DANS LA PEAU...
Par Chiboum le lundi 5 février 2007, 08:00 - All about Chiboum - Lien permanent
Vu la semaine dernière sur Canal le documentaire en deux parties, "Dans la peau d'un noir".
Ca glace le sang.
On se dit que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.
On a beau être soi-même victime de temps en temps d'un gros rejet parce qu'on est blanche là où il aurait fallu être asiatique (riche, jeune et belle de préférence).
On a beau savoir que tous les humains devraient naître libre et égaux en droits et qu'il y a des gens plus égaux que d'autres, que c'est dégueulasse.
Trouver un appart, du travail. Déjà galère pour moi petite aspro. Combat véritable pour beaucoup.
Quand j'ai vu cette petite vieille serrer son sac contre elle et s'arrêter quelques mètres plus loin pour vérifier son contenu, au cas où la petite noire qui lui proposais de l'aide bien poliment l'aurait détroussée au passage, j'ai eu envie de gerber.
Le pire, le pire, c'est que d'aucuns seront comme moi, comme les familles qui ont participé : atterrés. Se demanderont comment faire pour que l'intolérance recule.
Et que d'autres, malgré tout, continueront à penser que c'est bien normal, qu'on les traite moins bien. Parce que quand même, ils sont noirs, et nous blancs.
Ca me terrorise, cette peur de l'autre qui règne sur les relations humaines.
Ce rejet.
Cette ignorance crasse.
Pour tout dire, cette connerie...
Commentaires
J'ai pas vu ce documentaire... Mais je peux tout à fait en imaginer le contenu. La question que je me pose, surtout, c'est 'd'où ca vient'? et 'que peut on faire?
la première chose à faire, c'est de dire qu'on est pas d'accord avec ça, ne pas le banaliser, ne pas laisser penser à l'autre que son mode de pensée est normal et qu'on le partage forcément. Non. On ne le partage pas.
J'ai vécu ça par l'intermédiaire de l'ami de ma mère, l'homme qui m'a élevée de mes 5 à mes 16 ans. Il était noir (il l'est toujours, j'espère pour lui), ses enfants métis et nous des vrais cachets d'aspirine. Un jour nous venions de nous garer, encore assis dans la voiture, on voit une dame à l'age incertain se coller le nez à la vitre et nous regarder comme si nous étions des animaux dans une cage au zoo. Elle n'avait jamais du voir ça .... c'est triste, c'est tellement plus beau la vie en couleur ...
fredoche, d'où ça vient, je crains, de la peur de l'autre, de notre côté animal qui craint qu'on vienne lui piquer "son" bout de territoire et lui manger dans la gamelle. Pas très flatteur, comme sentiment, non ? Et que faire ? C'est une bonne question. Sans doute amener ceux pour qui ça parait "normal" à se poser les mêmes questions que toi, plutôt que de considérer leurs préjugés comme des axiomes de base...
Lo, ah ça, non, on ne le partage pas !
Raphaëlle, c'est étonnant comme, même animé des meilleurs intentions du monde, on se sent con et en colère quand ça nous arrive, hein ? Ca m'est arrivé aussi, quand j'étais la seule blanche dans une assemblée d'asiatiques, dont certains me regardaient de travers parce que ça ne se fait pas, de se mésallier avec une blanche.
Avec certaines personnes de ma belle-famille aussi, et on oublie d'oublier que ça existe...
Je me le suis fait enregistrer, et j'espère pouvoir regarder ce reportage rapidement.
Les quelques extraits aperçus nous ont atterrés. Je ne parviens pas à comprendre pourquoi la différence de "traitement" ne se cantonne pas à la perception visuelle. Pourquoi la couleur de peau peut engendrer un tel mépris ? C'est à pleurer. Les quelques minutes que j'ai pu apercevoir m'ont donné la nausée et j'ai bien peur que l'intégralité du reportage n'achève de me donner la gerbe. Je sens qu'au générique de fin, je vais être comme un dingue.
La vraie vie, des fois, c'est franchement moche.
La peur de tout est à combattre !
il est difficile de "rééduquer" les adultes, voire imposible pour beaucoup d'entre eux, alors le combat doit porter sur les enfants, afin qu'aucun ne deviennent racistes ou xénophobes, et ça passe par l'école, meme si je ne vois pas ce que l'école peut faire de plus que ce qu'elle fait déjà. En tout cas je vois ce qu'elle peut faire de moins, et ça se passe déjà à certains endroits, lorsque des écoles privées ou publiques ne contiennent que des petits blancs.
C'est malheureusement une réalité et ce racisme, tu le retrouves à tous les niveaux... c'est un fait car la différence a toujours fait peur même si c'est une connerie comme tu le dis.
sLeAbO, il y a des moments, j'avais littéralement envie de gerber. Bien sûr il y a des choses porteuses d'espoir, aussi, mais "pourquoi ?", hurlé sur tous les tons, c'est ce qui sonne à l'intérieur en le visionnant.
Madeleine, oui comme tu dis...
tirui, à corréler avec le reportage d'hier sur la carte scolaire et comment on la contourne à partir de la sixième, parce que la mixité sociale, c'est bien pour le primaire, mais après ça met nos enfants en danger.
Il y a des méga baffes qui se perdent, quand même.
L'amoureux, je me demande où c'est enfoui dans notre cerveau reptilien, cette peur qui nous rend cons.
Cette différence à affirmer, que l'on demande à chacun afin de ne pas avoir l'impression d'évoluer dans un troupeau.
Et puis cette différence que l'on demande à chacun de se faire discrète, si finalement elle ne peut pas se fondre dans le troupeau.
Et encore cette différence qui est supposée apporter toutes les richesses et les plus jolies couleurs. Pour en définitif s'entendre crier haut et fort qu'à part le blanc, et/ou un homme et une femme, et/ou être valide, et/ou en CDI, et/ou 2.3 enfants...
Tout ce qui pourrait être différent, n'est pas "homologable" et compatible à l'acceptation d'une vie heureuse et sereine.
D'une manière générale, je pense que si les plus "puristes" acceptaient leurs propres différences, ils envisageraient celles des autres sous un autre angle.
Gardons l'espoir que leurs enfants seront moins cons à force de fréquenter les notres
Je ne l'ai pas vu (n'ai pas Canal +), mais j'ai lu les articles concernant ce documentaire. Cela devait être passionnant, mais tellement triste et accablant. Il y a vraiment de quoi être terrorisée tu as raison.
Bon l'éducation, l'éducation hein ? On peut y mettre nos espoirs peut-être...
Oué je crois bien que la peur de l'autre est profondement ancrée en nous... Mais l'instruction et l'ouverture d'esprit devraient pouvoir dominer l'instinct...
Là c'est la couleur de peau qui stigmatise mais il y a quelques dizaines d'années c'était les Portugais, les Espagnols, les Italiens qui portaient le fardeau des a prioris et de la peur. Et encore avant c'était entre provinces qu'on se regardait de travers, le Breton ou l'Auvergnat ramenant ses sabots à la capitale n'était pas non plus accueilli comme un frère.
C'est dire si on est con depuis des lustres... J(
Sand, ah oui, ça, accepter nos complexités, ça aide à comprendre celles des autres. Malheureusement, il y a bien souvent des histoires de paille et de poutre...
Fauvette, oui l'éducation, mais avant tout celle qu'on donne. Alors il y a des chances que ceux des gens intolérants le soient à leur tour, juste parce que c'est comme ça qu'on les a éduqués... c'est triste, je trouve. Heureusement, ça ne les dispense pas de faire fonctionner leur propre jugeotte et c'est ce qui nous reste à souhaiter !
heidi, depuis qu'on a conscience d'un "autre" qui n'est pas familier, sans doute. Oui ça doit remonter à quelques lustres !
Je ne connais pas plus raciste que les habitants d’un village de la France profonde où je passe quelques jours de vacances (je suis d’un tempérament calme et pondéré, mais certaines réflexions m’ont donné des envies de coups de poing dans la gueule). Je n’ai jamais vu que des individus cachets d’aspirine dans ce village très replié sur lui-même. Alors, comment en sont-ils arrivés là ? La peur de l’inconnu ? Le JT de JP Pernaud ?
swahili, les deux mon général ?
Les gens ont peur des autres, de la différence. La couleur de peau est la plus visible des différences, il est donc plus "facile" de taper dessus. Mais si on regarde bien, à un degré moindre, tu trouves la même trouille de la différence dans les religions, les préférences sexuelles, et jusque dans des particularités minimes, des choix de vie tout bêtes, qui te valent des regards incrédules, des remarques ironiques, et souvent, de l'agressivité.
Le "gens" de base est con: si tu n'es pas exactement comme lui, ça le dérange, faudrait-il qu'il se remette en question? Ta différence est-elle pour lui une agression? Tout simplement le "gens" de base est con, et comme Tirui, je vote pour une ouverture d'esprit dans l'éducation: parents, enseignants, tout le monde, mobilisez vous pour apprendre aux petits que la différence crée la richesse :)
angel, ce que tu dis me fait penser aux rares fois où j'ai envie de coller des beignes aux gamins d'en bas.
J'explique : c'est une pub vivante pour benetton, le square en bas.
Mais parfois, comme tout le monde, ils s'engueulent au lieu de s'aimer en paix dans un monde en couleurs avec de jolis pulls.
Et là, les insultes, "ouais ça va te faire maigrir, gros batard", "espère de trou du cul, t'as vu ta face", j'en passe et des meilleures...
Et là tu te dis, si même eux ils ne comprennent rien au délit de faciès... humpf... (remarque, peut-être un effet trop plein ?)
Je "covoiture" régulièrement mes deux Nains et deux copines de classe de ma grande, le soir, retour de l'école.
L'une des deux copines est chinoise, née en France.
Ces jours-ci, les discussions le soir dans la voiture ont beaucoup tourné autour du fait que la copine chinoise souffre de se faire régulièrement traiter de par une bande de quelques autres gamins dirigée par... deux petits Noirs, qui sont les plus agressifs...
...et dont la mienne se plaint également, pour ce qu'ils la traitent régulièrement de dans la cour de récré.
Génial, non ? Ma gamine et ses copines ont 9 ans, sont en CM1... Les petits trublions racistes et grossiers en ont 10 ou 11, et sont en CM2...
Je me suis plaint de cette situation auprès du corps enseignant de l'école qui a affirmé "être conscient du problème" sur l'air de
. Belles théories pour justifier le fait de ne rien faire.Quand je disais à ma gamine de ne pas se laisser faire et d'aller se plaindre systématiquement aux maîtresses surveillant les récrés si elle se faisait ainsi insulter, ma gamine me répondait
La dernière "trouvaille" de la directrice de l'école, maintenant, c'est un "nouveau règlement" qui dit qu'à la récré, chaque classe sera "parquée" dans un coin de la cour, sans avoir le droit d'aller jouer avec les élèves des autres classes. En gros ce sont, comme souvent, les emmerdeurs qui ont gain de cause : Une toute petite minorité de nuisibles que le corps enseignant ne sait pas gérer, et on punit tout le monde parce que c'est plus simple que de s'attaquer frontalement au problème...
Les copines de classe-à-classe (comme ma puce et ses 2 copines) sont navrées, et envisagent de faire "une manif" pour protester contre ce règlement à la con. et je suis bien d'accord avec elles, bien que je leur dise de commencer par tenter le coup par la voie hiérarchique avant de faire "une manif" : Demander aux délégués de classe de protester auprès des maîtresses en leur demandant de protester auprès de la directrice... Je ne nourris pas énormément d'espoir dans le résultat de cette démarche, mais la révolte gronde, au CM1...
C'est marrant, Swâmi, comme cette histoire ressemble à une allégorie du monde qu'on s'est créé, où pour éviter d'avoir à régler des conflits partis de deux ou trois cons issus de partout, on se retrouve à se parquer chacun dans un coin. Ah ben oui, si on ne se voit pas, on ne peut pas se taper dessus, hein ? Sauf que.
Malheureusement, il manque beaucoup aux grands la volonté de manifester devant
ce règlement à la concette urbanisation débile. Entre autres.Ce qui m'intéresse dans l'histoire de Swami, c'est qu'elle aurait exactement la même force si on enlevait les repères de couleur. En quoi les mentions de "chinois", "blanc", "noirs" sont-elles pertinentes pour raconter une histoire de conneries de gamins et de réactions à côté de la plaque d'adultes. Et si ces mentions ne sont pas nécessaires à la compréhension de l'histoire, qu'est-ce qu'elles ajoutent ?
Je crois que, sur cette question, il faudrait commencer par observer notre façon de parler. Nous en tirerions d'utiles conclusions.
J'ai regardé les deux volets du documentaire de Canal+ et au début, accompagnée du Nôm qui a acquiécé à de nombreuses situations vues. Et puis qui s'est lassé et a été regarder autre chose sur l'autre télé. Je crois que des réactions racistes, il a assez de celles qu'il subit.
Le problème de ce documentaire, c'est qu'il est un peu (beaucoup) construit comme de la téléréalité. Les deux familles sont regroupées dans une grande maison, elles vivent entre elles. On ne montre qu'une partie des expériences, et surtout celles qui vont dans le sens de : « Tout va mal » pour les Noirs. c'est vrai qu'elles sont gratinées.
J'aurais aussi aimé qu'on montre les autres, celles ou ça se passe bien (il en est fait mention). Ça aurait montré aux connards qu'une autre attitude est possible.
Je trouve en tout cas que les deux familles sont d'une sincérité extraordinaire, que ce soit la famille blanche, qui reconnaît qu'elle n'imaginait pas le calvaire des Noirs, mais aussi la famille blanche qui, observant dans certains cas comme ça se passait pour la Blanche déguisée en Noir, se rendait compte que sa propre attitude pouvait parfois entraîner un comportement différent.
Et puis aussi, tous ces gros racistes de base, qui ne l'avoueront pas – c'est pas eux, c'est les autres – ça fait du bien de les voir stigmatisé. Parce que j'en avais un peu marre ces derniers temps des discours sur les racistes sans complexes, ou pire, libérés de leurs complexes…
Akynou (attention, ton anonyme est resté, on pourrait te taxer de troll raciste LOL - pardon j'en rigole toute seule), ils ont même montré une agence immobilière qui refuse de travailler avec le noir déguisé en blanc propriétaire qui dit ne pas vouloir louer à (je le cite) "des gens de couleur".
Oui ça fait du bien de stigmatiser. Et ça fait du bien aussi, comme tu dis, de constater qu'il est parfois question de notre comportement, aussi "bien" intentionné soit-on. Je mets le bien entre guillemet, parce que finalement, il faudrait qu'on ne soit pas intentionné, justement.
J'en parlais avec une collègue qui me disait (et les bras m'en sont tombés, avant que la virulence ne revienne), qu'on ne pouvait pas ne pas tenir compte de la couleur des gens, vu que c'est la première chose qu'on voit. Sic. Trois fois hélas, sic.
Lui ai demandé si elle souhaitait que je tienne compte de sa tête d'ahurie, vu que c'était la première chose que je voyais.
Elle a pas aimé, dis donc. J'espère qu'à défaut de devenir une amie, ça va la marquer un peu...
@Anonyme (Akynou ?) :
Je ne suis absolument pas d'accord avec cette analyse ! Il est de fait que la copine chinoise de ma fille se fait traiter de
et pas autre chose, ce qui est un comportement raciste, qui ne saurait être évacué d'un simple "conneries de gamins".Et il est de fait également qu'elle subit ce traitement de la part de petits Noirs, qui ont sûrement (surtout à Lyon) eu l'occasion de subir des manifestations de racisme de leur propre côté.
Du coup ça interroge sur l'aptitude - à tout âge - à passer du rôle de persécuté à celui de persécuteur, et sur l'absence de capacité spontanée à se mettre à la place d'autrui. On pourrait s'attendre à ce que des enfants qui ont certainement eu affaire au racisme à leur endroit se gardent bien de se montrer racistes eux-mêmes, et c'est le contraire qui se produit.
Il me semble donc qu'il est important de raconter les choses comme elles se produisent - simplement parce que c'est ainsi qu'elle se produisent, c'est un cas concret, pas un cas inventé - et qu'il s'agit bien d'une bande de gosses menés par deux petits Noirs, qui traitent une petite chinoise de "sale chinetoque".
N'y vois aucune généralisation d'aucune sorte de ma part, simplement la description d'un cas précis, qui peut servir de base à la réflexion.
Je crois qu'il est au contraire néfaste, pour des raisons idéologiques, de vouloir, quand on racontre une histoire vraie, l'expurger d'une partie de sa vérité, et de finir par dire : Des gosses traitent une gosse de ...sale gosse ! Nan, là, il manque un truc...
Comme disait la devise d'un célèbre journal du soir :"Les faits sont sacrés..."
@Anne :
Bien sûr, que quand on voit une personne, on voit d'un seul coup l'ensemble de ses caractéristiques physiques, dont la couleur et les traits correspondants à telle ethnie font partie.
Bien sûr qu'on ne peut pas "ne pas en tenir compte". Mais "en tenir compte", ça ne veut pas dire adopter une attitude discriminatoire ou raciste !
Un ami noir me racontait à une époque qu'il ne pouvait pas sentir les "faux antiracistes" (selon ses propres mots) qui, toujours selon ses mots "faisaient semblant de le voir blanc", et il disait que ces tartuffes lui donnaient l'impression "qu'être noir, ça devait être mal, puisqu'il ne fallait surtout pas remarquer qu'il était noir". Il me disait qu'il était noir, et voulait être vu comme ce qu'il était, c'est-à-dire noir, et que l'attitude qu'il souhaitait voir en face de lui était surtout pas "tu es comme blanc" ou "tu es incolore", mais bien au contraire "tu es noir de chez noir, c'est toi, avec toutes tes caractéristiques, comme on est grand ou petit ou gros ou maigre, mais on s'en fout parce que ce n'est pas sur la couleur de quelqu'un que s'établit un jugement de valeur".
Autrement dit, le véritable anti-racisme n'est pas de nier les couleurs ou de faire semblant de ne pas les voir, mais bien au contraire de les voir et de les accepter comme de même valeur.
Je ne sais pas, bien sûr, ce que ta collègue mettait dans sa remarque, le ton et le contexte en ont peut-être complété le sens, mais, privée de ton et de contexte, cette remarque n'est absolument pas absurde, ni raciste :
Désolé pour l'anonyme, il n'était pas volontaire. c'est le reste d'une vieille plaisanterie avec Anne.
Pour le reste, tu as ton analyse, j'ai la mienne. Des enfants qui persécutent d'autres enfants dans une cour de récréation, il y en a des millions, et ils n'ont pas besoin de race pour cela. Dans ta cour, cela tombe sur cette petite fille, dans une autre, ça tombera sur une autre et au lieu de se moquer de son côté chinetoque, on se moquera de ses lunettes, de ses pieds, de ses dents de traviole ou de son accent. Et les persécuteurs ne seront peut-être pas noirs, mais pourront l'être aussi, ou blancs, ou chinois, ou autres… Ça sera pareil. Pareil pour l'enfant qui souffrira.
Il ne faut pas prêter notre capacité d'analyse à des enfants de 9 et 10 ans. Par contre, ils ont un instinct fou pour taper là où ça fait mal et sur celui qui sera le plus faible. Et je parie que si cette gamine, en plus d'être chinoise, était bossue, on se foutrait beaucoup plus de sa bosse que de ses origines…
Par contre, l'attitude des maîtresse… Si les agresseurs n'étaient pas noirs, si elles ne se posaient pas le problème de la couleur, elle régleraient le problème en tant que problème de violence enfantine. Comme elles en règlent d'autres.
Voilà pourquoi cette histoire me semble intéressante et exemplaire…
Cela dit, ça n'empêche évidemment pas de dire à ces petits cons que leurs propos sont racistes et donc inadmissibles.
@Akynou :
Il est vrai qu'on s'est déjà parfois retrouvés sur le même fil de commentaires, mais encore jamais avec le même avis... Il faut croire que nous avons des sensibilités très différentes.
Je fais un noeud à ma tolérance pour me rappeler que les gens ont parfaitement le droit de ne pas être du même avis que moi (et heureusement, dans le cas contraire, il faudrait pendre a minima 97% de l'humanité. Quoique ça résoudrait peut-être le problème du réchauffement climatique...)
swâmi, concernant cette pure jeune fille, le ton général était de type "brève de comptoir" et assorti de quelques propos de type bien généraux sur le bruit et l'odeur... donc malheureusement pas de doute sur ses intentions.
Loin de moi l'idée de nier qu'on est ce qu'on est avec notre bagage culturel, d'histoire en général, d'histoire en particulier, ce qui fait ce qu'on est profondément. Mais là, c'était vraiment pas le propos, c'était évident.
Je pense qu'on fait tous, à un moment ou à un autre, partie d'une minorité : trop pauvre, trop riche, trop bon en classe, trop gros, pas assez sportif, pas de la bonne origine ethnique / culturelle, pas de la bonne confession, pas du bon pays, du bon sexe... et il en découle toujours, toujours une exclusion, plus ou moins marquée, plus ou moins assumée.
Le sentiment d'injustice qui en découle me fait, moi, éviter de juger les gens a priori sur ce que je vois évidemment d'eux (leur argent, leur couleur de peau, leur accent...). Mais d'autres se contentent apparemment de reproduire le mécanisme sur d'autres minorités, se vengeant ainsi des affronts subis précédemment en affirmant qu'eux aussi, ils sont "mieux".
En parlant de l'éducation, c'est hélas autant à l'école qu'à la maison que cela se joue... et il y a une sacré différence entre un gamin à qui on parle de son camarade de classe comme du « petit noir, là », ou qui entend son père commenter « sale black » en voyant un film, et celui qui n'a même pas conscience que celui-ci est différent...
Je n'ai pas vu le documentaire, mais je me doutais de ce que j'y aurais vu. Ta "petite vieille" m'en rappelle une autre... Gare de La Part-Dieu à Lyon un vendredi après-midi, je sors de la gare juste derrière une petite vieille qui marche difficilement, un jeune homme arabe la bouscule (enfin la frôle plutôt mais il est vrai qu'elle semblait fragile), et elle crie à propos des jeunes qui n'ont aucun respect. Alors le jeune homme se retourne et revient vers elle, immédiatement la mémé se recroqueville sur elle-même complètement affolée. Il lui dit très gentiment "je suis vraiment désolée, je ne vous avais pas vue. Vous voulez que je vous aide à porter votre valise ?" Mémé toujours terrifiée : "c'est pas grave non merci", d'une toute petite voix. Le jeune homme s'en va, elle marmonne des insultes racistes. Quelques mètres plus loin, au même arrêt de bus que moi, je l'entends expliquer à une autre petite vieille qu'elle s'est fait agressée par un Arabe qui voulait lui piquer sa valise. J'étais aussi choquée que furieuse. Mais c'est un simple fait divers... Je deviens tellement blasée que c'est les comportements non-racistes qui m'étonnent (et me ravissent bien sûr). A propos d'éducation, je pense qu'un enfant à la base ne fait aucune différence de couleur de peau ou de culture, il n'a pas le rejet qu'a un adulte. Longtemps après avoir quitté l'Afrique, j'ai réalisé en parlant d'anciens copains qu'ils n'avaient pas le même prénom que des occidentaux, que les Adjija ne couraient pas les rues par exemple. Je me souviens d'avoir constaté ça avec surprise parce qu'à l'époque rien chez eux ne me paraissait étrange, pas plus la couleur, que la religion ni même un prénom... Evidemment si les parents tiennent un discours intolérant, le gamin prendra vite le pli. Mais il n'y a pas que ça, l'ensemble de la société suffit à influencer une mentalité, les médias jouent aussi. Pourquoi se croient-il obligés de préciser que tel personne suspectée d'un crime est noire, ou arabe, ou Corse (blague à part, les Corses sont français mais un journaliste dira toujours "un Corse" alors qu'il ne dira jamais "un Parisien", moi je trouve ça bizarre), même quand la personne en question est française sur deux générations, il y a toujours cette distinction de faciès. Evidemment assez vite le téléspectateur moyen sans recul en déduit que tous les criminel sont des noirs, des arabes, bref des étrangers, français ou non. (Je suis désolée Anne : je te laisse toujours des commentaires interminables).
@Junko : C'est vrai que des comportements racistes, je n'en ai jamais vu autant, ni aussi « naturels » ni aussi « assumés », que depuis 7 ans que je suis à Lyon... Et j'ai vécu 20 ans à Marseille et plus de 10 en région parisienne...
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De même qu'ils précisent quasiment toujours la profession d'un individu, même quand elle n'a absolument rien à voir avec ce dont il est question, genre "Un cadre commercial a zigouillé sa femme et ses deux gosses puis s'est donné la mort". S'il avait été plombier-zingueur, les choses n'auraient peut-être pas été différentes, mais toutes les radios vont te seriner du "cadre commercial"... Le lendemain, ce sera le boulanger ivre qui aura écrasé une mémé...
Krazy Kitty, oui il est fort possible que le fait de "se venger", de se décharger des frustrations ressenties lors de nos propres expériences d'exclusion, de rejet, ne soient pas pour rien dans tout ça, aussi. Malheureusement.
Quant à l'éducation, je suis bien d'accord avec toi, et même, pour aller plus loin, l'école doit gérer parfois des intolérances déjà bien installées par les comportements familiaux, dont il est difficile d'expliquer aux enfants que ce n'est pas parce que papa et maman disent ça qu'ils ont raison (de le faire, de le penser).
Junko, la scène était vraiment de cet acabit. Et arrête de t'excuser pour tes commentaires, boudiou, puisque je te dis que c'est comme ça que je les aime !!
Ca me fout dans une rogne noire, ces gens qui en plus d'avoir des idées puantes réécrivent l'histoire en permanence. Vraiment, ça me colle envie de vomir.
Swâmi, tiens j'avais pas remarqué ? Je vais faire plus attention (mais j'ai une faculté de résistance à la novlangue télévisuelle qui me fait passer à côté de perles de culture...)
C'est triste, mais on serait tous aveugles qu'il n'y aurait pas le problème.
Bon, on trouverait toujours quelque chose d'autre, pour ne pas "sentir" quelqu'un, le trouver plus moche que soi, etc…
Ben oui fazou, y aurait untel qui pue, et l'autre qui a une sale voix... hélas on en sortirait pas si facilement, de la bêtise
Anne, Merci, juste merci.
De retour sur tes post après une période drôlement chargée... Une attention particulière portée à ce post dont le sujet me mobilise en permanance... Tout cela me fait vomir et m'inquiète... profondément.
et j'en ai assez des beaux discours sur l'évolution des mentalités... Oui, de plus en plus de mariages mixtes, de plus en plus de petits métis(ses), des mariages gays etc...bla, bla, bla...
Et OUI aussi, toujours plus de généralités, d'idées préconçues, de raccourcis idéologiques, et toujours plus de CONNARDS......
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Pardon, ma prose est compulsive aujourd'hui et mon propos peu construit (il était plus long à l'origine, mais plus vindicatif aussi, ce qui m'a poussé à juste extraire ici le fond de ma pensée).
Chose rare, j'ai lu avec une attention toute particulière l'ensemble des commentaires qui t'ont été déposés sur ce post... je crois que j'aurai pu apporter une alternative supplémentaire à l'orientation du débat mais je ne vais pas le relancer...
Alors merci, à nouveau merci pour ta pertinence et ta qualité d'écriture, merci de nous faire partager ca.
Ah ben y a pas de quoi, smilygirl. En même temps, si tu as des pistes, il n'y a aucune nécessité à clore le débat sous prétexte qu'il date d'il y a quelques jours... que je sache, le sujet reste hélas d'actualité.