(Sur une idée de Fauvette))

Drôle de métier que je fais qui procède par à-coups. Deux jours très calmes et d'un coup, une pile de papiers s'abattent sur mon bureau, un tsunami de mails envahissent la messagerie, le téléphone n'en peux plus de sonner. C'est urgent ! C'est pour hier ! C'est prioritaire !

J'ai la chance de travailler vite, c'est donc rare que je ne puisse répondre à la demande. Pourtant parfois, il faut temporiser. Soit parce que "ça" N'EST PAS prioritaire, soit parce qu'il faut hiérarchiser au mieux, ou au moins mal. J'assume mon rôle d'arbitre des priorités. Je dois être très bonne actrice parce que quand je prends mon air austère et convaincu, en général, on approuve, et même on me fout la paix. Une heure ou deux, avant que de nouvelles priorités ne prennent le pas sur les précédentes.

Le soir venu. Aller chercher Cro-Mignonne, c'est la priorité. Passer du temps avec elle, surtout quand la route a été plus longue que prévue et la partie "jeux" réduite d'autant, c'est la priorité. Puis lui donner à manger. L'Amoureux prend le relais pour le bain, la toilette, ouf, je souffle quelques minutes avant d'aller procéder au rituel du coucher. Prioritaire sur toute autre chose au monde. Puis passer du temps tous les deux, c'est la priorité.

Dormir, c'est prioritaire plutôt que de regarder le bon film qui passe tard ou finir ce bouquin passionnant. Trop besoin de sommeil pour être abordable. Se lever aux premiers tintements du réveil. En théorie, me préparer c'est la priorité. Mais je remplis le sac de Cro-Mignonne, je vais lui faire le câlin du lever. Mais je l'assois à côté de moi pour qu'elle mange un morceau de ma tartine, mais je joue avec elle à "on se brosse les dents". Pas très prioritaires au regard de mes départs retardés du matin, mais essentiel pour moi, pour elle aussi, je crois.

C'est reparti pour un tour.

Le week-end, la priorité c'est de faire les courses, avoir un peu à manger. Et puis souvent, L'Amoureux considérant que le ménage est une priorité, je me lance dans le repassage pour faire bon poids. Tant de gens à voir, se reposer aussi, tant d'expos, de musées en instance de visite à cause d'autres priorités. Le temps de rien ou de trop peu, en général.

J'ai parfois l'impression que tout est prioritaire dans ma vie. Qu'on a supprimé l'essentiel du superflu parce que déjà, l'obligatoire et prioritaire prend une place énorme.

Quand j'ai perdu de vue mon "je" dans toutes ces priorités, je sais qu'il est temps d'une pause, d'une sortie en célib', d'une heure volée à la famille, au couple, au bureau. Rares heures où je ne suis plus que "moi" et que c'est là ma priorité. Prendre des forces pour me jeter de nouveau dans le grand tourbillon.