Hier, après un week-end compliqué par l'angine et un truc digestif mal vécu par Cro-Mi, et donc peu de sommeil, et une journée courte, mais de malade, je suis rentrée plus tôt qu'à l'accoutumée pour cause d'heures à rattraper.

J'étais chargée de mission : passer chercher un petit jouet pour consoler l'enfant malade et passer à la pharmacie.

En voiture, en entrant dans notre rue, j'aperçois le doyen de notre immeuble qui sort pour sa promenade quotidienne. Je ne sais pas si le mot promenade est indiqué, c'est sa femme qui l'oblige (je pense, à juste titre) à sortir un peu tous les jours. Mais le vieux Monsieur C. est perclus de rhumatismes, et je ne suis pas sûre que cette sortie lui soit très agréable.

J'agite la main, tourne dans le quartier, vais me garer au parking, passe au magasin, et arrive en même temps que lui à la pharmacie. Il avait donc mis une demi-heure environ à parcourir 300 mètres...

Epuisé, il s'assied dans l'officine. Comme je passais juste derrière lui je me saisis de son ordonnance et m'occupe de ses médicaments, les lui donne, me disant que le temps que je papote il allait avancer un peu et que je l'aiderai pour la fin du trajet.

Que nenni. Ereinté par l'aller, il s'est levé à la fin de ma transaction. Vu le vent, le froid et son état, je lui ai proposé mon bras pour le ramener dans notre immeuble commun.

Une demi-heure.

Avec quelques rires sur les gens qu'on a croisés, quelques larmes sur sa douleur et son temps qui est passé.

Je ne suis même pas sûre de le trouver toujours sympathique, le vénérable Monsieur C. Mais ses larmes et ses difficultés de fin de vie m'ont émue. Son désarmement face à tout ce qui fait la vie quotidienne. Son incapacité à tourner la clé dans la serrure, à cause d'articulations douloureuses.

Sa récompense du fauteuil qui l'attend comme seule perspective.

Et son sentiment que l'essentiel est fait, qu'il s'accroche encore, mais que l'envie s'en va, doucement.

Joie de retrouver une famille plutôt en forme, malgré les petites maladies d'enfance, la fatigue, tout ça.