Alors bien sûr, me direz-vous, tout ceci on en a parlé et déjà parlé.

Mais je ne vous ai pas encore avoué le dernier épisode en date de ma relation passionnée avec le durian.

On avait emménagé depuis pas très longtemps, dans notre bel appartement qui fleurait encore bon la peinture fraîche. En vadrouille dans le 13ème, les narines de L'Amoureux ont commencé à palpiter dangereusement.

Il s'est alors retourné vers moi d'un air suppliant pour me demander s'il pouvait acheter un peu de durian... et comment lui refuser ce petit plaisir, alors qu'il venait de passer des journées entières à prendre soin de notre nouvelle maison ?

Ne se le faisant pas répéter, mon L'Amoureux s'est donc engouffré dans la boutique de fruits et légumes et en est ressorti avec une boîte hermétiquement fermée emballée dans trois ou quatre sacs en plastique (car oui, il s'est dégonflé pour le découpage et l'a acheté en morceaux).

C'était une infection.

Même enfermé dans le coffre de ma voiture, le fruit maudit venait me chatouiller les narines (pouark pouark).

Bref. Arrivés à la maison, il a accroché son délice à l'extérieur en utilisant la poignée de la fenêtre. C'était supportable.

En revanche, quand il s'est enfermé dans la cuisine pour manger d'un coup d'un seul tout son durian, je l'ai senti de l'autre bout de l'appartement.

Et c'est ainsi que L'Amoureux a vu surgir une harpie hors d'elle qui s'exclamait :

"Ca pue ! La maison est foutue !! Il faut qu'on déménage, c'est atroce !" (véridique. Et oui, j'ai un léger sens de l'exagération, surtout quand une odeur pareille empeste chez moi).

L'Amoureux mort de rire et à la fois un peu inquiet pour ma santé mentale a réussi, avec force brossage de dents, à réintégrer sa place dans le lit conjugal le soir même, mais ça s'est joué à rien.

L'histoire aurait pu s'arrêter là. Mais non. Le farceur, récupérateur, avait gardé la boîte qui avait contenu le durian. En la lavant seulement à la main.

Ce qui m'a valu pendant plusieurs jours, à chaque fois que j'approchais de la cuisine, de gromeler "oumpf ça pue ton fruit, beurk, pourri, caca, pas bon", avant d'identifier la source de mes désagréments. Et de faire un petit cours à mon L'Amoureux sur les vertus de la stérilisation par lavage au lave-vaisselle.

Vous qui avez ri et qui vous rangez du côté des amoureux du durian, vous ne craignez rien.

Mais attention ! Si vous aussi, vous trouvez que ça pue, et que malgré toute votre bravoure en surmontant cette odeur pour goûter, vous n'avez pas trouvé ça bon, vous allez vous retrouver en pleine ligne de mire de la Ligue de Défense du Durian, présidée par Nam-nam et L'Amoureux.

Tous aux abris !!!


*Sur l'air de "Smelly Cat", pour les fans de Friends, bien sûr...