Il y a deux ans, j'étais à l'hôpital depuis déjà 4 bonnes heures et il ne se passait pas grand chose de notable si ce n'est qu'à chaque fois que je me levais, je m'inondais les pieds.

Je ne savais pas encore qu'il me faudrait 26 heures de plus pour être, selon le terme médicalement correct, délivrée. Et à ce moment là, on se sent VRAIMENT délivrée, si vous voyez ce que je veux dire.

Comme je ne suis pas rancunière et que je suis en vacances, j'ai décidé d'offrir à notre fille, pour son deuxième anniversaire, un magnifique gatal fait de mes blanches mains, et vu que c'est de la haute-voltige, je partage avec vous.

Etape 1 : choisir un gâteau. Comme elle préfère les pâtes, le riz, bref, le salé, ou alors juste un carré de chocolat de Nathalie (je cite, car oui, Nathalie corrompt vos enfants - et vous - au chocolat malgache), c'est pas gagné. Donc je décide de faire un gâteau qui me fait plaisir. Un cheese-cake.

Trouver la recette. (Chauffage de four 180° - Piler 200 grammes de speculos en poudre, mélanger avec 80 g de beurre fondu, tasser au fond d'un plat, faire cuire 10 minutes. Mélanger environ 1kg de fromage type St Maur-hey, deux oeufs, 150 g de sucre et une bonne grosse cuiller ça com d'arôme de vanille, bien mixer pour que ça soye lisse. Remplir le moule, cuire une demi heure en gros, faire refroidir et mettre au froid très longtemps sans goûter - Pas de quoi, ça me fait plaisir de vous dépanner).

Ca donne ça :

On note que c'est pas gagné pour moi pour le démoulage, en même temps, c'est mon premier.

Etape 2 : déterminer qui est le héros de votre enfant. Chez nous, fastoche, c'est Oggy.

Etape 3  : Trouver une image convaincante du héros de votre enfant. En ce qui me concerne, ça a pris deux jours (pas à temps plein, hein), et encore, je comptais sur mes talents de dessinatrice d'Oggy professionnelle pour compenser la mauvaise définition de l'image.

Etape 4 : Imprimer la dite image A L'ENVERS, parce que bientôt, l'envers sera l'endroit. La placer dans une pochette plastique de laquelle vous aurez préalablement retiré votre déclaration de revenus.

Etape 5 : Fumer une clope pendant que de l'eau bout.

Etape 6 : Faire fondre du chocolat noir au bain marie (trempe ton pain, Marie, trempe ton pain Marie... OK je sors) et vous munir d'un CURE-DENTS pour faire les contours.

J'ai bien dit un cure-dents. Propre. Mais là, vous commencez à vous douter que ça ne va pas être si facile que ça en a l'air.

Pas la peine de faire trois tonnes de chocolat, sauf si votre héros, c'est batman et qu'il faut du foncé presque partout. Au moins, ça pardonne les erreurs de traçage, notez. Ou que vous voulez en profiter pour vous gaver. Sur l'image, il y en a déjà trop. Du coup j'ai été obligée, contrainte, que dis-je, de lécher le plat.

Ci-dessus, l'arme du crime.

Sur les sites de Perfect Mums, elles vous expliquent qu'il faut les faire bien épais, les contours. Ok, déjà faut-il comprendre comment tracer habilement avec votre cure-dent goulinant (je sais, ça n'existe pas, mais c'est exactement ça que ça fait), avant de faire épais. Au début, vous ferez comme vous pourrez.

Voilà où j'en suis au moment où j'ai mis les contours à refroidir. Mon avant-bras est mort de traçage de traits à haute précision avec un cure-dent, et j'ai le dos cassé en deux à force de me pencher tout près pour ne pas trop rater.

Etape 7 : pause clope / blogs / mails.

Le plus dur n'est pas forcément derrière moi. Mais pour le moment, j'ai ça :

A ce stade, j'ai déjà deux problèmes.

Petit un : le décor est pile de la taille du gâteau, voir 1 mm de rab (oui je sais, j'aurais dû dessiner le contour avant, mais j'ai des mèches blondes toutes fraîches). Donc, si problème au démoulage, problème au retournage de décor.

Petit deux : le sirop de violette que j'ai acheté pour faire le bleu d'Oggy ne sera pas assez bleu, voire, va virer au vert mélangé au chocolat blanc qui sert à faire le glaçage. Rien à péter, elle aura un Oggy vert, je n'ai pas 50 jours de vacances pour courir dans les magasins de pâtisserie spécialisés, hein.

Etape 8 : fondage de chocolat blanc pour faire le fond et les trucs en blanc (ben tiens). Problème : ça ne fait pas lisse du tout mais une espèce de pâte sablée de chocolat blanc. J'attaque néanmoins l'étalage avec mes doigts (oué, hein, ça va deux minutes, les cure-dents) et je sens confusément que ça fondouille en dessous, au risque de troubler la délicieuse calligraphie et les puissants contours de l'oeuvre.

Ahem. Remise au frigo pour durcissage, pas de photo, la batterie m'a lâchée. J'essaie d'y penser juste avant l'étape 9 (la même, mais avec des colorants pour rendre le truc encore plus drôle). En fait, pour le moment, j'essaie de ne SURTOUT pas penser à l'étape 9. Misère. Et si ça ne durcit pas ? Je fais quoi ? Je fais comme si c'était fait exprès, dans le genre pâte d'amande au chocolat blanc ? Et si tout a fondu en dessous, qu'on ne reconnaît pas Oggy ? J'ai la honte sur moi pour toute la vie, non ? La maternité n'est pas qu'un chemin parsemé de pétales de roses, c'est moi qui vous le dis...

Etape 9 : Je n'ai pas résisté, j'ai sorti le dessin pour vérifier les dégâts. Pas pire, ça a un peu fondu, mais je devrais pouvoir retoucher au cure-dent (ahah ! Experte en cure-dents !). C'est parti pour le bleu foncé et le bleu clair. Surprise, le sirop de violette ne tourne pas au vert mais au caca-beurk.

Etape 10 : le rouge du nez. Malgré une tonne de sirop de grenadine, il est pas franc du collier, mon rouge. Note pour plus tard, la prochaine fois, acheter des colorants en poudre. Ou s'abstenir.

Là comme ça, ça a l'air moche, mais de l'autre côté du plastique, c'est tout lisse et joli (enfin... relativement). Et c'est évidemment l'autre côté qui se verra sur le gâteau, hein !

Y a puka laisser refroidir jusqu'à ce que mort s'ensuive. Et retourner. Et décoller. Et là, croyez-moi, on ne va pas rigoler. D'autant que j'ai aperçu des craquèlements dans le blanc foiré de l'étape je ne sais plus combien. Souhaitez-moi bonne chance.

21 mai 2008 - matin :

Etape 11 : fatalement ça a foiré. C'est de ma faute, j'ai utilisé des sirops pour colorer Oggy, et ils ont empêché le chocolat de prendre. Et certains contours ne sont pas assez épais, ils ne se sont pas décollés. Bon, je vais me défouler un peu sur la wii fit et m'armer de mon cure-dents préféré (en fait, j'en change à chaque fois, faut pas croire) pour essayer au moins de redessiner les contours pour qu'on reconnaisse Oggy. Déçue je suis....

Mais bon, c'est son anniv, et elle n'a pas mon sens du détail pour ce genre de choses, pas encore ! Allez c'est parti pour se donner du courage : toutouyoutou, toutouyoutou...

Etape 12 : rafistolage. Grâce à un entraînement intensif de dessin d'Oggy j'ai pu lui re dessiner le bras, la figure et le centre du ventre avec le nombril.

Bon, clairement, je suis déçue par rapport à mes espoirs de démarrage. Mais je sais où et pourquoi ça a loupé :

  • Il faut impérativement utiliser des colorants en poudre (ça existe en bio ?) qui permettent de garder une consistance "chocolat qu'est capable de se durcir en refroidissant)
  • Il faut impérativement calmer ses ardeurs et attendre que le chocolat fondu ait légèrement refroidi pour ne pas faire fondre la première couche.

Voilà. Bon, je pense qu'elle devrait le reconnaître tout de même (sur l'air du "tant de temps pour arriver à.... CA !").

Pour vous faire rire, j'ai tâté le terrain hier et lui ai demandé si ça se mangeait, un gâteau avec Oggy dessus.

Elle m'a répondu...

Noooooon (bien sûr que non, maman, t'en as de ces questions - staïle).

Bon anniversaire quand même, ma chérie doudou princesse.

PS : Pu***, dans tout ça je viens de me rendre compte que je n'ai qu'une seule bougie ! Damned.

Etape 13 : présenter à une jeune fille ravie de voir son Oggy mais qui, sans surprise, ne veut pas manger de gâteau et préfère les pâtes pour son anniversaire. Sentir se pointer un gros Maman Blues en voyant que L'Amoureux fait une tête pas possible pour avaler sa part, rapport au fait qu'il n'aime pas les cheese-cakes. Se dire "à quoi bon, au fait ?". Mais elle était contente de souffler, trois fois de suite, ses bougies et de voir son pote chat sur le gâteau, quand même...