Samedi, ça sera la fin d'une vie.

Le début d'une nouvelle.

Samedi, le Papa de Cro-Mignonne déménage.

Si ça me tord les tripes pour elle, ce qu'on est en train de lui faire, à cette enfant, malgré tout, c'est une bonne chose.

Parce qu'aussi amis qu'on arrive à le rester, il est temps maintenant de construire chacun notre existence. Il y restera des passerelles, cette enfant, la principale, mais aussi de la complicité, une sorte de tendresse qui aura résisté à nos envies divergentes. Les souvenirs de dix années partagées.

Et s'il sera bizarre de ne pas avoir un adulte avec qui échanger quelques mots, une cigarette, des considérations sur nos futurs, que nous nous souhaitons mutuellement chatoyants, heureux, ça sera surtout plus simple à gérer. Pour lui et pour ses espoirs, pour moi et mon besoin de marquer mon territoire.

Et surtout pour Cro-Mignonne, qui passera en douceur de son cocon à "j'ai deux maisons !" (c'est ce qu'elle s'exclame régulièrement depuis une dizaine de jours).

Oui, elle en a deux, et même trois ou quatre, si on compte celle de Mary Poppins, de mes parents. Oui elle a des gens qui l'aiment de part et d'autre. Et oui, j'ai confiance en son tempérament si vivant pour prendre le meilleur de cette situation, finalement si banale. (A se demander de qui elle tient ça !).

Alors même si mes nœuds au ventre ne se dénoueront qu'une fois son papa parti, quand je saurais sur quel ton il faudra gérer la journée, je suis contente qu'à notre manière, on ait trouvé la façon la moins difficile possible pour s'offrir un départ vers nos nouvelles vies.

Je te souhaite bonne chance, mon vieux complice ! De l'amour, de la musique, du pognon, des rires. Et je sais que tu me souhaites la même.