Au bord de ma route, ce matin, une usine, la même que d'habitude, sauf que cette fois, il y avait des banderoles, des gens en colère.

Usine en grève.

Même dans la nuit finissante, même dans le silence des vitres fermées, leur colère était assourdissante.

Alors je n'oublie pas.

Je n'oublie pas que même si certains n'étaient pas d'accord, que même si les grèves génèrent des coûts, des pertes, que même s'il est facile de taper sur les syndicalistes parce que c'est de bon ton (et de ne pas voir tous ce que nombre d'entre eux donnent pour un peu plus de justice...).

Je n'oublie pas que derrière une grève se cache aussi une tentative désespérée de faire valoir que le travail de l'humain a encore de la valeur.

Désespérée, car on ne joue pas avec son job, avec son outil de travail, juste pour le plaisir du rapport de force.

Il faut déjà avoir perdu beaucoup d'espoirs dans le dialogue avant d'en arriver à faire grève...