Chère jolie madame blonde des quartiers sympas de Paris,

Je t'ai aperçue au journal hier soir.

J'espère que la phrase grâce à laquelle tous tes amis t'auront vue à la télé n'était qu'une maladresse dûe au trac.

Je cite de mémoire : "Ah ben si maintenant ça sort des cités, ça va devenir dangereux pour nous".

Par le fait même. Mais peut-être croyais-tu qu'un peu d'argent, ça met à l'abri de tout, dans la vie ?

Tu vois, chère jolie blonde avec ton serre-tête en velours (en tout cas ça t'irait bien), quand je pense aux 99,99% de gens de ce que tu sembles considérer comme des réserves à sauvages qui ne dorment plus depuis 10 jours. Quand je pense aux cités comme la mienne, où l'on dort sur ses deux oreilles et où l'on se dit bonjour avec le sourire le matin. Et quand je t'entends parler... j'ai comme envie de distribuer des tartes aux doigts, vois-tu ?

Tu vois, jolie blonde, morue poilue, oui, du haut de ta très évidente (pour toi) supériorité, tu ne me parais pas beaucoup plus armée intellectuellement que ceux qui te font si peur à brûler des voitures.

Mais ça devait être le trac, tu ne devais pas penser ce que tu disais...