les talons et m'en vais retrouver mes enfants pour aller consoler les siens.