Je n'en peux plus de ce bureau sans fenêtres.

Les jours ne rallongent pas assez pour que j'en profite lors des trajets, de toute façon il fait un temps de merde deux jours sur trois. Alors je vois des ampoules, des néons, du gris. Et toujours : jamais de lampadaires allumés sur le bord de l'autoroute.

Suis en manque de soleil, de lumière, de jeux d'ombres sur frémissements d'eau.

Je rêve de voir la mer de ma fenêtre. Et d'y regarder toutes les lumières du jour.

Tente de me distraire en bossant (c'est tout un concept). Il faut que je relise un papier de Boss. Il écrit, on dirait du Marc Lévy adapté pour TF1. C'est grammaticalement correct mais ça me fait hurler tellement ça dégouline de lyrisme à deux centimes (de franc, même pas d'euros). C'est tarte et ça se prend au sérieux.

Idéalement il faudrait que je le réduise de 2/3. Concrètement sa susceptibilité ne tolérera que deux phrases en moins au mieux. Vous savez quoi ? C'est le Boss du canard dans lequel ça va aussi. Du coup il aura gain de cause et je m'assied sur mes principes. J'en parle au présent, c'est clair qu'entre temps j'aurais bataillé, mais je sais comment ça va finir.

Monter. Prendre la lumière, émerger, le temps d'une cigarette ?

Même la hâte de rentrer est tempérée par le fait que Cro-Mi est que Cro-Odieuse ces derniers jours. Pas encore se fâcher, argumenter, imposer, expliqer. Pas encore se retenir de hurler les nerfs vrillés. Pourvu qu'elle soit revenue à son riant naturel.

Manque de soleil.