Il y a tout un faisceau de choses autour de ma vie en ce moment qui, bien que totalement indépendantes les unes des autres, m'amènent au même point.

La phrase, le cliché, le truc tout fait qui sonne dans ma tête : la peur n'évite pas le danger.

Je me rends compte que j'ai souvent mis des freins à plein de choses dans ma vie par petite pétoche qu'il était plus confortable d'éviter que d'affronter. Des trucs cons, hein. Comme prendre la voiture pour aller dans un endroit de Paris que je ne connais pas. Ne pas sortir pour ne pas avoir à attendre le bus la nuit dans la cité d'à côté.

Je sais de qui je tiens ça : ma grand-mère maternelle est pareille, et du haut de son grand âge elle est en train de se recroqueviller dans son appartement. Je la comprends, et je ne suis pas trop d'avis de la brusquer, si tant est qu'on me le demande.

Dans mon cas, la rupture d'avec le papa de ma fille m'a été, probablement, salutaire de ce point de vue là. Je vais de l'avant, j'affronte ce qui me cause pétoche.

La peur n'évite pas le danger. Mais elle pourrait m'empêcher de vivre des choses. De petites choses agréables, et des grandes choses merveilleuses.

Alors je refuse de tergiverser avec elle. Comme quand il a fallu, résolument, monter dans les panoramiques parce qu'il n'y avait plus le choix. L'ascenseur a bien cassé, mais pas avec moi dedans, alors...

On a tous des peurs, des trouilles, des terreurs, des angoisses. Du noir, des cauchemars, de ne pas savoir faire, de vieillir, de mourir, d'aimer, de ne plus aimer, de ne plus vouloir goûter à l'humain, de tomber, d'avoir mal, de ne plus contrôler sa vie, ou juste ses membres, de s'ouvrir aux autres, de souffrir. De mourir (oui, encore). De vivre, parfois. Ca doit faire partie de notre humanité, ces trouilles.

Et je repense à ce film (Matrix ? Fight Club ? Je ne sais plus !!). La peur est un sentiment.

Le danger, lui, est un fait objectif. Contre lequel on peut prendre quelques mesures. On ne peut pas se prémunir contre tout. On ne peut pas s'empêcher de se faire mal, physiquement, moralement. On ne peut pas prévoir l'imprévisible. Mais ne pas avoir vécu ce que la vie nous propose de bon me serait tellement impossible que du coup...

Même pas peur !

(Dit-elle après avoir traversé nuitamment et à pied la riante cité des Mourinoux pour rentrer chez soi vendredi. Plus de bus. Même pas peur, dis-je !)