Cro-Mignonne a vraiment profité de "son" Noël, cette année. Elle a peur du Père Noël, alors à chaque coup de sonnette le 24 elle s'enfuyait terrorisée à l'avance que ça soit "lui" ! Mais pour les cadeaux, pas de problème, elle ne se cache pas.

La pauvre a commencé ses vacances par un vaccin, qui, pour une fois qui n'est pas coutume, l'a rendue malade comme un chien le lendemain. Après la nuit aux 4 lessives du 23 au 24, elle a passé la matinée enfouie sous notre couette, semi prostrée, devant la télé, pendant que je cuisinais le bourguignon du soir (le boeuf, pas mon père).

J'allais la voir de temps en temps, en lui demandant ce que je pouvais faire pour elle. "Rien". "Est-ce que tu as envie de quelque chose ?" "J'ai envie qu'on me laisse tranquille".

Pour qui connaît notre heureuse petite fille, la voir dans cet état m'a planté de multiples pieux dans le coeur.

Enfin jusqu'à 11 heures où elle a bondi sur ses deux pieds, avec son plus beau sourire, et est venue "m'aider" dans la cuisine. Heureusement, chez elle, ça ne dure pas.

Avant ce regain d'énergie, à un moment où je venais prendre de ses nouvelles, je vois de grosses larmes sur ses joues. Je lui ai demandé pourquoi elle pleurait, et elle me répond "c'est parce que les enfants ont disparu". (C'était effectivement le cas dans son dessin animé, et je maudis Piwi de passer de si tristes histoires qui heureusement finissent bien).

J'avais bien constaté que depuis quelques jours, elle maniait le "nous", c'était la première fois qu'elle exprimait de la tristesse vis-à-vis de quelque chose qui lui était extérieur.

Notre fille grandit. Sa perception du monde, ses réflexions, son entrain, ses goûts et dégoûts, ses opinions bien arrêtées sur les choses et les gens nous propulsent de plus en plus loin sur le chemin des enfants déjà un peu grandis, même si elle est encore notre bébé.

Dans quelques mois la maternelle. Et pour la première fois depuis qu'elle est née, je voudrais arrêter le temps. Pour lui permettre de profiter encore un peu de sa bulle protectrice.

Ca n'est pas comme ça que ça fonctionne, je le sais très bien. Mais j'ai le coeur serré à l'idée de la voir s'élancer sur le chemin de l'école, bientôt. Déjà. Savoir qu'elle y trouvera des joies me réjouit, qu'elle s'y fera des peines me crucifie.

La vie, quoi.