Il faudrait, je crois, remplir le congélateur de crèmes glacées.

Ma fille entre dans une dimension de sa vie pour laquelle il sera nécessaire, parfois, de s'enfouir sous la couette, devant un film de gonzesses contre lequel on maudira ensemble, imprécations lâchées à la volée avec kleenex humides balancés à la télé.

Et des cuillers à soupe pour faire un sort à ce pot de crème glacée.

En attendant je lui souhaite tout le plaisir qui va avec les tout premiers émois. Plaisirs d'amours enfantines. Pourquoi semble-t-il si difficile de vivre ses amours avec autant de légère intensité, plus tard ? Si on se libérait de tout un tas de choses et qu'on se recentrait sur le plaisir d'être à deux ? Bref. Là n'est pas le sujet.

Nous parlions d'amour avec ma fille, entre filles. Sujet sérieux s'il en est. Sensation étrange qu'elle a rejoint le camp de celles dont le cœur bat. Fierté. Inquiétudes. Maternité. Sororité aussi, pas dans mon rôle vis-à-vis d'elle, mais dans cette chaîne de femmes depuis la nuit des temps.

Et tout d'un coup elle me dit : "Tu sais maman, toi aussi, tu auras un amoureux, bientôt"

(Grand blanc dans mon fort intérieur. Si seulement... )

"Ah bon ?", lui réponje.

Et elle d'ajouter : "Il faut juste qu'il aime les enfants et qu'il soit d'accord pour jouer avec moi pendant que tu prépares le dîner".

(Ahem. Féminisme pas complètement ancré. Mais portrait robot établi, noté).

J'ai promis. Qu'il me serait impossible d'avoir un amoureux qui n'aimerait pas les enfants. Qui ne l'aimerait pas elle, inimaginable. Que je ne choisirais (han, si j'avais le choix, ça se saurait) pas quelqu'un avec qui elle n'aimerait pas jouer.