J'ai lu quelque part, sur un de ces blogs que je lis en le détestant avec délectation (on a les vices qu'on peut), quelque chose comme "si c'est difficile de dire ton amour, c'est que ça n'est peut-être pas la bonne personne". Sous-entendu, l'amour n'est fait que de bien, de bon, ne doit jamais faire mal.

Pourtant plus j'avance dans la vie, plus il me semble que cette vision est loin d'être réaliste. Soit l'amour (m')est essentiel, il nous grandit, nous fait avancer, nous renforce, nous illumine.

Mais aimer c'est aussi accepter l'autre dans sa réalité, loin d'un fantasme d'accord parfait.

C'est aussi se donner à connaître à certains plus qu'à d'autres, et partant, leur donner la possibilité de nous toucher plus durement, plus fortement.

Ce sont des renoncements, certains faciles, d'autres qui nous ébranlent beaucoup plus dans ce qu'on croit qu'on est, bien plus qu'on se supposerait capable de faire.

C'est du travail aussi, de maintenir le lien amoureux ou aimant.

Je marinais ce billet quand hier soir, j'ai vu dans un parterre professionnel qui n'avait que peu à voir avec l'amour (mais c'était bien quand même !) quelqu'un que je connais peu mais avec qui je suis assez complice à l'occasion de nos sporadiques rencontres. Il est papa adoptant d'un déjà grand garçon, pas encore ado mais en fin d'enfance. Ce petit gars a eu une enfance tellement brisée que les mots ne suffiraient pas à la décrire, et l'adoption s'est très mal passée. Continue, deux ans après, à mal se passer. Et je vois cet homme se battre, pour gagner peu à peu un peu de la confiance et de l'affection de l'enfant cassé. Avec des difficultés, avec des claques dans la gueule comme on ose même pas les imaginer. Et pourtant il continue, envers et contre tout. C'est aussi ça, l'amour.

Aimer envers et contre tout, tous, la raison, la facilité.

Alors oui, l'amour ça fait aussi mal, un mal qu'on redoute, qu'on essaie d'éviter, mais qu'il ne faut pas refuser de voir sous peine de souffrir encore plus.

Et plus je sais toutes ces bribes, plus l'amour que je donne me semble fort, aussi.