(Billet inspiré par celui de Chondre)

Il y a un peu plus d'un an et demi, L'Amoureux et moi avons décidé d'habiter chez notre banque.

Cette dernière fort généreuse a mis à notre disposition un appartement spacieux (enfin il l'était dans mon souvenir, mais il y a une colonie invisible qui a mis des choses partout, dont un bébé dont l'encombrement est inversement proportionnel à sa taille) pour les vingt années à venir. Plus que 18 et demi.

Chaque mois on gagne un peu de terrain. On doit maintenant posséder en propre l'équivalent de deux fenêtres et au moins une porte, peut-être même les toilettes. Il faudrait que je calcule plus sérieusement.

Ca faisait un moment qu'on avait envie d'acheter, on l'a fait, et je dois dire que tout le monde nous a gentiment facilité le travail : l'agent(e) immobilier déjantée qui a trouvé l'appart de mon coup de coeur et l'a quasiment négocié à notre place, la courtière qui a su convaincre ma banque que nous étions ses futurs clients number one, le notaire qui a bien travaillé, tout ça.

Depuis nous voici, en plus d'être amoureux, indivisionnaires.

Et pour voir ce que sont les querelles d'héritages, j'avoue que ce qui me paraissait naturel m'inquiète un peu parfois.

De quoi sont capables les gens qui nous paraissent être des parents à peu près normaux, à peu près civilisés, quelles haines dissimulées pourraient ressortir, comme ça, et pourrir la vie du survivant, s'il arrivait quelque chose à l'un d'entre nous ?

Cro-Mignonne me rassure un peu. Elle est le lien entre nos deux familles et j'espère que tout serait fait dans son meilleur intérêt et au-delà de conflits passés, présents, futurs ou même hypothétiques.

Mais il faudrait que je m'intéresse, que je fouille, que prenne le temps de comprendre, d'anticiper, de mesurer les conséquences, de parler avec L'Amoureux pour qu'on envisage ensemble, de prévoir le pire.

Et à les retrouver tous les deux tous les soirs, j'avoue mettre plus d'empressement à profiter du présent qu'à prévoir un désagréable avenir...