Vendredi, c'est jour de photo de classe, pour ma fille. Nous avons déjà réfléchi à la tenue.

Parce que de nos jours, dès la maternelle, on est coquette. Il faut que l'image qui durera l'année, qui restera dans les archives familiales, soit le reflet de la tendance vestimentaire de l'année.

Alors nous avons écarté la robe d'été (oui, même avec des collants dessous, et même avec un pull dessus).

Et nous avons tranché pour le petit jean neuf, un sous pull (ils résistent à toutes les modes, ces sous-pulls, mais sont faits d'une matière moins électrique qu'à mon époque !), et la "robe-pull" qui par la magie des enfants grandissants est devenue un pull à peine robe. A peine un peu plus long que les autres.

"Il faudra me faire des tresses". Ah oui mais ma chérie, vendredi matin, c'est Papa qui va te préparer, Maman sera en week-end, alors il faut choisir quelque chose qu'il sait bien faire !

Nous rions.

"Et toi maman, tu en as des photos de classe ?"

Oui ma chérie, j'en ai. Enfin ta mameï doit encore les avoir. Tous ces visages. Tous ces prénoms oubliés. D'autres qui ressurgissent à la vision d'un visage d'enfant, de pré ado, d'ado. Alors même qu'on ne se souvenait même plus avoir fréquenté les mêmes bancs qu'eux.

A quoi pensions-nous ? Comment nous serions placés ? (Moi : toujours sur le banc, le rang des petits). A côté de qui nous serions ? Au sourire forcé ou hilare au moment où le photographe déclenche ? (Le numérique a-t-il changé la donne ?) A planquer nos appareils dentaires, pendant certaines années.

Tous ces visages d'enfants, rieurs. De pré ados, boudeurs. D'ados, crâneurs. Tous les rêves, toutes les histoires dans nos têtes. Que sont-ils devenus ? Où sont-ils passés ? A quoi aspirions-nous ? Quelle était notre préoccupation du moment ?

Je rêve à mes photos de classe d'antan, ma fille me rappelle à l'ordre.

"Tu sais maman, il faudra mettre la barrette en cœur !"

Oui ma chérie. J'écris pour te raconter à quoi tu pensais, avant de la faire, cette photo...

Ceci est une introduction au billet de demain, avant de parler fiction, il fallait planter le décor.