(Sur une idée de Madeleine)

Je sors d'une période d'anniversaires.

Les joyeux, Papa, Moukmouk, Luciole, Fauvette, bien vivants et chacun à leur façon de jolies fenêtres sur le monde.

Les tristes, ceux de départs définitifs. Irrémédiables.

Très honnêtement ça me gonfle qu'on essaie de me plonger dans la féérie de Noël alors que je me débats tous les ans entre rires et larmes, que je fait tout pour assurer, donner le change, tout en ne refusant aucune place aux pensées mélancoliques, difficiles. Il ne faut pas leur refuser le droit d'exister, sinon elles reviennent vous exploser en pleine poire à la moindre occasion.

Depuis la Toussaint, donc, on cherche à m'introduire dans le creux de l'oreille le son des clochettes alors que je m'en fous comme de ma première grenouillère orange.

Ensuite il faut que je m'occupe de l'arbre de noël professionnel. Ca devrait être archi chouette parce qu'on en profite pour faire des cadeaux et de beaux gâteaux pour des enfants d'un Centre Social proche, et que juste les voir rire et déballer leurs jouets, c'est un cadeau. Sauf qu'il y a les parents des autres enfants. Ceux qui sont pourris gâtés. Ceux qui veulent passer en premier et vont chercher le cadeau de leur progéniture pour le mettre sur le dessus de la pile. Ceux qui viennent vous voir en disant que le jouet ne leur plaît pas, trop salissant, trop de pièces, pas assez ceci, trop cela. Vous verriez ce qu'on leur offre, aux mômes, vous auriez comme moi envie de distribuer des tartes aux doigts.

Et puis l'aide de Notre Actionnaire Principal sous forme de l'équipe de nénettes hystéro-pathétiques qui viennent prêter main forte, franchement, on s'en passerait. Je SAIS qu'il va y avoir trois engueulades minimum l'après-midi.

Avant j'aimais emballer les cadeaux. Depuis trois ans que je me tape 150 paquets à faire avant même d'attaquer ceux de ma famille, beaucoup moins, bizarrement.

Là on sera arrivés à mi-décembre passé, je vais me rendre compte que Noël c'est tout de suite et que je suis à la bourre sur tout. Pas de sapin, pas de cadeaux, rien, nada que pouic.

Grand stress général, la course au truc qui fera plaisir sans grever le budget de la maisonnée plus que nécessaire, la gestion du réveillon multiculturel où il faudra soigner les goûts et les susceptibilités de chacun... (d'ailleurs c'est bien simple, l'an dernier j'ai été malade. Blanche comme un cachet, nausées, vertiges, je suis partie me coucher après l'entrée, je n'ai pas eu de Noël "à moi").

Et puis il y aura le moment où je poserai un œil sur Cro-Mi, où je l'aiderai à découvrir ses nouveaux jouets. Et puis je me rendrai compte que mes parents sont là, comme pour mes Noëls d'enfant. Et puis il y aura ces quelques jours de vacances qui passeront bien sûr trop vite.

C'est à ces moments-là, juste après la bûche avalée (d'ailleurs ça sera soufflés au chocolat, chez nous), tout le monde couché, que je vais me souvenir que j'aime Noël. Au moins un peu. En tout cas quand il perd son côté obligatoire pour redevenir une fête. Au sens propre.

PS : Misère. Mary Poppins a appris à Cro-Mignonne l'éternelle scie "Petit Papa Noël". Moi qui pensait être tranquille jusqu'à son entrée en maternelle...