Je me souviens, en sortie scolaire, du concert de cette chanteuse allemande qui chantait sur un mode bilingue une chanson qui s'appelait "Genug is nicht genug".

Dans la version française, ça donnait :

Assez n'est pas assez
Ne venez pas me dire
Qu'il faut s'en contenter
Assez ne peut suffire"

D'une voix de stentor et sur un ton comminatoire.

Ca m'avait marqué parce que c'était un peu ce que j'entendais, parfois. T'as eu 18 ? Il n'y avait pas beaucoup plus de travail à fournir pour arriver à 20 !

Certes, j'entends avec le recul et un peu (pas tout) de détricotage l'envie qu'un enfant épanouisse son plein potentiel, ait des envies de progrès, de meilleur possible.

Ce que j'entendais, moi, c'est que quand c'était déjà plus que très bien, ça n'était pas assez. Que quoi je fasse, en somme, ça ne suffirait pas.

Enfin le temps que ma paresse naturelle ne trouve là l'occasion de s'exprimer par opposition. Puisque 18 c'est pas assez, alors 10 suffira. Ou 9. On s'en fout puisque ça ne sera pas parfait !

Bref. Tout ça pour dire que je tends encore aujourd'hui à m'acharner sur les moindres détails de ce que je pourrais faire mieux. Souvent.

Et que dans une journée comme celle d'hier, il me serait bien plus utile de me dire spontanément, sans qu'on ait besoin de me le mettre sous le nez que : j'ai pris soin de ma fille selon le degré d'urgence indiqué par son état objectif, fait ma journée de travail tout à fait raisonnablement, convaincu un pharmacien de rouvrir après avoir passé une heure et quarante minutes le cul sur un odieux banc de bois, puis 20 autres dans le cabinet du docteur, nourri, soigné et couché ma fille à peine un quart d'heure plus tard que sa normale, ok pas lavée, mais de toute façon interdiction de mettre la tête sous l'eau.

Et que dans tout ça j'ai trouvé moyen de poser une journée dans pas très longtemps pour souffler à deux, mes vacances de Noël, de réussir enfin à papoter un peu avec mon amoureux.

En somme, malgré la pression continue que fait que chaque grain de poussière peut venir faire voler en éclat la belle organisation de la mère solo (pas que la mère solo, mais encore plus le parent isolé, dirons-nous), j'ai ASSURE.

Rajoutons là-dessus que si elle n'est pas aussi rutilante que je voudrais, la maison n'est pas une porcherie, et qu'on y mange majoritairement de la cuisine cuisinée et extrêmement rarement du préfabriqué, surgelé ou pas, ma foi...

Mais qu'est-ce que j'attends pour trouver que oui, j'assure ? Un brevet de bonne conduite ?

Pourquoi c'est si compliqué, l'auto estime, hein ?