Cro-Mignonne s'adapte de mieux en mieux à son école, commence à nous raconter des choses, à avoir sa petite vie.

Nous avons rencontré la maîcresse samedi, qui disait d'elle qu'elle était un peu solitaire mais sans que ça soit inquiétant, qu'elle avait un vocabulaire charmant (tu m'étonnes ! Ce matin, elle m'a félicité d'avoir "franchi la croûte" qu'elle a sur le genou en mettant son froc sans lui faire mal...), et que si elle n'en avait que des comme ça, elle ferait un métier facile.

De quoi gonfler encore un peu l'égo de parents en adoration, bien sûr.

L'heure du bain est souvent, d'elle à moi, le moment de bribes de récits (et d'arrosages de la mère par la fille, évidemment).

Hier soir :

" Ca a été à l'école ?"

"Oui, j'ai fait de la pâte à modeler rouge"

"Et qu'est-ce que tu as fait avec ?"

"Ben de la pâte à modeler" (ben oui, quoi !)

"Et les copines, ça va ?"

"Oui, j'aime les copines"

"C'est qui, ta préférée"

"F. parce qu'elle est drôle !!" (comme sa mère, quoi).

La sentant en confiance, je glisse vers un sujet important :

"Et est-ce que tu as un amoureux ?"

Petite pause de réflexion.

"Oui !"

"Et il s'appelle comment ?"

(Elle me répond mais je n'ai pas bien compris le nom. Un truc genre Tzigane. Je crois que je vois qui c'est, malgré son nom exotique, c'est l'un des rares petits blonds de sa classe. La seule fois où je l'ai vu, il escaladait consciencieusement tout ce qui était à sa portée).

"Ah c'est bien. Et c'est toi qui est amoureuse, ou lui, ou les deux ?"

"Les deux maman !" (sur le ton : mais franchement, bien sûr, c'est évident !!)

"C'est bien chérie, profite" (sans doute pas ce qu'aurait dit son père).

Le temps de m'expédier trois litres d'eau sur la figure, elle complète.

"Mais tu sais maman, D. je ne suis pas du tout amoureuse de lui".

D. étant l'affreux jojo qui sème la zizanie dans la classe et qui fait, un mois après la rentrée, hausser les sourcils du personnel enseignant et encadrant jusqu'au plafond, je me félicite de son bon goût.

J'adore ces moments.