Je ne me souviens pas exactement quand je l'ai sentie, la première fois, mais assez tôt.

Comme on m'avait dit "pas avant" je ne sais plus combien de semaines, j'avais mis cette sensation de petites bulles intérieures sur le compte d'une digestion difficile, sans vouloir trop y croire.

Et pourtant, à l'occasion d'une visite de contrôle, la docteur Follasse-aux-poils-sous-les-bras m'avaient demandé si je sentais quelque chose, je lui avais parlé des bulles, et que ça faisait un moment, elle m'avait dit que oui oui, c'était bien ça, et que certaines repèrent très tôt les petits mouvements. Que c'était chouette d'en profiter parce que quand elle prendrait plus de place, ça serait un tout petit peu moins rigolo. C'est bien la seule chose à peu près agréable que m'ait dite cette gynéco, alors je m'en souviens précieusement, voyez-vous.

Bon, tout ça c'était très bien, mais c'était juste pour moi. Et avec la couche adipeuse entre les petites bulles et le monde extérieur, c'était pas gagné pour que L'Amoureux en profite.

Mais un jour c'est venu, et lui aussi a senti les petits tap-tap-tap de l'intérieur. Jusqu'aux retournements complets façon mawashi retourné quelques mois plus tard.

Je sais que souvent, les hommes nous envient de pouvoir porter la vie là où ils ne font "que" la semer. Et que ces premiers dialogues tactiles avec leur enfant sont précieux, du coup, pour tenter d'imaginer, un peu au moins, comment c'est, la vie de l'intérieur.

Alors ces matins où L'Amoureux se levait avec le sourire, en me disant qu'il avait passé la nuit à sentir notre fille bouger dans mon ventre, ça me rendait heureuse pour lui.

Et moi j'ai des souvenirs très forts de ces moments où je sentais ma fille se tourner et se retourner à l'intérieur de moi, pas toujours confortablement pour la porteuse, mais comme un clin d'oeil entre elle et moi. Façon "hé maman, tu sais bien que j'aime pas quand tu dors sur ce côté".

Profitez fort et bien, Nady et sLeAbO :-)