J'ai été contactée, pour le plus grand plaisir de mon égo démesuré, par Gaëlle Renard pour participer à deux émissions sur la toute jeune Parenthèse Radio, qui s'adresse aux parents.

J'aime la radio, l'écouter, et quand je peux, y participer (ça me rappelle ma jeunesse et mes envies d'il y a longtemps), et comme la pétillante et sympathique Gaëlle a très bien su s'y prendre pour flatter mon côté mégalomane, ce fût chose faite. (En plus, elle est super jolie, Gaëlle, me dit L'Amoureux qui a bien raison !)

Nous avons donc parlé allaitement prolongé, et comme entre les discours bien tranchés et mon manque de temps, j'ai été un peu frustrée de choses pas dites, j'en profite ici (de l'avantage d'avoir un blog).

La première : les temps changent. Quand je suis née, en 1975 (un vieux machin qui date un peu), maman n'a pas eu de montée de lait. Elle voulait vraiment allaiter très fort, mais dans ce temps là, c'était pas très en vogue. Alors pour dire qu'on l'aidait un peu, à la maternité, on lui faisait boire de la bière - tiède - pour favoriser la montée de lait. Imaginez l'ambiance, jeune accouchée gavée de bière tiède... La pauvre.

Du coup, quand mon frère est né, elle n'a même pas essayé.

Sans doute cette volonté frustrée et le fait de ne pas avoir vu enfant l'image d'une maman allaitante ne sont pas pour rien dans ma non-décision d'il y a quelques mois. Je dis souvent que ma Maman est LA Maman, l'incarnation de la maternité, comme quoi, on peut vivre sans avoir été allaitée et avec une image maternelle forte et douce à la fois. Et sans doute le fait de ne pas "vouloir" être "plus" maman que ma maman serait un bon début d'explication.

Il y a tant d'autres choses qui sont entrées en jeu, que finalement, ça n'a pas tant d'importance. L'important c'est que Cro-Mignonne est l'enfant épanouie de parents heureux.

Du coup je glisse sur la deuxième chose qui me trottait dans la tête. Comment vit un enfant, de nos jours, élevé dans notre société avec ses codes et ses habitudes, qui a été allaité tardivement. Un enfant à qui on donne le sein alors qu'il parle (déjà ?) ? J'imagine la scène : "raboule ton nib', Mom, j'ai une petite soif !"

Un enfant qui passe sans transition du sein de sa mère à l'école maternelle ?

J'imagine qu'il y a là aussi autant d'histoires que d'enfants (et de parents). Mais quand même, si je devais faire un deuxième enfant et si je choisissais de l'allaiter, je crois que mon propre rapport à la psychanalyse ferait (sous réserve qu'on puisse prévoir ce genre de choses), je ne crois pas que je prolongerais l'allaitement si longtemps.

Peut-être que du strict point de vue de l'OMS, l'alimentation au lait maternel est la meilleure des choses possibles (à supposer que la mère ne boive pas, ne fume pas, mange sainement, etc, conditions pas forcément toujours réunies, surtout sur du long terme, y a qu'à voir les bonnes résolutions du nouvel an), mais du point de vue de la construction du rapport mère-enfant au delà des premiers mois de maternage, je suis loin d'être persuadée qu'on rend service à son enfant. Même si c'est comme ça qu'on faisait dans le temps (ah le bon vieux temps...). Il me semble que donner de l'autonomie aux enfants, petit à petit, fait partie essentielle et intégrante du processus d'éducation. Et que l'allaitement très prolongé ne va pas dans ce sens là (après tout - private joke - chez les animaux, c'est l'une des premières choses qu'on apprend à son enfant : trouver de quoi se nourrir seul).

(Chais pas pourquoi, j'ai comme la sensation que les commentaires vont être... musclés... Mettons en guise de précaution que ces propos ne sont que le reflet de mes impressions et qu'ils n'engagent que moi, hein...)