Quand j'étais petite, ma grand-mère, la maman de mon papa, a essayé de m'initier à des choses essentielles dans la vie d'une femme. La cuisine, la couture.

Elle a réussi plus pour la première que pour la seconde.

Je me souviens de longs moments à essayer de faire glisser le nœud sur le fil pour qu'il soit le plus près possible de son extrémité. En vain. Et de ma grand-mère qui ne comprenait pas que je trouve ça si difficile.

C'est très loin, il me semble que ça remonte aux souvenirs de la maison dans l'Yonne, je devais être à peine plus vieille que ma fille.

Il y a quelques jours, je devais faire quelques points, et comme si ce geste m'avait été familier toute ma vie le nœud vient se placer tout au bout du fil. J'ai ri. Me suis sentie victorieuse. Ai pensé que si ma grand-mère avait été encore là, je l'aurais appelée pour qu'elle rit de mon triomphe.

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Depuis quelques semaines, Cro-Mi a retrouvé son bel appétit. Elle avait d'autres choses à faire ces derniers temps que de manger avec l'appétit qui la caractérisait petite.

Et plusieurs fois, je me suis surprise à lui dire ce que me disaient mes grands-parents, petite. "Si tu n'aimes pas ça, on te donnera autre chose !!' (Ce qui était d'ailleurs littéralement faux !). Evidemment, elle répond, comme j'ai dû le faire, que non, du tout, elle adore.

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Ces derniers temps je me sens particulièrement maillon de la chaîne. Passeuse de petits riens qui font l'identité d'une famille.

Et même si parfois le souvenir est teinté de tristesse, celle liée à l'absence, il me dit qui je suis, pour moi, pour ceux qui me sont proches. Il me dit des choses que j'aime, le souvenir.