Je suis souvent frappée par la force des sentiments amoureux des tout petits.

Je ne parle pas de l'amour qu'ils portent à leurs parents, bien sûr, mais aux très jeunes histoires de très jeunes enfants qui se choisissent et annoncent un beau matin qu'ils ont un(e) amoureux(se).

Il y a un très mignon petit couple à la maternelle d'en bas, pendant la récré, ils se tiennent par la main un peu à l'écart et je les devine papoter. Elle est brunette comme on ne peut l'être plus, il a de jolies lunettes (je crois vertes, mais de haut, c'est difficile à affirmer). Je ne sais pas depuis quand dure leur grand amour, mais ça fait plusieurs semaines que je les vois ensemble. J'espère que les vacances les épargneront et qu'ils vont se retrouver à la rentrée.

Ils ont quoi ? 4 ans, 5 au plus.

Souvent quand on demande à un enfant s'il a un ou une amoureux(se), il répond par l'affirmative. Même si l'intéressé(e) n'est pas, ou maladroitement, au courant !

C'est beau, je trouve, cette capacité à s'attacher vite et fort.

Et en même temps ça me rappelle un souvenir très difficile. J'étais en maternelle, je crois en grande section ce qui faisait de moi une très vieille de 5 ans. Et un jour je suis rentrée à la maison et pleine de confiance en ma maman, je lui ai annoncé fièrement que j'étais amoureuse de Benoît H. (et oui, je me souviens encore de son nom !), le fils de la directrice.

Double coup du sort. Ma mère a ri. Sans doute parce qu'elle était attendrie, mais je l'ai vécu comme la pire des moqueries. D'autant que Benoît H. ne partageait pas mon engouement, et que j'ai découvert à cette occasion que l'amour qu'on porte à quelqu'un peut ne pas être réciproque. Dur à avaler quand on a été nourrie de l'amour des siens pendant tout le début de sa vie. Et pire que tout, il n'a été que le premier d'une longue (looooongue) série d'amours à sens unique, qui se sont heurtés pendant des mois à des murs d'indifférence.

Pauvre maman, du coup je ne lui ai plus jamais parlé de mes histoires d'amour, ou alors très peu et beaucoup beaucoup plus tard. Et pauvre Benoît H., il ne sait pas ce qu'il a manqué en me brisant le coeur. Tant pis pour lui.