LaVitaNuda (qui est reviendu avec un nouveau costume bloguesque mais toujours sans cravate) narrait l'autre jour sa grande période de gloire et de style 78-83.

Moi qui n'ai pré-adulescé que sur la fin de cette décennie, forcément, il y a des choses qui me parlent peu ou pas du tout de la même façon (genre, Jacno et ses synthés, il a bien fait de se faire discret, en revanche je ne garantis pas qu'Elli Medeiros ne soit pour rien dans les premiers émois de mon petit frère dans son époque "Toi mon toit").

Bref, je me demandais ce qu'il me restait de la période où j'avais entre 15 et 20 ans, comme souvenir du monde dans lequel ça se passait.

C'était le deuxième septennat de Mitterrand, et je crois bien que l'enthousiasme fabuleux de 81 n'était plus qu'un lointain souvenir, même pour nous, les djeunz, qui rêvions d'un autre monde, où la Terre serait ronde.

Tiens, d'ailleurs, j'ai révisé tout mon bac français sur le best-of de Téléphone, qui était déjà assez antiquité nationale pour avoir un best-of.

On commençait à sortir de l'âge d'or des années 80 et à se douter que pour nous, le boulot, ça ne serait pas gagné.

Je me souviens que la première guerre du Golfe a commencé quand j'étais au lycée, à l'époque, je commençais à écouter beaucoup Dylan première époque, protest songs brandies en bandoulières, je me serais bien vue sur les routes de l'Amérique de Kerouac plutôt que témoin des carnages de celle de Bush Premier.

Autant dire qu'avec mes rêves de beatnik (pas baba cool, hein beatnik, n'a pas pareil, sinon LVN va me traiter d'avachie, déjà qu'on a un mal de chien à lui arracher trois billets, si en plus il faut qu'il se moque...) et en écoutant la musique "de mes parents", je n'étais pas au top de la popularité lycéenne.

A la fac, on était voisins de l'Essec alors le temps de faire deux ou trois fêtes avec eux et de comprendre ce qu'ils voulaient faire de leur vie, quels métiers, dans quelles entreprises, pour quels salaires, ça m'a fatiguée.

C'est drôle, de ces années fac, je ne garde pas de mémoire du monde autour. Comme si cette période, je l'avais passé de bulle en bulle, des jolies, des moins. Bercée par mon amie O qui chantait partout où ça résonnait bien, Jeff B. est entré dans ma vie, une année entière à slalomer entre littérature concentrationnaire et fiestas pour en sortir, difficile. Cette année des 20 ans, je saurais très bien vous dire en quoi elle a été importante dans ma vie (mais pas du tout, et loin de là, la plus heureuse), mais pas comment le monde tournait pendant ce temps là. Si ce n'est qu'Alanis Morissette chantait. Et qu'on reprenait les refrains avec elle.

C'était hier et c'est si loin. Mais il m'arrive encore de chanter avec Alanis.


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