Je n'arrive pas à me souvenir si je vous ai parlé de cette histoire ? Sans doute l'ai-je au moins évoquée, j'ai la flemme de chercher, alors tant pis, au pire, je serais gâteuse (prématurément).

J'étais jeune ado quand nous avons visité la Fondation Maeght, sans doute 12 ou 13 ans, avec mes parents. On a visité, donc, trouvé des choses très belles, d'autres très... ahem... enfin comme à peu près tout le monde.

Papa et moi sommes tombés en extase devant une oeuvre de 4 mètres sur 4 intitulée "Rouge-Jaune-Bleu" qui, s'il n'était pas de Mondrian, était de l'un de ses frères. Impossible de mettre la main sur une illustration, je vais donc vous la bricoler à la main (zinquiétez, j'ai l'habitude !).

Ca donnait ça :

(En fait c'était de Kelly et Pablo m'a trouvé l'illustration, je remplace, donc. A voir ici dans son contexte).

"Chiche qu'on fait le même !", me dit mon père.

Chiche que, donc.

Nous avons passé la fin des vacances à élaborer le Plan, puis le week-end suivant notre retour, nous sommes passés à l'action. Je devais à mes cours d'EMT de bien magner la boîte à onglets, il nous fallut donc peu de temps pour assembler la structure à base de tasseaux.

Un peu plus pour convaincre maman de nous céder un drap et le peindre, morceau par morceau.

Et nous avons finalement accroché, radieux, notre oeuvre fini au dessus du canapé. Maman était consternée, mais au moins, cette oeuvre faite maison a engendré d'innombrables conversations au cours des années qui ont suivi. Car oui, il est resté là, bien en vue dans le salon, pendant des années. Il s'appelait "Pique-Nique au bord de la Meuse en 1820". Ne me demandez pas pourquoi, il me semble que c'est assez évident.

Quand mes parents ont refait le salon, il se trouve que par accident, Maman a oublié le tableau sous la pluie, et a oublié de débrancher une scie sauteuse au moment où elle entrait en contact avec le bois du cadre. Autant dire que nous l'avons pris comme un affront personnel, Papa et moi.

Donc, le temps de me remettre, j'ai acheté de la peinture, du carton plume, et quelques autres accessoires, pour réaliser 6 versions miniatures du "Pique-Nique", respectivement appelées "Pique-Nique au bord de la Meuse en ..." 1821, 1822, 1823, 1824, 1825, 1826.

Il y en avait un pour les parents, et cinq pour des amis à eux plutôt partagés avec nous, pour la plupart peintres ou grand amateurs d'art. Qui avaient été particulièrement bavards devant la version originale, dirons-nous.

J'avais décidé de faire original : chacun des tableaux a été livré en kit accompagné d'une notice rédigée dans le plus pur style suédois (rigolez pas, j'ai mis des heures à l'écrire, c'est très difficile d'écrire quelque chose qui ne veut rien dire mais qui a l'air de. A l'époque, il n'y avait pas encore les traducteurs automatiques qui permettaient de faire ceci allègrement de quelques clics : français-moldave, moldave-indonésien, indonésien-portugais, portugais-néerlandais, néerlandais-anglais, anglais-français.).

Et le pire de tout ça, c'est qu'il y en a encore quelques-uns en circulation...

(La pro du happening artistico conceptuel, c'est moi, en vrai !).