Y ALLER OU PAS
Par Chiboum le jeudi 6 octobre 2005, 09:41 - All about Chiboum - Lien permanent
Ce texte de pure fiction est inspiré par une note de Samantha Déi et les commentaires qui s'y rapportent. Naturellement, je la lui offre de bon coeur, en tendre évocation de celles qui ne sont pas des Sandrine fonceuses...
En me redressant pour aller lui chercher à boire, j'ai croisé mon reflet dans le miroir de sa chambre. Ca fait des années que je ne me reconnais plus dans cette image. Il est le seul maintenant, pour quelques heures ou quelques minutes, à savoir à quoi ce reflet ressemblait quand il me ressemblait.
Quelques minutes plutôt que quelques heures...
ll est là, mon ami de deux fois vingt ans. Il a deux fois deux fois vingt ans, maintenant et moi à peine un peu moins. Mon meilleur ami s'en va. Ses dernières heures seront les dernières que nous partagerons et ça m'est insupportable. Nous qui avons vécu côte à côte mariages, naissances, séparations, veuvage, naissances encore, forts de notre amitié, j'ai l'impression que c'est le témoin de ma vie qui s'en va et je m'en veux d'être si égoïste.
Il tousse encore et ça l'épuise.
Je ne lui ai jamais rien dit, même quand finalement ça aurait pu être possible.
Il tousse et tente de se tourner vers moi. Je sais qu'il veut que je m'en aille, qu'il ne veut pas me montrer cette agonie. Mais je ne partirais sous aucun prétexte, je veux l'aider à ne pas avoir peur, à ne pas avoir mal.
Une demi-heure vient de passer, c'est la fin, c'est évident.
Il soupire pour la dernière fois et les larmes ruissellent sur mes joues.
Je me penche vers lui, l'embrasse une dernière fois.
"L'as-tu jamais su, combien mon coeur a battu pour toi ?"
Je tourne les talons et m'en vais retrouver mes enfants pour aller consoler les siens.
Commentaires
Emotion. Retenue. Petites touches d'instants dorés qui scintillent dans la nuit. Souffles d'une existence qui s'exhale à l'heure du grand départ. Précieuses scories d'une amitié dont chacune des miettes est un trésor. Ni pitié ni compassion, juste la vie qui continue malgré tout. Je t'embrasse.
Moi aussi je t'embrasse Anitta. Très fort.
Si c'est de la pure fiction, je t'encourage vivement à écrire la suite ! :-x
Ben que je sache et n'ayant pas encore atteint l'âge honorable de la narratrice :-E !! Merci de tes encouragements mon amour d'amour...
Pfffft ... et Snifff : dans l'ordre - c'est 'achement bien "torché" ça - et du coup : frissons et chair de poule ! (k)
Heureusement que tu as préciser qu'il s'agit d'une pure fiction... Très joli, mais irrémédiablement ce qui arrive parfois.
En campagne, tu me fais rire "malgré toi" avec le bien torché qui me rappelle une histoire de pot de miel et de "bien torché bien léché" de mon enfance ! (k)
Vroumette, je fais si vieille que ça ??!!
C'est peut-être parce-que je ne suis pas une Sandrine fronceuse...et que j'ai dépassé les deux fois vingt ans :-( ...qu'il me plaît bien, ton texte (k)
fonceuse (mais pas fronceuse non plus d'ailleurs !)
bahh quoi , face de cul ne joue plus dans tes récits et il est devenu quoi le chat de gouttière arffff!! haaa les zistoires !!!
Swahili, que tu ne sois pas fronceuse, ça j'en étais sûre :)) . Des bisous aussi !
Pods, comment, il y a des gens pour réclamer face de cul ? Ne t'en fais pas, va, il sévit toujours et tu auras de ses nouvelles (le chat, pas vu ce matin, mais il va bien, très certainement !)
Ah zut, j'ai déjà théoriquement pas raisonnablement le temps de lire, mais alors commenter en plus !!
Je reviendrai, na !
On dit ça, on dit ça... ^^
Ben dis donc. D'un côté, heureusement. Mais il arrive que le malheur soit beau. Raconté comme cela. (seulement raconté hein !)
C'est marrant, je suis en train de corriger un papier sur les gens qui ont grandi sans père. Et la seule chiose qui me vient, c'est la chanson de Barbara, Nantes. Joli texte
Barnabé, peut-être que la seule façon de supporter le malheur c'est de tenter de le rendre beau, comme on peut ? Merci en tout cas.
Racontars, c'est marrant parce que j'avais justement Nantes en tête ce matin, didonc. Merci m'dame.
Ben heureusement que "ce serait de la fiction", sinon je seraye triste et me feraye du souci pour ton moral (OO)
C'est gentil Catz, tout va bien ! (k)
" L'as-tu jamais su, combien mon coeur a battu pour toi?" C'est le genre de phrase que je ne supporte pas. Pourquoi tout ce temps sans rien dire? ça me désespère!!
Voilà ce qui arrive quand on reste continûment vivants... Merci pour cette version des "Vieux Amis", en contrepoint des "Vieux Amants" de Brel.
Cela me rappelle aussi la fin de vie de mon Papy qui me disait : "Que veux-tu, mon petit, je t'aime bien, mais tu sais, ça ne m'intéresse plus trop de vivre maintenant que tous mes contemporains sont morts". A l'époque, je ne comprenais pas, mais maintenant, je vois bien ce que ça peut vouloir dire - et pourtant, je suis encore une jeune personne :)
Si c'est si beau, c'est peut-être que le malheur qu'il décrit n'est rien à côté du bonheur qu'il évoque...
J'avais lu une fois quelque part, peut-être sur un blog, une phrase qui m'a marquée : « Ne pleure pas ton amie disparue, mais réjouis-toi de l'avoir connue ». Chose évidemment plus facile à dire qu'à faire, mais qui ressemble tellement à la couleur du blé...
samantdi> c'est une très belle phrase que t'a laissé là ton grand-père...
Phany, c'est bien là tout le concept des pas Sandrine fonceuses développé ces derniers jours chez Samantdi !!
Samantdi, mais je t'en prie. Et j'espère que nous aurons longuement l'occasion de croiser les notes, jeunes personnes que nous sommes ^^
Ali Baba, je ne sais pas si on peut mesurer le bonheur, le malheur, dire que l'un est plus grand que l'autre. Je crois surtout qu'il faut savoir faire face à l'un et l'autre du mieux qu'on peut.
très joli moment d'humanité... Oui, écrit encore, la fiction te réussit!!! (k)
Merci Luciole (k)
Ça me paraît évident. Ce que je voulais dire, c'est simplement que l'amour est plus fort que la mort... C'est par l'amour que les êtres que l'on aime continuent à exister en nous, à nous guider sur le chemin de la vie. C'est l'amour qu'ils nous ont donné qui donnent à notre vie la peine d'être vécue. Et c'est pourquoi, même si on pleure au jour du départ, il ne faut pas craindre d'être apprivoisé (oh la la, je ferais bien de m'en souvenir moi...).
D'ailleurs, petit aparté, l'amour plus fort que la mort c'est exactement ce qui est au cœur de l'enseignement de Dumbledore dans Harry Potter. Toute la mystique autour de l'amour de Lily qui a protégé Harry (et continue de le protéger tant qu'il peut considérer la maison des Dursleys comme son toit), du pouvoir que Voldemort n'a pas et qui permet à Harry de le vaincre par quatre fois déjà, etc. Et j'allais ajouter autre chose, mais ce serait dévoiler la fin du tome 6.
Oui je suis en train de relire la série ^^
T'inquiètes je l'ai lu ! :-P
Les chants les plus désespérés sont les chants les plus beaux.
L'as t'il su ? Bien sûr que oui. Car il n'y a pas toujours besoin que les choses se disent pour qu'elles se sachent.
Mais au moment d'un départ (quelqu'il soit, même si c'est une séparation), à ce moment là, oui, je crois qu'il faut les dire. Non pas parce qu'il ne faudrait pas avoir de regrets de n'avoir rien dit. Mais parce que c'est une marque de respect et d'amour qu'on donne à lui ou à elle, et a tout ce qu'il a été / est / sera pour nous.
Il y a tant de belles manières de dire les choses en plus !
Et j'ai l'impression que c'est aussi un acte qui nous grandit.
Ouh... c'est ça de réclamer des commentaires aussi. Je lis, je relis et relis, et... je prends mon joker pour la réponse.
Waouh quand même...
Merde, ça réveille : merveille.
Merci Janu ^^
Toi oui mais pas forcément tous tes lecteurs :-p