Je suis rarement inquiète devant les lecteurs anonymes et assidus. L'Amoureux s'en défie plus, lui, mais moi... je fais comme si ce lieu était un antique boudoir où l'on papote, ou bien un café avec des coussins partout où on referait le monde ensemble. Ceux qui ne participent pas sont à côté, pas loin. Sans doute savent-ils trop de mon intime, mais comment cela pourrait-il m'atteindre vraiment ?

Mes parents lisent parfois, mon frère aussi, et me lâchent dans la vraie vie un commentaire qui me touche, comme s'ils regrettaient d'avoir violé une intimité publique. Pourtant ce qu'ils me disent est tellement doux et précieux à l'occasion de ces échanges presque transitifs qu'au contraire, je suis heureuse qu'ils entrouvrent cette porte. (Merci maman de ton si doux mot, d'ailleurs).

Il y a d'autres "on", qui lisent ici sans dire, ou sans dire souvent. J'oublie, je n'y pense pas vraiment, il y a suffisamment à ne pas dire en ces lieux pour ne pas m'y compliquer plus la vie plus que nécessaire.

Puis au détour d'une remarque, d'un mot, je me rend compte que l'œil sur mes écrits existe et qu'il doit parfois mettre à mon passif les mots jetés ici.

Je m'en suis inquiétée, un peu, ces derniers jours. Et puis mue par une sorte de fatalisme (de toute façon, c'est bien connu, c'est TOUJOURS ma faute), un peu par instinct de survie (après tout, c'est récent, mais les femmes en France on presque droit à leur pensée autonome, si si, j'vous jure), un peu par découragement (quoi que je fasse ça ne sera jamais assez pour certains "on"), pfff.

Je ne cherche pas à blesser, à heurter, à demander justice ou des comptes ou quoi que ce soit d'autres. Je retiens contre nature bien des agacements, bien des choses qui m'ont fait mal hors du commun et sur lesquelles j'ai passé l'éponge. Ou j'ai choisi de ne pas y penser. Parce que quelque chose de plus important guidait ce choix.

Alors basta, si des "on" veulent épier ce lieu et s'en servir pour marquer mes contre points (huhu), et bien qu'ils se servent. J'ai ma conscience pour moi.