LAISSER ALLER, LAISSER FAIRE
Par Chiboum le jeudi 5 juillet 2007, 08:00 - All about Chiboum - Lien permanent
J'ai tellement été élevée avec le désir de bien faire pour ne pas décevoir que j'ai en communauté un tempérament très "bonne élève".
Je respecte les règles des autres avec joie et bonne humeur, ce qui me vaut quand j'en ai besoin quelques faveurs, sans non plus que ces dernières aient été un objectif à atteindre.
En même temps je me dis que j'aurais mieux fait un peu d'éclater les règles. J'ai peur de me lâcher, je crois.
En musique je ne sais que mal déchiffrer les notes, imaginer chanter à la tierce me tétanise (et si c'était faux ?).
J'ai dansé comme de nombreuses petites filles en comptant (dans ma tête) 1,2,3,4, et 5,6,7,8, mais je fais tapisserie ou je garde le sac de ma copines quand il y a des occasions où on danse en société. Parce que bon, le ridicule ne tue pas, mais il rend ridicule, et si je ne peux pas être bonne dans ce que je fais, je ne fais pas.
J'écris ces billets courts, les uns après les autres, mais s'il me vient l'idée d'une histoire plus longue, je bloque, parce que forcément, ça ne sera pas aussi bien que tous ces romans fabuleux dont je me suis nourrie. (Ironiquement, papa me dit à propos de l'écriture : "il faut peut-être se tromper beaucoup avant d'y arriver ?" alors que c'est de lui que je tiens ce désir de faire mieux que bien !).
Peut-être qu'il faut que j'apprenne à lâcher prise, à ne pas forcément faire très bien du premier coup ? Que j'apprenne aussi le plaisir de participer ?
En attendant je savoure dès que je peux les approbations diverses, les mots gentils, les bras qui s'ouvrent (que j'aime les bras amis et aimés qui s'ouvrent et se referment sur moi, indispensable à la vie, ça). L'autre jour j'ai reçu professionnellement ce compliment inattendu : un de mes clients m'a dit "tu es incomparable, c'est merveilleux de te connaître". Certes c'est un client chouchou, certes j'ai la chance d'avoir ce boulot qui tisse du lien humain et qui fait qu'on se dit des choses sympathiques, souvent (d'ailleurs, il faudra que je vous dise, depuis qu'il n'y a plus Face de Cul, à part le salaire, j'ai un job de rêve, c'est fantastique).
Bref ces mots inattendus dans ce contexte, je les ai savourés. J'ai remercié poliment, retourné le compliment sincèrement, et apprécié. Je crois que c'est un premier pas du lâcher prise. Avant je me serais défendue, j'aurais rétorqué que c'était bien le moins, tout ça. Mais ça c'était avant (avant quoi ?).
Premier pas, quand cessons-nous de faire des premiers pas ? Ceux de l'enfance, puis ceux vers des états de nous qui nous conviennent mieux, ceux vers les autres.
Et en même temps ils ont la saveur de victoires sans prix, ces premiers pas.
Commentaires
Eh bé j'espère bien qu'on arrête jamais d'en faire des premiers pas! J'en ai fait quelques un ces derniers temps, j'en parlais avec une coupine un peu plus agée que moi ... elle m'a répondu:"C'est bien tu deviens une grande fille" :D
C'est bon de se sentir aller petit à petit vers l'image qu'on a rêvée de nous même ;-)
Ils sont beaux, tes premiers pas. :-)
Raphaëlle, ah oui mais si tu me branches sur Pedro dès le matin, comment faire pour travailler avec ces battements de coeur ??!!
Merci Anna. Je ne sais pas s'ils sont beaux. J'essaie d'avancer, déjà !
Pour l'écriture, tu dis avoir peur de faire moins bien que plein de romans… Peut-être… mais tu ferais aussi beaucoup mieux que bien d'autres ! Tu n'as jamais lu de livres un peu moisis, en te disant que tu aurais fait mieux ? Allez, au boulot ! C'est bien gentil, de nous allécher, de nous faire des promesses d'histoires plus longues, mais faut s'y mettre, maintenant !
Fabrice, me dis pas que tu as déjà avalé toutes les archives ici présentes, avant de réclamer plus de blabla !!! (et merci de ces toniques encouragements !)
Ohlala, si tu savais (mais tu sais :-) ) comme j'en ai marre de faire les premiers pas. Marre de tout tenir à bout de bras. Je veux plus être celle là. Je sais pas comment tu fais pour laisser aller, moi je peux pas!
C'est pas moi j'ai rien fait :-E
Tututut… c'est pas du blabla, que je réclame, c'est ze roman !
Tu es sûre que tu veux que j'aille chercher dans les archives toutes les fois où tu l'évoques ? :-)
Brassens disait qu'il n'en finissait pas de débuter...
Alors que ça semblait déjà bien accompli ce qu'il produisait.
Qestion de perception seulement ?
(OO)
Hello, le syndrome du "bon élève" qui s'adapte exactement à ce qu'on lui demande et absorbe les règles sans savoir jamais s'en affranchir, je connais. Ça m'a rendue... bonne élève, mais une fois sortie de l'école, je n'existais plus...
Mais comment remédier à ça ? Et surtout comment éviter que ma pitchounette, qui prend le même chemin, ne soit pas comme ça à son tour ? Si tu as des idées, je prends !
Anne (une autre) Et vas-y pour la littérature !
On ne cesse pas d'en faire des premiers pas ! Moi qui te parle ... Donc tu vois tu as avec l'écart d'âge que nous avons T-T
frederique, j'essaie petit à petit de me faire violence... mais ça n'est pas un apprentissage facile. Mais tout contrôler non plus, ça n'est pas possible...
Raphaëlle, mouarf !
Fabrice, il y a un polar d'il y a quelques années ici, en attendant !
lalune, en grande partie sans doute, oui !
Merci de ton commentaire, Anne (joli prénom !). Et oui, sans doute la vie de nos enfants nous fait prendre conscience de ce qui ne nous convient pas et à tenter de l'améliorer, pour transmettre le moins possible.
Madeleine, j'espère bien qu'il y en aura d'autres, quoi qu'il en soit ! C'est aussi signe de bonne santé !
On finit ses premiers pas dans la tombe...
Toute notre existence est faite de petit pas de géants...
Un jour au lieu de ne pas faire de peur d'échouer, on fait en sachant que c'est cela qui va nous permettre de gagner un peu de confiance.
Je me dis souvent que c'est la peur qui me fait avancer, la peur de la peur plus exactement. :) Cette balance entre la peur d'échouer et la peur des regrets. Ne pas même avoir essayé et ne jamais savoir, rester avec ce "peut être que si" c'est pour moi plus terrible que ma peur d'échouer pourtant bien présente.
Mais il est vrai que j'ai vu mes parents regretter tant de choses, en souffrir et faire souffrir les autres de leurs regrets...
En réalité, le frein à la création est toujours le regard que l'on a sur soi même. Un acteur apprend a transférer ce regard sur celui du metteur en scène, il s'en remet à lui et ne porte donc plus la responsabilité de ce qu'il crée, ainsi, il se libère et devient bon. Je crois que c'est vrai pour toute création, plus que avoir confiance en soi, mission impossible de toute une vie ;-) c'est trouver l'outil de transfère de responsabilité. Ainsi par exemple, tu n'as pas à être satisfaite de ce que tu fais pourvu qu'ils se trouvent quelques personne pour en être content ;-) tu me suis ? Et des personnes, ils s'en trouvent toujours. Contrairement à une idée reçue, ne pas faire pour soi, mais pour les autres, même une poignées d'autres. Trouver son publique, même minimme et se laisser encourager, et croire en leur foi en nous plus qu'en nous. :)
Oui, je crois que tu as raison, Luciole... en tout cas tu m'ouvres des perspectives, merci ! (k)
Il faut trouver l'équilibre entre Dr Chiboum et Ms Pestakouet sans doute !
:))
Je suis sûr qu'on lira les 2 avec autant de plaisir de toute façon. N'inquiètes pas et laisse aller (ah oué, hein ? Facile à dire ça !).
LaVitaNuda, tu sais ce qui me vient en tête à te lire, là ? "Laisse aller, c'est une valse !". Oué je sais, on a les références qu'on peut LOL
Comment arrives-tu à écrire de telles choses ? Je suis horriblement jaloux de cette facilité d'écriture que tu as à pointer sur des choses qui peuvent paraître futiles mais qui sont tout à fait essentiel!
Tu sais quoi ? Le plus important dans la vie c'est de faire de son mieux dans la limite de ses capacités. Nous ne sommes pas des machines et à force de mettre la barre trop haut, on peut finir un jour par pêter un cable et je pense que ce n'est pas le but recherché. :)
Merci mon L'Amoureux ! Et ne pas oublier de se faire plaisir au passage, la vie est courte et passe si vite...
J'ai vraiment de la chance d'avoir une amie aussi présente et imparfaite, attentive et imparfaite, sensible et imparfaite, drôle et imparfaite, intelligente et imparfaite, tendre et imparfaite, vive ton lâcher prise... (k)
Un bien beau billet ma foi, le syndrome du bon élève je connais aussi...qui me renvoie à ce que j'appelle souvent "lâcher les chevaux" : je me suis soigné :)) et j'ai appris à faire peu à peu...Mais s'en libère-t-on à jamais ??
C'est un billet qui fait du bien. Oui du bien. ;-)
Nath, on va faire de l'autocoaching pour le lâcher prise et moi aussi j'ai de la chance d'avoir une amie comme toi (k)
K, merci boucoup ! Je ne sais pas si on se libère complètement, mais au moins essayer un peu, c'est signe qu'on est pas complètement obtus !
Merci ma chère Fauvette !
Essayer, Rater, Essayer encore, Rater encore mieux.
Beckett
Fleurbleue, juste pour un commentaire comme ça, je suis heureuse de ton retour. Et que dire de tout le reste, alors ! (k)
Est ce la peur de se faire remarquer (la pudeur) ou la peur de l'échec lui même qui freine tant nos élans ?
Puisque tu es si bien dans l'écrit court, pourquoi ne travailles-tu pas cette forme ? Laisse le roman de côté, écris des chroniques ! Il est bien d'autres formes que le roman propices à ta créativité et ton style. Tu as déjà un avantage, tu sais que tu as un style et un lectorat ;-)
(mais applique quand même les règles d'othographe hein ppppp )
Anne, juste merci (k) . C'est toujours un plaisir de te lire. Et ce post me ressemble tellement, j'aurais pu l'écrire... en beaucoup moins bien.
Mon prof de théâtre me dit souvent d'arrêter de me juger, que je suis la plus mal placée pour çà. Laisse ce privilège aux autres, ils le feront mieux que toi (et seront moins sévères aussi)
heidi, c'est pas que je ne les connaisse pas, c'est juste que comme je passe la journée à me relire pour la partie professionnelle, je m'en dispense un peu vite pour la partie personnelle ! Et puis je sais que tu veilles...
Merci pour tes encouragements en tout cas !
Fleurbleue, non tu l'aurais écrit en toi-même, et je suis sûre qu'il m'aurait beaucoup plu.
Peut-être qu'au-delà même de ce que dit ton prof, le jugement est parfaitement inutile. De notre part et de celui des autres. A creuser !
J'aurai du m'abstiendre de la dernière phrase, je l'avais mis juste pour pouvoir faire ppppp
Par contre je suis très sérieuse pour le reste ;-)
J'avais bien compris et pas mal pris du tout, Heidi. Merci encore ^^
Comme tu as raison! Comme il est difficile de sortir de ce rôle de bonne élève ou de fille sérieuse! Ou d'autres rôles. Ou même de savoir qui l'on est à travers toutes les images que les autres nous collent sur le dos.
Moi, mon problème, c'est que je veux toujours, ou trop souvent, être gentille, faire plaisir, avant même de réfléchir. J'essaie d'être courtoise, polie, parce que c'est plus commode dans les rapports humains (du coup je me demande souvent si je suis hypocrite); enfin ça marche, les gens me trouvent globalement sympas, et ils me proposent des trucs, activités, ou autres, et je me dis que si je dis non ils vont être tristes et je me casse la tête à accepter alors que je n'en ai pas envie.
Ce n'est pas exactement ce que tu décris, mais c'est toujours le problème du rapport à l'autre. Est-ce qu'au fond on a peur de décevoir et de se retrouver seule? Moi, il m'arrive que des gens me disent, comme à toi, "tu es quelqu'un de formidable" ou "tu es un être humain formidable", je ne dis pas tout le temps mais ça arrive. (En ce moment je pars de là où j'ai vécu 7 ans alors ça m'arrive). Je me dis avec horreur : "Mais à qui disent-ils cela? Ils disent cela à l'image de moi que je montre. Mais mon vrai moi?" Bon, je m'égare. Mais ton billet soulève de noimbreux points très intéressants. Merci de l'avoir écrit.
Je crois aussi que si l'écrit un peu long "t'intimide", tu pourrais commencer par des nouvelles, par ex. (Des récits comme ton roman policier, et là, tous les sujets sont permis!!) ^^
Mais je t'en prie, antagonisme ! Et merci à toi de ton commentaire.
Fazou, oui, c'est une piste !