C'est amusant comme la vie se charge de boucler les boucles parfois, et aussi de remettre sur le tapis quelques sujets récurrents.

Ainsi en écho au si joli billet de Samantdi qui s'interroge sur l'art et la manière de mettre le grappin sur un homme, nous avons dîné samedi dernier avec une "vieille" copine, du temps de la fac.

Précisons, car cela a, même si je ne l'ai pas relevé samedi, toute son importance dans sa vision de certaines choses, qu'elle appartenait au cercle "universitaire", qui connaissait mal et regardait avec défiance le cercle "anglo-celte". La réciproque était vraie et j'étais toute marrie à l'époque que mes amis ne soient pas amis entre eux, mais ça n'a rien à voir.

Bref, pour revenir au sujet, V. ironisait samedi sur le fait que je me laissais "avoir" par amour, que j'acceptais qu'on me fasse du mal parce que j'aimais. Que je laissais les gens abuser de moi. En l'occurrence, et étant donné la personne en particulier dont on parlait, je comprends qu'elle l'ait cru mais je crois qu'elle avait tort pour la partie "se laisser abuser". Elle a certainement, en revanche, raison pour "se laisser faire du mal".

Elle, elle dit que jamais au grand jamais, elle ne se laisserait faire du mal. Qu'elle préférait s'en faire seule plutôt qu'on lui en fasse.

Il faut dire que V. est un peu du genre amazone. Elle fait irruption, jette son dévolu sur un joli minois, le harponne, l'embarque, l'épuise, le jette. Du moins à l'époque. J'ai cru comprendre à quelques allusions que ça l'est toujours un peu. Et il y en avait, des garçons prêts à se damner pour elle. Des garçons rendus fous par son indifférence, par sa brusquerie, par son apparente absence de sentiments. Des garçons sur qui elle aurait pu mettre le grappin facilement.

Aujourd'hui elle se plaint qu'il n'y ait plus d'hommes, qu'ils ont cessé de tenir les portes, de céder le passage. Aujourd'hui on sent à travers de ses phrases qu'elle trouve sa vie un peu vide, qu'il lui manque, celui sur lequel elle pourra se poser ou se reposer.

Elle a toujours ses faux airs de Mylène Farmer, elle est toujours un peu abrupte et je ne suis pas sûre que nous soyons tant que ça à savoir ce qu'il y a derrière cette froideur.

Alors oui, elle a raison. J'ai morflé. (J'avoue j'en ai bavé pas vous, mon amour...)

Mais malgré la douleur, l'échec cuisant, malgré les peurs, les questions, malgré le désamour, malgré mon incapacité à jouer ce jeu de la séduction qui prétend ignorer l'autre pour l'appâter, malgré le fait qu'elle ait eu tous ceux qu'elle semblait vouloir et pas moi...

Je suis contente d'avoir toujours laissé mon coeur battre à son rythme. Mes chutes m'ont construite. Et j'ai avancé depuis, même si parfois je doute d'avoir fait de réels progrès.

Alors je ne regrette rien de ces moments. Ils m'ont conduite à aujourd'hui. Et même si certains jugements peuvent trouver mes errances absurdes, tant pis pour eux, je préfère mal manier le filet à papillon que de m'empaler le coeur sur un harpon pas trop violent...

Surtout quand la harponneuse se plaint de rentrer bredouille le soir à la maison, au bout du compte.