Des échanges de début de semaine avec Anita me donnent envie d'effleurer le sujet, et de lire ce que vous avez à dire dessus.

Nous nous congratulions donc, mutuellement, avec Anita, sur nos arrêts de tabac. Elle tentait de me faire croire que pour moi c'était plus dur que pour elle, rapport que son cerveau s'était moins rhabitué que le mien, et qu'il avait plus de mal à lui faire croire que la clope, ça lui était vital.

Sauf que, je me sens honteusement et injustement félicitée: j'ai à peu près oublié que j'avais fumé, ça ne me manque pas, je bouffe moins de bonbecs parce que je n'aimais pas le goût et qu'il fallait le masquer, et en plus, j'ai arrêté le sucre dans le café (en plus du thé), la plupart du temps.

Quel rapport ?

Que je me suis un peu replongée dans la philosophie Zermatienne. Savez, l'olibrius qui prétend qu'il suffit d'arrêter de manger quand on a plus faim pour ne pas grossir, et même pour maigrir quand on est en surpoids parce que justement, on mange au delà de sa faim (et non pas : trop de chocolat).

Ca a l'air simple et ça ne l'est pas tant que ça : notre cerveau est conditionné depuis vraiment petit petit à développer des réponses affectives face à la nourriture.

Et j'aimerais, j'aimerais bon sang de bois, que l'interrupteur de la satiété soit aussi facile à trouver ET utiliser (ok j'ai plus faim, je ne finis pas mon assiette : ça a vraiment l'air con, hein ? Ca ne l'est pas.) que celui qui a fait dire à mon cerveau : oué en fait, fumer, j'aime pas ça, on arrête ?

Que l'ennui, par exemple, ne nécessite pas pour se dissoudre d'aller voir dans le frigo si un truc...

Et toutes ces sortes de choses.

D'un certain côté, c'est passionnant, de s'observer, d'observer les autres, d'essayer de comprendre comment tout ceci fonctionne.

De l'autre, c'est passablement frustrant de se dire que ça n'est pas parce qu'on a compris la théorie que la pratique va de soi. Qu'on a "perdu" tant de temps en croyances alimentaires aussi diverses que néfastes.

J'essaie du coup d'éviter de transmettre certaines croyances à Cro-Mi, et quand je m'entends lui parler parfois je me dis que c'est loin d'être gagné (mais au moins : j'en ai conscience, tenté-je de me consoler).

Bref. Tout ça pour dire que la mécanique de la compulsion, qu'elle qu'elle soit, est bien compliquée et obéit à bien des choses qu'on aimerait parfois ne pas trop avoir à regarder en face.

Ceci dit.

J'ai de la chance.

Il me suffit, ces derniers temps, de fermer les yeux pour faire affleurer une "image refuge" qui me satisfait bien plus que toutes les clopes du monde, et même que tous les tiers-cuits au chocolat. Et même d'ailleurs, sans fermer les yeux... :-)

Du coup, il me semble que c'est un bon moment pour regarder des choses en face et voir ce qu'on peut faire avec.