AP-PRENDRE
Par Chiboum le lundi 12 novembre 2007, 08:00 - All about Chiboum - Lien permanent
C'est la lecture conjuguée d'un billet de Samantdi, d'un commentaire fûté de Janu qui relève ce qui me frôlait sans que je mette le doigt dessus et de "Chagrin d'Ecole", le dernier Pennac, qui allument une idée en moi.
J'ai cette sensation qu'il y a comme un échange de parcelles d'âmes avec ceux qui nous enseignent quelque chose d'important.
Pas forcément d'important au sens où les programmes scolaires voudraient nous le faire entendre, d'ailleurs. Quelque chose dont on se souviendra toute notre vie, quelque chose qui nous apprend sur nous, qui nous élève, dans une certaine mesure.
Ainsi on garde en soi le souvenir de tel professeur, de telle personne qui grâce à une révélation nous illumine, ou bien qui nous amène à un état de nous qu'on attendait pas, en même temps que l'objet même de cette découverte.
On les porte en nous toute notre existence, on en chérit (sublime ?) le souvenir, messager et contenu se confondent un peu.
Comme si en apprenant, on prenait un peu d'eux, une pépite qui nous serait le témoin de cette révélation.
De cette "révélation" je tire l'espoir que le petit "Djézon", si Samantdi n'a pu le prendre, prendra d'elle quelques pépites qui l'accompagneront sur le chemin, aussi longtemps qu'il en aura besoin.
Comme chacun de nous conserve le merveilleux souvenir d'apprentissages indispensables, inextricablement mêlé à l'instant, à la personne qui nous en a fait prendre conscience.
Corollaire, j'ai la sensation qu'on ne retient que ce qu'on nous a amené à découvrir, en tout cas beaucoup plus que ce qui nous est livré tout cuit et répété dans un but d'ancrage bachotteur, non ?
Commentaires
On le retient plus profond, en tout cas, quand ça vient de ces profs (qui ne le sont pas toujours de profession, d'ailleurs) inoubliables. :-)
Anna, oui, hein ? Contente de constater que cette sensation est partagée.
Je me souviens que mes parents me disaient " c'est pas pour tes profs que tu bosses, c'est pour toi" Réponses à mes raleries qui tentaient de justifier mes notes médiocres en accusant "la nullité" du prof. Réponse tout à la fois juste et insatisfaisante, parce que le pédagogue est celui qui transmet tout à la fois le savoir faire, le savoir apprendre, le savoir être. Peu d'entre eux ont ce talent à multiples facettes et il faut bien le reconnaître, les moyens ne leur en sont pas bcp donné. Cependant, quand j'ai trouvé dans l'un d'eux l'ensemble de ces facultés réunit, alors travailler est devenu facile, amusant et le souvenir de lui tout autant de ce qu'il a pu dire est resté gravé. J'ai notamment un souvenir ébloui d'une prof de math ( matière dans laquelle j'ai toujours eu tant de mal) qui avait la patience et la passion, avec elle je n'ai jamais eu en dessous de 14, elle trouvait les mots chaque fois pour que le brouillard se lève et qu'en l'année suivante une autre à pris sa place, le brouillard est revenu. Même chose avec un prof de sport qui a fait de moi une gymnaste, moi qui avait toujours si peur de me lancer ... Enfin, j'ai eu de la chance, j'en ai eu quelques un de bons dans mon parcours ;-) (k)
luciole, oui moi aussi j'ai eu quelques chances dans le parcours scolaire, et quelques autres hors, aussi. Et que c'est bon quand ça arrive !
(Du coup, je suis presque sûre que tu essaies tant que faire se peut de donner ces goûts multiples quand tu enseignes). (k)
Ah oui quel bonheur d'apprendre quand on tombe sur ces perles rares. Il me reste des cours totalement insignifiants appris avec eux (sur les ovules de souris par exemple, oui je sais) et si peu de cours intéressants appris avec d'autres!! Rhalalala. Je crois que c'est pour ça que je ne serai jamais prof. J'ai peur de pas être à la hauteur!
Raphaëlle, c'est pour ce genre de raisons aussi que je n'ai pas voulu l'être !
Je ne parle pas des petites classes dans lesquelles je m'ennuyais et où j'assurais le service minimum, mais à la fac, c'est la relation inverse qui m'a intéressé : les étudiants dont on se souvient. Tous n'apportent pas quelque chose, mais il y en a. Il y a ceux dont on se souvient parce qu'on sent un potentiel chez eux et qu'on a envie de le voir s'exprimer, ceux dont on se souvient parce qu'on sent qu'on a éveillé quelque chose chez eux (cette relation dont tu parles. On le sent parfois, je me souviens d'étudiants que je déstabilisais en remettant en question leurs certitudes), ceux dont on se souvient parce qu'ils étaient chiants, ceux qui étaient tellement nuls qu'ils laissent un souvenir indélébile (cet étudiant qui faisait passer l'équateur à Beaune et voulait calculer le taux de fertilité pour les hommes...), celles qui étaient très belles, ceux qui avaient des problèmes personnels énormes... Tous apportaient quelque chose quand on prenait le temps d'échanger.
Je viens de me relire, et alors là je suis très forte question "fôte" d'ortho LOL "Qu'en" au lieu de "quand" magnifique je dois dire, je m'impressionne moi même sur ce coup là LOL
Sinon, pour moi c'est pas pareil, le théâtre on ne peux pas vraiment dire qu'on l'enseigne, c'est plus un partage d'expérience et je n'ai que des volontaires ;-)
Il y a même des gens qui pensent qu'on apprend rien à l'école alors qu'en réalité, cela nous change profondément. Je le vois tous les jours en tant que professionnels de la formation ^^
Gilles Aitte, de toute façon cet échange de savoir n'a que peu de rapport (obligé, en tout cas) avec l'académique, c'est plus dans l'idée aussi des réflexions qu'on se fait en "rencontrant", de très loin parfois, quelqu'un et qui nous amènent à faire un pas (en avant, en arrière ou de côté) qu'on aurait pas forcément fait. Pas très facile à décrire.
Luciole, tu sais le pire ? C'est que je t'ai comprise quand même ! Et même avec les volontaires, il y a ceux avec et ceux avec qui un peu moins, non ?
L'Amoureux, il y a des gens sur qui l'école passe et ne change rien, si si je t'assure !
Un billet qui me parle bien :) Allez, quelques réflexions...Apprendre se fait aussi en dehors de l'école et c'est tant mieux. Les savoirs construits en coopérant sont plus solides,évidemment. La qualité relationnelle est déterminante. Enfin, Raphaëlle et Anne,pour les questions où vous évoquiez vos "renoncements", moi c'est tout le contraire, j'ai eu une- comment dire- étincelle, un truc qui a émergé, à un moment, qui m'a fait comprendre que je voulais faire ça !
C'est vrai j'ai toujours aimé apprendre, mais pas dans la douleur et la brimade !
Oui, moi aussi j'ai énormément fonctionné par coups de coeur (même si j'ai eu beau apprécier mon prof de maths, je n'ai pas compris les maths pour autant, ça a donc des limites! :-P ) Je pense sincèrement que si je n'avais pas eu ce rapport affectif à mes profs, je n'aurais pas été aussi loin dans mes études... Et dire que je suis toujours en contact avec ma prof de CP, je le souhaite à plein de monde, ça a un petit goût de nostalgie délicieux! ;-)
K, c'est ce qu'on appelle une vocation, et c'est bien quand on sait qu'on l'a, ou qu'on sait qu'on ne l'a pas et que, partant, on "renonce" !
Fauvette, tu m'étonnes, ce qu'on apprend comme ça, d'ailleurs, on le désapprend vite, en général. Ou on le déteste jusqu'à une éventuelle nouvelle rencontre...
Floh, huhu le coup du prof de maths ! Oui, c'est joli, ton histoire avec ton instit.