"Donne-moi son adresse courriel".

Putain, t'as besoin de me demander son adresse courriel ? C'est la même que la mienne, à une lettre près. Il n'en a pas changé depuis des années, ou en tout cas celle-ci reste active. Comment peux-tu NE PAS avoir son adresse ? J'ai envie de t'injurier, de t'insulter. Tu me ferais un procès, sans doute.

Il est de ton sang. Tu as joué avec lui, ri avec lui.

Tu l'as abandonné. Comme les autres, sauf moi. Quand ça n'est pas pire qu'abandonner. Quand ça n'a pas été leur compliquer sciemment la vie, par pure cupidité.

Et moi.

Je reçois tes messages et ils m'énervent. Toi, toi, toi. Tes reproches sur mes silences. Tes problèmes. Tes amours. Tes demandes mais ton peu de disponibilité quand on te parle, à toi. Quand on sort de ta zone de confort. Quand on te dit qu'on est dans la merde et que tu ne réponds même pas.

Des années que je m'évertue à préserver un vague lien, au cas où. Mais pourquoi ? Pourquoi ?

Je t'envoie promener, parfois. Tu reviens, doucereuse.

Tu sais que je suis du côté de l'autre, aussi. Tu sais que je ne tolère aucune réflexion à ce sujet.

Tu m'avais demandé, il y a quelques années, quand tu étais encore quelqu'un de bien, quelqu'un qu'on avait un plaisir immense à côtoyer, de te dire si tu devenais vieille et chiante.

Mais tu n'entends même pas quand je te le dis. Tu t'en fous. Centrée sur ton nombril et tes si graves blessures à toi. Celle à qui tu ne voulais pas ressembler étais bien plus humaine que toi, finalement. Malgré tout.

Je me demande bien pourquoi je continue. Peut-être par nostalgie pour ce temps qui a été et qui ne sera plus jamais. Peut-être par peur de tout ce dont notre famille s'est déjà réduit. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.

Mais là, ton mail, il m'a collé la gerbe. Et une immense colère.

Si grande que j'ai envie de te dire des vacheries, juste pour me soulager.

Alors je me retiens, parce que je suis polie. Mais bon. Faudra pas trop pousser non plus.