Je pensais à une sorte de philosophie qu'on m'a livrée en partage. Que nous allons résumer en "tous les choix sont respectables et doivent être respectés comme tels. Et chacun est responsable de ses choix".

Oui, bien sûr.

Bien sûr. D'ailleurs, qui aime se faire dicter ses choix ? (Phase 1). En même temps, quand on ne les a pas subis, ces choix, comment faire autrement que les assumer ? (Phase 2).

Ceci dit, si je n'ai rien à redire sur le fond, il me semble qu'il y a une légère faille dans cette philosophie, dès lors qu'il s'agit de relations humaines, particulièrement de celles qu'on a volontairement choisies et pas celles d'une hiérarchie plus ou moins bienveillante.

En tout cas, vu de mon nombril gavé de Petit Prince depuis la plus tendre enfance. Vous savez, celui qui dit "on est responsable de ce qu'on a apprivoisé".

Ca ne veut pas dire qu'on doit décider à sa place (au contraire), ni même qu'on porte sur ses épaules la responsabilité de ce qui lui arrive, en bien ou en mal.

Pour moi, ça veut dire que quand on a de l'affection pour quelqu'un, on "se bat" pour défendre cette affection.

Que les pas de côté façon "je te laisse décider et je ferai avec, avec joie ou tristesse, mais avec", ils ont un arrière-goût pénible de "je n'ai rien à dire, de toute façon". Ben si, puisque relation = interaction, me semble-t-il. Mais je peux me tromper. Mais à chaque fois que ça m'est arrivé, j'ai eu la vague impression de porter seule la "responsabilité" de cette relation, et de ce que ma décision ferait peser sur l'autre. Peut-être que je suis débile de m'en soucier, notez.

Quand ça n'est pas un sentiment amer que l'affection sus-nommée ne vaut pas assez pour qu'on monte un peu au créneau, ne vaut pas la peine de se mouiller un peu plus que nécessaire, mais là, c'est sans doute une forme de tristesse et de trop vécu ça qui parle.

Quand le silence et les évitements deviennent pire que les pires mots qu'on puisse entendre. Les non réponses, les évitement. Ou les phrases grammaticalement correctes mais qui mises bout-à-bout n'ont qu'un sens incompréhensible.

Ca ne veut pas dire qu'on y trouve rien, dans cette affection. Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas de signes, de mots, de gestes, bien sûr. Au contraire.

Alors quand les choses parfois devenaient moins facile, moins évidentes, moins limpides, j'ai toujours choisi de me battre. De ne pas laisser faire les silences. De chercher à expliquer, à comprendre. De dépasser qui je suis, de quoi j'ai peur, d'essayer de transcender qui je suis et qui on est l'un pour l'autre parce que ça ne sert qu'à ça, l'affection. A se faire du bien mutuellement et à se grandir réciproquement. J'essaie de montrer à l'autre qu'il ou elle compte. Que même maladroitement, je suis là. Même si parfois ce qu'on a à dire n'est pas écouté ou entendu comme on voudrait.

Mais pour se battre, il faut prendre le risque d'être un peu beaucoup perméable aux autres et à ce que ces autres peuvent nous faire. Parfois, mal. Même sans le faire exprès. Il faut décider, parfois, que la peine qu'on risque est moindre que la joie qu'on peut retirer.

(Encore que. Je me demande si, quand même, se mettre bien à l'abri derrière son rempart, ça n'empêche pas de souffrir. Ca enlève juste la possibilité de vivre d'autres choses).

Je suis sans doute beaucoup trop perméable à ce que ceux qui comptent peuvent me faire. Vraiment beaucoup trop. Et parfois à me heurter, encore et encore, à quelque chose que je ne comprends pas complètement, où dans quoi je trouve parfois ma place mais pas toujours, même avec tout ce que je peux prendre de beau au passage, je m'interroge.

Ne vaudrait-il pas mieux rendre les armes ?

Et aller m'enfouir au fond d'un bunker. Pour qu'il fasse pour moi la protection des carapaces que je ne sais pas me forger, contre ceux qui comptent le plus. Et avant, tuer l'espoir qu'on vienne m'y déloger, dans un ultime sursaut de "c'est pas possible que ça se passe comme ça".