J'ai toujours le trac quand je dois donner un avis sur quelque chose d'artistique qui est lié avec une personne que je connais.

Parce que je suis assez peu bonne en mensonges (sauf quand il s'agit de négocier pour le boulot), et que je ne sais pas bien dire combien j'ai aimé non plus. C'est compliqué à dire : vis-à-vis de l'art j'ai des goûts qui se forment sur des impressions, des sensations, des choses tellement parfois instinctives et intimes qu'il m'est quasi impossible d'émettre des avis un peu constructifs.

Alors ça a été compliqué parfois de dire au papa de ma fille que je n'aimais pas ce qu'il avait fait d'une chanson (heureusement : rarement), et j'ai toujours un grand moment de trac au moment de lire un livre écrit par un copain, d'écouter un morceau composé par un ami, etc. Qu'est-ce que je vais dire si je n'aime pas ? Qu'est-ce que je vais dire d'intelligent si j'aime ?

D'où. Dimanche. Je n'en menais pas large.

J'avais dit il y a un (long) moment à Noé Cendrier que je viendrai le voir jouer. Et puis pas de sous et pas de temps. Et soudain, un peu plus de sous et du temps. Donc, billets furent pris.

Et dimanche, je n'en menais pas large.

D'autant que (mais j'avais été prévenue par une amie bien intentionnée !) je savais qu'entre lui, ses comparses et nous, le contact serait proche.(Façon : "coucou, t'as vu, je suis bien là !" Huhu).

Evidemment c'était très con d'avoir le trac. Parce que Molière, mon trublion pétillant du théâtre français préféré, m'enchante depuis toujours et qu'il n'y a jamais à redouter d'aller se régaler à sa langue et à sa vision de la société. Parce que ces comédiens nous ont offert un très beau moment de plaisir partagé, parce que finalement, cette proximité qui confine à la promiscuité de la scène et du public, ça fait ressentir des choses très différentes de ce à quoi on peut s'attendre - en bien.

Alors je ne vais rien vous apprendre d'intelligent sur Molière, le théâtre en général et le plaisir qu'on y prend à recevoir énergie, talent et mots ciselés en particulier. Lettrés que vous êtes, vous n'avez pas besoin de moi pour ça.

En revanche je vous enjoins à cliquer rapidement sur le lien un peu au-dessus, d'une part parce qu'il le vaut bien, d'autre part pour vous jeter sur le calendrier et ajuster vos moments libres à ses moments sur scène (qu'on ne me demande pas pourquoi j'ai pas fait le lien sur le site du théâtre directement - private joke), histoire de vous précipiter avant la fin de la saison.

Et puis de faire un détour par le début de ses impressions de futur Cyrano (premier personnage fictif à subir un début de psychothérapie par commentaires de blogs). Histoire de vous donner envie pour dans quelques mois.

Et oui je donne des ordres si je veux !

(Et pour Noé spécifiquement : j'écoute "I know" de l'album "No one is really beautiful" de Jude en écrivant ce billet, qui vient rajouter des couches d'impressions sur Cyrano en tant que personnage et sur des bribes de discussions esquissées ou que j'ai envie d'avoir. Get prepared or run away !).