AU PARFUM
Par Chiboum le vendredi 1 juin 2007, 08:00 - A lire, à écouter... - Lien permanent
Nous avons pour quelques semaines une petite stagiaire encore très occupée par la vie scolaire.
Il se trouve qu'elle doit plancher pour bientôt sur le roman de Patrick Süskind, Le Parfum.
Ca tombe bien, L'Amoureux avait envie de le lire l'an dernier, je le lui ai donc acheté et l'ai relu récemment, j'avais un peu oublié depuis le collège.
Alors on commence à discuter, ce qu'elle a ressenti, aimé, pas aimé. Bien sûr elle démarre en disant qu'elle avait la sensation d'être entourée d'odeurs, les impressions "sensorielles" qu'elle a ressenties.
Je lui demande d'aller plus loin, elle me répond "Bah... je ne sais pas".
Alors je lui raconte ce que ce roman m'évoque.
L'animalité sous-jascente : les gens qui peuplent ce roman qui sont téléguidés par leurs sens, l'odorat en particulier, alors même que ce sens, nous "oublions" presque de nous en servir dans nos vies d'adultes. Ils sont transcendés ou avilis par leurs sens, il n'ont plus de libre-arbitre, ils ont des réactions de meutes, très animales.
La suprématie de celui qui sent encore plus que les autres, qui développe la capacité à manipuler par l'instinct.
La perte de ce dernier, qui se place "au dessus de la meute" mais qui, justement, en perd toute humanité.
Le constat : vivre en manipulant la meute n'a finalement que peu d'intérêt, la jouissance retirée ne dépasse pas la douleur de ne pas être humain (au sens philosophique), mettons. Le choix de mourir comme une proie, se livrer en pâture mais en ayant choisi le moment, après avoir retourné ceux qui voulaient le lyncher.
Très très moral au fond, le vilain méchant pas beau très très fort mais qui se suicide sur un mode transitif. Un parallèle qui me vient à l'esprit, Hitler dans son bunker, un peu, en encore plus trash. Et tiens, Süskind est allemand, né très peu de temps après la Seconde Guerre Mondiale, un rapport ? Oh que oui, entre le "dictateur" aux odeurs, de certaines personnes qui perdent leur capacité à raisonner en individus pour peu qu'ils soient subjugués par un personnage, une idéologie, un confort intellectuel à ne pas aller chercher très loin la cause de leurs maux...
L'odorat comme prétexte à exercice de style, comme allégorie des travers de la vie en société aussi.
Elle me regarde et rigole.
A quoi je rigole et lui explique que j'ai fait des études de Lettres options tarot et belote, et que ça explique bien des choses.
J'ai bien aimé cette atmosphère de déjeuner. Ca m'a rappelé des souvenirs du temps déjà lointain des chères études.
Commentaires
Temps lointain ? Tu exagères ^^ C'est marrant, c'est un livre que j'ai trouvé assez mauvais, lourdingue et artificiel. Je trouve qu'il gache une bonne idée…
Gilles Aittes, tout est relatif, c'était en première, donc c'est presque à mi-vie de ce que j'ai parcouru à quelques mois près !!
C'est un peu le sentiment que j'ai eu aussi mais c'est peut-être une question de traduction. Et mon niveau d'allemand, comme tu sais, n'est pas de nature à s'attaquer au texte original !
Ah?
Moi je viens de le relire et je l'ai trouvé extrèmement magnifiquement écrit, avec des vrais mots dedans.
En même temps je venais de lire houellebecq juste avant, c'est peut-être pour ça.
drenka, ah ben de toute façon, tous les goûts sont permis ! Mais c'est vrai que le contraste aidant, en plus :-E
Je n'ai rencontré que des gens enthousiastes pour ce livre, et j'ai toujours été très gênée d'avouer qu'il m'était tombé des mains. Aurais-je un jour le courage de le reprendre et passer par dessus ma première impression ? :-(
Je me souviens de l'avoir lu et d'avoir apprécié. J'aime bien tout ce que tu nous en dit. J'ai bien peur d'être comme ta jeune stagiaire, avoir consommé le livre sans aller bien loin dans la réflexion. Pas ça hein !
"pas bien ça hein"
Valérie, on est pas obligé de TOUT lire, non plus, hein !
Fauvette, mais pourquoi donc ? Lire peut être juste un plaisir du texte, aussi !
Merci de la réponse à Valérie ;-) on voit que tu connais ton Pennac par coeur :-E
Bref moi "Le Parfum" ... je n'ai pas dépassé les 20 premières pages !
Tu as du suivre le meme trajet pedagogique que le mien: diplome en decorticage litteraire et linguistique. je n'ai pas lu ce livre et tu m'as donne envie.
Madeleine, oui oui, Pennac sur le bout des doigts ! Il est dans mes "essentiels" pour une bonne partie de sa production !
Nathalie K., nos parcours se ressemblent en effet. Et Le Parfum, de toute façon, c'est une "curiosité" littéraire, ça vaut la peine d'essayer (il existe en poche, en plus, la tentative n'est donc pas ruineuse !)
Très belle analyse ! Je te savais douer mais pas à ce point. A quand un blog de critiques sur les milliers de livres que tu as pu dévorés ? J'adore !! Quant au livre "le parfum", il est tout simplement merveileux car si prôche de la réalité... :-/
L'Amoureux, ah non, un blog à thématique unique, c'est pas pour demain ! J'aime bien faire un peu de ci et un peu de ça ! (k)
Tu m'as donné envie de lire ce livre...
Le Parfum lourdingue ? :-x
Mince alors, un pacte de lecture signé par la narine à rebours c'est quand même pas si fréquent non ? J'y trouve en effet quelques longueurs mais de là à dire que le roman est mauvais... Et pourquoi "artificiel" ? J( On pourrait avoir quelques éléments de justification pour mieux comprendre un avis si tranché ?
Toujours surprenant ces échos, LE PARFUM fait partie de ma FPAL (fameuse pile à lire), je ne l'ai jamais lu et, d'ailleurs, je vais me faire "la main" avec La CONTREBASSE du même auteur juste avant. Mais bon, j'ai un ou deux projets "lecture" qui vont s'intercaler avant. C'est pourquoi j'ai lu très rapidement le post du jour, et j'y reviendrai APRES pour comparer ;-)
Véro, tant mieux, une envie de lire, c'est toujours bon à prendre !
Heidi, je ne peux pas me prononcer pour Gilles Aitte, mais j'y ai effectivement trouvé des longueurs et puis que le prétexte était parfois trop poussé au détriment de l'histoire. Le récit du voyage avec le séjour dans la grotte vient comme un cheveu sur la soupe, notamment. Mais bon, c'est qu'un avis, par ailleurs je trouve l'exercice de style intéressant !
K, et bien bonne lecture !
Ah ah ah, le temps de ces chères études!!! J'ai fini mes examens ce soir et je n'ai (toujours) pas lu ce livre. Pourtant je l'ai eu plusieurs fois entre les mains et non, pesé sous-pesé et puis rien. Mais je sens que ça va venir la, j'aime bien qu'on me recommande des bouquins. Merci :p
J'ai pour ma part un mal considérable ces derniers temps à reprendre goût à la lecture.Je ne prends plus plaisir qu'à la création.
Raphaëlle, et bien tu nous diras ce que tu en as pensé !
Shaggoo, il ne faut pas forcer l'envie, je crois, alors bonne(s) création(s) !
Comme Heidi, j'aurais envie de défendre "Le Parfum" que j'ai beaucoup apprécié et que je trouve de très grande qualité. Ceci dit, ton billet offre un éclairage sur une interprétation qui m'avait échappée car j'ai lu ce roman au premier degré, privilégiant le plaisir qu'il m'apportait.
(Sinon, comme Shagoo, je rame pour trouver quelque chose qui me transporte, dans mes lectures actuelles... mais j'ai quelque chose de prometteur dans ma pal, je vais m'y lancer, tiens!)
Merciet bravo pour cette analyse, qui me donne envie de me replonger dans ce roman que j'ai lu il y a longtemps, longtemps, et donc je garde le souvenir d'un virtuose malaise odorant...
Que dire de précis pour expliquer mon point de vue ? J'ai lu ce livre il y a 15 ans peut-être et j'en garde surtout cette image de truc raté. Lourdingue car assez pompeux (peut-être est-ce du à la traduction, mais j'étais resté sur une langue qui voulait se démarquer de la langue moderne, mais qui faisait très pâle figure par rapport aux auteurs du XVIIIe vers lequel l'auteur lorgne, à 100 lieus d'un chef d'oeuvre comme le Quinconce qui arrive à faire vivre le XIXe en restant actuel) Anne, tu exprimes exactement ce que j'ai ressenti en disant que le prétexte est développé au détriment de l'histoire. On sent que l'auteur a créé son personnage, qu'il a décidé d'en faire un monstre littéraire et que le reste lui importe peu. Mais le monstre ne vit que dans une histoire or là ça peine. On retrouve le côté faussement érudit qui est souvent plus cliché sur une époque qu'autre chose. Pour en dire plus, il faudrait le relire, mais j'ai tellement de bons livres que je n'ai pas le temps de lire…
Je n'ai pas encore lu ce livre , je vais l'apporter à mada, livraison de ma fiche de lecture au retour ;-) A part ça, je lis l'amoureux et son "Je te savais douée mais pas à ce point". Je me demande bien à quoi ça sert que le coach se décarcasse ! :-x on reprend tout à mon retour :-E
> Anne : je m'adressais surtout à Gilles Aitte que je remercie d'avoir bien voulu développer un peu :)
Samantdi, défends, défends !! De la discussion naît... la discussion !
Traou,je partage ton impression, ce qui doit être d'ailleurs LA réussite du livre, d'avoir généré une ambiance.
Gilles Aittes, oui on est vraiment très d'accord :-)
Nath, tu sais ce que c'est, les hommes, faut répéter, répéter... j'essaie de t'appeler d'ici mercredi, je cours après le temps, là...
Heidi, t'en as eu deux pour le prix d'un, alors, des commentaires !
K, La contrebasse ne permettra pas à mon sens de se faire la main ; je l'ai trouvé écrit dans un style fort différent du Parfum. Pour tout dire, j'ai beaucoup aimé le premier, de même que Le pigeon, qui sont des livres d'une écriture plus légère, teintée d'humour, et détesté le deuxième. Je ne m'en souviens plus vraiment, mais il m'avait paru ennuyeux comme la pluie, dans un style ampoulé qui ne flattait pas le propos, et je n'ai pas réussi à le finir.
Krazy Kitty, au moins maintenant tu sais comment ça finit !!
On me l'avait déjà raconté, en fait... ;-).
Damned, inutile je reste ! LOL
Ah non mais j'aime bien ton analyse, hein. J'ai pas réussi à accrocher assez au bouquin pour ne serait-ce que commencer à imaginer tout ça.
Chez moi c'est une déformation post scolaire, Krazy Kitty !
Merci Krazy Kitty, à défaut de me faire la main, je vais me faire une idée :) je l'attaque très très bientôt, c'est le prochain !
Moi j'ai fait aussi des études supérieures tarot & belote, mais option techniques. Moins sympa parce qu'il y a moins de filles, mais du coup on s'arrange très bien de son acné...
Bon, OK, t'as gagné, j'le lirai, "le parfum", j'avais pas envie mais si tu en parles aussi bien, je peux faire un effort ! :-E