J'écris ce billet hier.

Parce que c'est important pour moi de le dire, de l'écrire, et que j'ai comme dans l'idée que demain sera jour de remerciements, de noyade dans un flot de votre amitié, de vos gentils mots.

Alors je le fais hier, aujourd'hui, la veille, quoi, pour ne pas me laisser submerger. Et que ça tombe le jour J.

Depuis que je suis maman j'ai la conscience aiguë que l'anniversaire d'un enfant est aussi, d'une certaine façon, celui de ses parents. L'anniversaire d'un jour où ils sont devenus "un peu plus" que ce qu'ils étaient au départ, où un petit paquet de chairs braillardes les emmène vers quelque chose qui les dépasse et les fait entrer dans cette grande chaîne de la vie.

En ce premier septembre, donc, cela fait 35 ans que mes parents sont devenus des parents.

De la légende familiale j'ai cru comprendre qu'ils avaient dû s'entraîner longuement avant de parvenir à ce résultat. J'espère qu'en dehors de leurs espoirs, ils y ont pris bien du plaisir. Quelque chose dans l'implantation d'une canine et d'une prémolaire me laisse penser qu'ils avaient effectivement la tête ailleurs, dans leur joie à eux, un peu étourdis de ce qu'ils auraient fabriqué par la suite. Je rigole euhhh.

Mes parents, donc.

Ce sont eux qui m'ont donné le goût du bonheur. Ce sont eux qui m'ont donné toutes les qualités que vous me trouvez, eux qui m'ont donné une confiance absolue en la possibilité d'un bonheur.

Certes, il y a eu des moments compliqués, vers l'adolescence. Je pense que j'ai été une purge pour ma maman (et sache, maman, que je le regrette chaque jour depuis que je Sais). Certes il y a eu des conflits passionnés et passionnels avec mon papa. Qui se sont, bon an mal an, arrangés lorsqu'il a fallu apprendre à travailler ensemble.

Mais jamais une minute de ma vie je n'ai douté de l'amour qu'ils me portaient, qu'ils nous portaient quand on a été deux. Quels qu'aient été leurs choix, ils nous offert ce socle. Et puis une sorte d'instinct tribal qui fait que je sais qu'il y a toujours un endroit au monde où aller puiser cette énergie hautement renouvelable.

J'ai une chance infinie. Nous sommes juste normalement un peu barges dans notre famille. Plus j'avance et plus je rencontre de gens dont les relations familiales sont compliquées au-delà de l'entendement. Et plus je me dis que d'avoir trouvé les clés de ce bonheur simple d'être unis par le sang, mais aussi par des liens qui se sont construits parce que c'était nous quatre (j'inclus mon frère, dans un grand moment de sentimentalisme. Huhu. Mais non, c'est MON frère. Que j'aime) n'allait pas de soi. Mais ils l'ont fait. Nous l'avons fait.

J'ai une chance infinie. J'ai de vrais parents qui remplissent toujours ce rôle dans ce que ça comporte de tripal et d'inconditionnel. Qui l'ont toujours rempli complètement, sans chercher à l'inverser ou à faire peser sur leurs enfants des choses qui ne leur appartenaient pas. Mais mes parents sont aussi des gens avec qui je peux discuter, rêver, refaire le monde, comme des adultes. Picoler, trop fumer. Rire. Débattre. Les câliner comme le gros bébé que je suis et enchaîner sur le monde et la façon dont il serait meilleur.

Certes, quelques détails m'opposent encore à papa, notamment en ce qui concerne la cuisson des lardons et la gélification des mousses de fruits.

Mais ils sont mes racines, ma tribu, une raison d'affronter l'âge qui tourne sans en avoir peur car ils offrent un bien bel exemple d'humains qui avancent.

Comme je sais qu'il leur arrive de venir jeter un oeil ici pour prendre les nouvelles que nous ne verbalisons pas forcément, comme je sais qu'ils avaient envie d'être là aujourd'hui, comme je sais qu'ils savent mais qu'il est bon de dire, aussi, je voulais, aujourd'hui, leur souhaiter un bon anniversaire d'amoureux devenus parents.

Et les remercier pour tout ce qu'ils sont et tout ce qu'ils ont fait pour m'aider à être moi.

Je vous aime, tous les deux. Tellement fort.

PS : vous avez le droit de laisser des mots ici, hein ? Quitte à passer dans le coin, comme vous l'avez constaté, les gens qui fréquentent cet endroit sont essentiellement humains, ne mordent pas. En fait vous pourriez même vous y faire quelques copains de plus, puisque depuis toujours, l'amitié qu'on porte aux uns et aux autres se partage, chez nous. Quelle richesse !