Il est beau.

Les traits fins, les yeux de biche, doux. Oui, de la douceur, infiniment. Quelque chose de résolu, aussi. Et de la tristesse.

Il a quelques années de plus que moi, pourtant il a un air de gamin, un soupçon juvénile, un reste d'enfance qui s'accroche, malgré tout. Et même avec la barbe qu'il a laissée pousser, on sent encore le môme en lui.

Il est intelligent. Extrêmement. Il va probablement trop vite pour être suivi par la plupart des gens. Et il en a souffert, toute sa vie, plus ou moins. En plus du reste.

Il est lucide. Il sait où on été ses failles. Il sait ne pas vouloir recommencer. Et naïf, un peu aussi. Victime de sa passion. Il est sa passion.

Il est résolu. Il est l'homme à abattre, en tout cas il l'a été. Il se bat aujourd'hui pour aller mieux. Il se bat aussi pour tous ceux qui voudraient aller mieux. Pas juste ceux qui sont là où il a été, lui. Pour tous. Il parle. Il écrit. Il témoigne. Sa résilience à lui, il essaie de la partager.

Il remercie beaucoup. Les gens qui l'ont aidé. Les gens dans la salle. Nous, nominativement. Je lui fais un signe du coin de la salle pour dire "merci, ça me touche". Il y répond.

Il remercie aussi parce qu'un matin, on s'est réveillés avec un projet un peu fou, mon chef et moi. Et que cette idée folle, pas par pas, lui a permis de brandir un morceau de verre en forme de récompense. Récompense pour ce qu'il a fait de ses souffrances. Pour ce qu'il partage, pour ce qu'il tente de faire pour d'autres.

C'est la fin de la journée. On lui parle, on lui pose des questions. Il est traité en star et je vois bien que ça l'étonne un peu. Que ça le gêne un peu, mais que ça lui fait du bien, aussi.

Il nous remercie pour notre énergie.

Alors que c'est nous, qui devrions le remercier. Encore et encore. D'être un homme qui se bat contre l'absurde qui fait notre monde du travail.

Merci Vincent.