Hier, pour ceux qui vivraient loin des campagnes d'affichage, de la télé, de la radio, du téléphone et j'en passe, c'était la "Fête des Grands-Mères".

Que ceux qui ne perçoivent pas le cynisme de cette fête créée, signée, orchestrée par la marque de café éponyme me jettent la première pierre.

Je fais déjà partie de ceux qui fêtent la Fête des Mères du bout des dents. Je le fais pour ne pas faire de peine à ma Môman que j'aime, mais les réminiscences Pétainistes (ou pire) de cette célébration me font grincer des dents. Ah que dirait-elle, ma brave maman, si je lui disais que pour honorer cette fête, il lui faudrait aussi en respecter l'imagerie. Enfant, cuisine, église. Ca sonne bien mal à mes oreilles, aux siennes aussi, au demeurant.

Nous conservons, je suppose, en mémoire des colliers de nouilles de l'enfance.

Quant à ma grand-mère la survivante, il se trouve que très tôt dans mon enfance, la guerre a été déclarée. Que nous n'avons pas les mêmes valeurs, pour parodier une autre publicité (tiens, à quand la Fête du Cochon ?). Nonobstant et eu égard à son âge avancé et à sa capacité à ruminer ce qu'elle entend comme des attaques personnelles, je décroche annuellement mon téléphone pour lui souhaiter, non sans ironie, un "Bonne fête des Grands-Mères".

Et tous les ans j'entends "Ca a beau être commercial, il ne faut pas louper une occasion de se dire qu'on s'aime". Oui sauf que la sincérité de ce que l'on dit semble avoir moins d'importance à ses yeux que de respecter un certain décorum.

Hier j'ai donc célébré, comme tous les ans. Avec une énorme boule dans la gorge. Parce que samedi, ça faisait deux ans que MA grand-mère, celle dont je me sens le plus descendante, est morte. Parce qu'aujourd'hui, c'était le jour de sa fête. Et que malgré tous ses énormes défauts (sans parler des miens) et caprices, je sais que j'aurais pris le téléphone avec joie pour moquer ces célébrations avec elle, pour rester des heures à faire "oui oui, hein hein, non non" en l'écoutant à peine, à me fâcher contre des propos indignes ou à rire avec elle de bizarreries langagières. Ou encore à tenter de la dissuader de mettre en oeuvre l'un des horribles tricots dont elle seule avait le secret pour Cro-Mignon(ne). (Même le gilet de Thérèse, à côté, c'est de la haute couture, limite...).

Il n'y a pas à dire, il y a quand même des dates qui tombent mieux que d'autres, dans la vie...