C'était un truc qui dérangeait beaucoup le papa de Cro-Mignonne. Enfin ça doit le déranger toujours, mais on ne s'en parle pas, ou plus. Les lecteurs de l'ombre des blogs.

Ceux qui passent, jour après jour, sans dire un mot. Qui apprennent à nous connaître, billet après billet.

Moi je dois dire, ça ne me fait pas le même effet.

En revanche je suis ravie quand, à l'occasion, un lecteur (ou une lectrice !) sort de l'ombre, dit un peu ce qui lui a permis de franchir le pas, éventuellement donne un lien, un nouveau lieu, une nouvelle personne à découvrir.

Le reste du temps, j'avoue que je n'y pense pas.

De même qu'en général je ne "pense pas" à ceux que je connais qui lisent sans commenter. Enfin si, je pense à eux, bien sûr ! Comme personnes qui ont une place dans ma vie, à l'occasion, mais je n'écris pas guidée par le fait qu'ils puissent aimer ou pas, venir ce jour-là ou pas, ou quoi que ce soit de négatif à leur encontre ou de contraignant dans mon écriture.

Sauf si je sais qu'un billet peut les perturber grandement. Huhu.

Ca m'a plus embêtée, pendant quelques semaines après la rupture, de savoir que des gens venaient ici dans un esprit un peu malveillant. Pas forcément méchant, mais orienté dans un sens qui était filtré par ce qu'ils savaient de moi sans me connaître. Ca m'a même vraiment fait chier. Et parfois j'ai été tentée d'orienter certains billets juste pour montrer à quel point ça me faisait chier.

Mais bon.

J'y pense et puis j'oublie (c'est la vie c'est la vie).

Il est aussi possible que j'ai une sorte de lecteur de l'ombre, qui n'apprend pas grand chose de ce blog eu égard à ce qu'on s'échange, mais quand même.

Il est aussi possible que des messages plus ou moins subliminaux lui soient assez souvent adressés. Un peu "par dessus votre épaule", gentils amis commentateurs. Comme un clin d'oeil ou un complément de ce qui a pu être dit ou écrit juste entre nous deux.

Il est possible que ça m'amuse, ou que ça me plaise de savoir son ombre bienveillante penchée sur mes mots. Sans jamais être sûre de savoir si c'est - ou pas - le cas.

Je me souviens alors de ces questions qu'on se posait, il y a quelques années, tous. Pourquoi un blog ? Pourquoi ces mots qu'on lâche sans contrôle dans le grand internet.

Et je me dis... parce que. C'est juste bon.

(Et comme souvent ces derniers temps, un mot d'un billet réveille un souvenir de chanson, la très classieuse Sarah Vaughan pour nous parler d'ombres. L'ombre d'un sourire).