Les Mille et une vies

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Fil des billets

mardi 15 novembre 2011

Assez n'est pas assez

Je me souviens, en sortie scolaire, du concert de cette chanteuse allemande qui chantait sur un mode bilingue une chanson qui s'appelait "Genug is nicht genug".

Dans la version française, ça donnait :

Assez n'est pas assez
Ne venez pas me dire
Qu'il faut s'en contenter
Assez ne peut suffire"

D'une voix de stentor et sur un ton comminatoire.

Ca m'avait marqué parce que c'était un peu ce que j'entendais, parfois. T'as eu 18 ? Il n'y avait pas beaucoup plus de travail à fournir pour arriver à 20 !

Certes, j'entends avec le recul et un peu (pas tout) de détricotage l'envie qu'un enfant épanouisse son plein potentiel, ait des envies de progrès, de meilleur possible.

Ce que j'entendais, moi, c'est que quand c'était déjà plus que très bien, ça n'était pas assez. Que quoi je fasse, en somme, ça ne suffirait pas.

Enfin le temps que ma paresse naturelle ne trouve là l'occasion de s'exprimer par opposition. Puisque 18 c'est pas assez, alors 10 suffira. Ou 9. On s'en fout puisque ça ne sera pas parfait !

Bref. Tout ça pour dire que je tends encore aujourd'hui à m'acharner sur les moindres détails de ce que je pourrais faire mieux. Souvent.

Et que dans une journée comme celle d'hier, il me serait bien plus utile de me dire spontanément, sans qu'on ait besoin de me le mettre sous le nez que : j'ai pris soin de ma fille selon le degré d'urgence indiqué par son état objectif, fait ma journée de travail tout à fait raisonnablement, convaincu un pharmacien de rouvrir après avoir passé une heure et quarante minutes le cul sur un odieux banc de bois, puis 20 autres dans le cabinet du docteur, nourri, soigné et couché ma fille à peine un quart d'heure plus tard que sa normale, ok pas lavée, mais de toute façon interdiction de mettre la tête sous l'eau.

Et que dans tout ça j'ai trouvé moyen de poser une journée dans pas très longtemps pour souffler à deux, mes vacances de Noël, de réussir enfin à papoter un peu avec mon amoureux.

En somme, malgré la pression continue que fait que chaque grain de poussière peut venir faire voler en éclat la belle organisation de la mère solo (pas que la mère solo, mais encore plus le parent isolé, dirons-nous), j'ai ASSURE.

Rajoutons là-dessus que si elle n'est pas aussi rutilante que je voudrais, la maison n'est pas une porcherie, et qu'on y mange majoritairement de la cuisine cuisinée et extrêmement rarement du préfabriqué, surgelé ou pas, ma foi...

Mais qu'est-ce que j'attends pour trouver que oui, j'assure ? Un brevet de bonne conduite ?

Pourquoi c'est si compliqué, l'auto estime, hein ?

lundi 11 juillet 2011

Carapace de pacotille

Elle est en toc, ma carapace, bon sang de bois !

Moi qui me croyait ENFIN apaisée, après des mois de tempêtes intérieures, et bien barricadée à l'abri de mon "je vais enfin suffisamment bien alors on ne touche plus à rien et on retient son souffle".

Je suis nulle en carapaces.

Mais vraiment nulle.

J'ai trop de goût pour ces rares moments où l'humain rencontre l'humain pour réussir à me protéger contre... ça, justement.

Alors je suis perméable aux rencontres, aux moments de grâce, aux échanges. Et pour le coup, il peut m'arriver d'être prise par surprise par quelque chose que je ne croyais pas possible, ou pas maintenant, ou pas... enfin bref, pas.

Parfois je me demande. De quoi j'ai peur. De quoi je suis capable. Est-ce que je suis capable d'encaisser un nouveau "non c'est pas toi", un nouveau refus ? (pour peu que je me croise dans un miroir juste après, ça n'arrange pas les questionnements. Pfff).

Parfois les questions et les doutes me submergent un peu trop à mon goût.

Alors concentration : nul ne sait ce qui peut ou doit advenir. Nul ne peut nous ôter nos souvenirs. Personne ne peut promettre de toujours (ou de jamais, non plus, quand on y pense). Et le bon à prendre quand il se présente, il ne faut pas lui cracher dessus. Alors autant faire avec la vie, comme elle vient, débrancher le cerveau et voir. Une pulsation après l'autre. Ne pas se laisser paralyser par les points d'interrogation. Vibrer sur les points d'exclamation. Le bonheur n'est pas la destination, mais le chemin.

En tout cas c'est ça qui m'a toujours guidée, et parfois sauvée, curieusement.

mardi 5 juillet 2011

Le trac

J'ai toujours le trac quand je dois donner un avis sur quelque chose d'artistique qui est lié avec une personne que je connais.

Parce que je suis assez peu bonne en mensonges (sauf quand il s'agit de négocier pour le boulot), et que je ne sais pas bien dire combien j'ai aimé non plus. C'est compliqué à dire : vis-à-vis de l'art j'ai des goûts qui se forment sur des impressions, des sensations, des choses tellement parfois instinctives et intimes qu'il m'est quasi impossible d'émettre des avis un peu constructifs.

Alors ça a été compliqué parfois de dire au papa de ma fille que je n'aimais pas ce qu'il avait fait d'une chanson (heureusement : rarement), et j'ai toujours un grand moment de trac au moment de lire un livre écrit par un copain, d'écouter un morceau composé par un ami, etc. Qu'est-ce que je vais dire si je n'aime pas ? Qu'est-ce que je vais dire d'intelligent si j'aime ?

D'où. Dimanche. Je n'en menais pas large.

J'avais dit il y a un (long) moment à Noé Cendrier que je viendrai le voir jouer. Et puis pas de sous et pas de temps. Et soudain, un peu plus de sous et du temps. Donc, billets furent pris.

Et dimanche, je n'en menais pas large.

D'autant que (mais j'avais été prévenue par une amie bien intentionnée !) je savais qu'entre lui, ses comparses et nous, le contact serait proche.(Façon : "coucou, t'as vu, je suis bien là !" Huhu).

Evidemment c'était très con d'avoir le trac. Parce que Molière, mon trublion pétillant du théâtre français préféré, m'enchante depuis toujours et qu'il n'y a jamais à redouter d'aller se régaler à sa langue et à sa vision de la société. Parce que ces comédiens nous ont offert un très beau moment de plaisir partagé, parce que finalement, cette proximité qui confine à la promiscuité de la scène et du public, ça fait ressentir des choses très différentes de ce à quoi on peut s'attendre - en bien.

Alors je ne vais rien vous apprendre d'intelligent sur Molière, le théâtre en général et le plaisir qu'on y prend à recevoir énergie, talent et mots ciselés en particulier. Lettrés que vous êtes, vous n'avez pas besoin de moi pour ça.

En revanche je vous enjoins à cliquer rapidement sur le lien un peu au-dessus, d'une part parce qu'il le vaut bien, d'autre part pour vous jeter sur le calendrier et ajuster vos moments libres à ses moments sur scène (qu'on ne me demande pas pourquoi j'ai pas fait le lien sur le site du théâtre directement - private joke), histoire de vous précipiter avant la fin de la saison.

Et puis de faire un détour par le début de ses impressions de futur Cyrano (premier personnage fictif à subir un début de psychothérapie par commentaires de blogs). Histoire de vous donner envie pour dans quelques mois.

Et oui je donne des ordres si je veux !

(Et pour Noé spécifiquement : j'écoute "I know" de l'album "No one is really beautiful" de Jude en écrivant ce billet, qui vient rajouter des couches d'impressions sur Cyrano en tant que personnage et sur des bribes de discussions esquissées ou que j'ai envie d'avoir. Get prepared or run away !).

lundi 4 juillet 2011

Marraine (la fée ?)

Je pense que c'était en 2002 (moi et mon manque de repères de dates, arg).

J'avais lu un papier sur les blogs, sous forme : ces journaux intimes publiés sur le net. Ca parlait surtout de ces diaristes américains, il y en avait peu en France, vraiment très peu. Et puis quelques semaines après, au détour d'une recherche sur le net, je suis tombée sur SON blog.

J'ai lu, compulsivement, des billets et des billets. Silencieusement. Je trouvais ça vraiment chouette, ce ton, ces échanges. Juste son url (pauvfille) qui ne correspondait pas à ce que je lisais.

Quelques mois encore plus tard, j'ai ouvert mon premier blog. Tragiquement disparu depuis dans un appuyage sur la touche delete. Et puis l'ancêtre de celui-ci, qui a connu des variations de fond, peu, mais surtout de forme.

J'ai profité pour lui dire enfin, à la papauvrefille Pappolène, indirectement, dans un billet, que c'était grâce à elle. Et une autre, mais surtout elle.

Les échanges ont commencé et n'ont jamais vraiment cessé.

Samedi, on s'est vues pour la première fois en chair et en os. Je suis partie en avance, me doutant qu'elle le serait encore plus que moi. A peine sortie du métro je l'ai reconnue, évidemment elle que je n'avais jamais vue, aperçue sur quelques photos.

Et au cours des quelques heures que nous avons passé ensemble à deviser, c'était toujours "évidemment" elle.

Alors pour les choses publiables, sachez que l'idée d'un blog dédié au Club des Vieilles Filles Indignes et Dépravées fait doucement son chemin. Et que nous avons par ailleurs intronisé le Pink Mojito comme boisson officielle.

Et aussi qu'elle a des yeux pétillants comme j'aime, des rires et des sourires à qui le net ne rendent pas justice, et que ma marraine de blog, c'est une sorte de bonne fée que sans le savoir, j'ai si bien choisie.

(Pour ceux qui s'obstinent à venir ici s'ils détestent, vous pouvez aussi l'accuser d'être la cause de !!! Et pour les autres, lui dire merci).

Une coïncidence si la mue de ce blog s'est faite dans la foulée de notre rencontre ? Je ne crois pas.

Merci ma belle Stéphanie. Je ne sais pas si je saurais dire un jour à quel point cette rencontre avec tes mots a été décisive dans ce qu'est ma vie d'aujourd'hui.

mardi 4 janvier 2011

La route

Parfois il n'y a pas de bon chemin à prendre, à une situation donnée.

On fait avec ce qu'on est un jour, et puis l'autre.

Il y a des moments où prendre le bon est une évidence. D'autres où ce qui paraît être "le bon" nous interroge finalement un peu trop pour être honnête.

Alors on liste, les possibilités, les réactions. Aucune ne semble convenir. On se donne du temps.

On en passe aussi, à chercher comment ne plus avoir besoin de comprendre pour avancer. Ou comment faire sans ce qui semble indispensable.

Il n'y a pas de réponse. Je n'ai pas de réponses.

A vrai dire je n'ai même plus de questions : les quelques réponses qu'elles me valent me perdent plus qu'autre chose.

On devrait livrer certains moments de la vie avec un mode d'emploi.

lundi 13 décembre 2010

Le pouvoir des mots

Ce week-end il y a eu des rires d'enfants, des pétillements d'yeux. Ils étaient moins nombreux que les années précédentes, il y a eu moins de galères, un peu moins de travail.

Mais de la fatigue, quand même, et de la joie de les voir ainsi. Il y a eu quelques instants d'échange avec leurs parents également. De la reconnaissance, de la gratitude, de l'humanité. C'était bon. C'était se sentir utile à contribuer à des sentiments positifs. C'était une raison majeure de se lever pour bosser samedi matin, bien plus que le fait que ça fasse partie de mon job.

Il y a eu des mots échangés, aussi. Beaucoup. Avec des personnes qui sont importantes dans ma vie. Des mots importants, donc. Je suis encore en train de digérer ces mots. Ces conversations qui peuvent ne jamais se finir. C'est parfois vertigineux. Tous ces mots pour traduire l'intraduisible. La vie.

Et un sentiment d'avoir progressé. Je peux, avec beaucoup d'amour, d'affection, j'espère sans agressivité ou excès, dire. Je peux dire. Mes limites. Celles du passé, celles du présent. Défendre mon territoire. Ne plus renoncer à une part de moi en fonction de quelqu'un d'autre. Ne pas en sous-estimer les conséquences, parfois. Mais dire. Etre lucide. Ne pas être dupe. Savoir où je suis, à quoi je consent, ou pas.

L'une des femmes que j'admire le plus me disait, en réponse à mes remerciements d'avoir mis des mots sur des choses qui me sont utiles : "je crois au pouvoir des mots". Je lui ai répondu que moi aussi.

Et c'est vrai. Je crois au pouvoir des mots. Pour dire "ma vérité", celle de l'instant, celle d'hier. Les mots qui permettent de dire qui on est. Les mots qui donnent la liberté d'être soi.

jeudi 9 décembre 2010

C'est quoi, l'amour ?

Je lisais l'autre jour un papier qui disait en substance que l'amour, c'était vouloir que l'autre nous révèle quelque chose de nous. Et qu'il se nourrissait de choses telles que la peur du manque, de l'abandon, etc.

Ca m'a accroché tout de suite car j'ai trouvé que c'était une vision un peu partielle.

Car certes, la plupart des gens ne sont pas complètement masochistes et aiment avec l'espoir d'être aimés en retour, et que l'amour qu'on leur porte leur apporte quelque chose qui leur manque ou qu'ils désirent. Ou qui les rend heureux, tout simplement.

Mais c'est quand même curieux d'attaquer une tentative de définition de l'amour par ce qu'il PEUT nous apporter.

Il me semble qu'il s'agit avant tout de quelque chose qu'on peut donner, offrir, soi, à l'autre. Une vision, un miroir, une forme d'affection qu'on offre pas à tout le monde. Et qui, contrairement au sentiment amoureux (que j'entends comme : le moment où on cristallise sur l'autre sans forcément tenir compte de qui il est vraiment, mais de ce qu'on a envie d'accrocher dessus comme fantasmes), est forcément gratuit et inconditionnel. Qui se nourrit dans ce qu'est l'autre pour nous, mais pas nécessaire dans ce qu'il nous apporte. Qui existe quelle que soit la situation. Et quelle que soit la réalité de l'autre, et pas ce qu'on imagine / voudrait qu'il ou elle soit.


Peut-être que c'est moi qui fait une fixette, hein ? Mais vous, quand on vous demande "c'est quoi l'amour ?", vous commencez par raconter ce que ça doit vous donner, ou bien ce que ça vous donne envie de donner à l'autre ?

Curieux, donc (again). Et les mots me manquent pour décrire cette sensation bizarre que j'avais en lisant ces mots. Et peut-être qu'au fond ça se rejoint. Cette élévation de soi qu'on peut ressentir à aimer quelqu'un dans sa réalité est peut-être aussi une façon de combler ses propres manques ? Aimer comme on aimerait être aimé(e) ?

Vaste sujet dont on aura jamais fini de faire le tour.

Et forcément, en lisant le papier, en écrivant le billet, la musique qui s'impose (par ricochets, coqs à l'âne et autres glissements de terrain), un tube de mon enfance.


mercredi 10 novembre 2010

Numéro 8 : le rang des grandes

(Réponse à l'invitation à jouer d'Akynou, présente sur cette photo de classe !)

Quand le monsieur est venu, il a voulu me mettre sur le banc.

J'ai pleuré. J'en ai assez, tous les ans, je suis sur le banc. Il paraît que je suis petite, qu'on met toujours les petits devant.

Mais moi je ne veux pas. Alors j'ai pleuré très fort, j'ai crié.

La maîtresse m'a grondée, elle m'a dit que je n'étais pas raisonnable. Le monsieur avait l'air pressé. Et puis je ne sais plus qui a eu une idée.

"Et si on mettait les filles au milieu ? Pour changer ?"

Alors je n'ai pas pu me mettre là où je voulais, juste au milieu de la photo. C'est encore cette grande L. et sa copine aussi grande qu'elle qui ont eu droit. Comme si elles y pouvaient quelque chose, d'être à chaque fois les plus grandes. Comme si j'y pouvais quelque chose, d'être à chaque fois la plus petite. "La petite puce". Pfff. Je leur en collerai, des puces.

Mais quand même, j'étais dans le rang des grands. Tout au bout. Je crois que j'ai fait une tête de triomphe sur cette photo. J'étais fière d'avoir eu ce que je voulais. Et puis au bout, on verra mieux ma jolie robe. J'ai fait un sacré caprice pour l'avoir, celle-là, aussi.

Maintenant je suis contente. Je la garderai toujours, la photo de classe de cette année.

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Rien à voir mais ce soir : clôture de réception des tenues de cocooning !!

jeudi 4 novembre 2010

Invasion chez les suédois

L'autre jour, j'ai emmené Cro-Mi chez les suédois pour y acheter une veilleuse.

Je la lui avais promise depuis longtemps mais la concordance week-end avec elle + disponibilité de la voiture a fait qu'il nous a fallu attendre ce lundi férié pour nous y rendre. Avec une pensée au passage pour les travailleurs des jours fériés.

Aussitôt décidées, aussitôt préparées, nous voici, par la grâce du changement d'heure et de la route dégagée, à l'entrée du magasin quelques minutes avant l'ouverture.

A un moment, j'ai cru m'être trompée de pays et d'époque. Je me suis crue en Ursse du temps des files d'attentes.

Une meute de jeunes parents, équipés l'un de la poussette, l'autre du sac ou du chariot qui va bien, prêts à démarrer derrière le cordon symbolique qui indiquait que non, c'était pas l'heure.

Prêts à en découdre dans ce temple de la surconsommation où même quand on vient juste se promener, on repart les bras chargés, et où chaque article est produit en milliers d'exemplaires.

La bave au lèvres, le rictus mauvais, l'œil bas de plafond...

On me signale dans l'oreillette que j'en rajoute un peu, ce qui n'est pas impossible. Mais quand même.

Nous y avons donc fait l'emplette de Spöka la veilleuse (renommée depuis, par un curieux glissement de mon non-suédois et de la prononciation de ma fille : Skopiya), ainsi que d'une boîte à ranger, de deux oreillers pour moi, et de quelques piles d'avance (j'avais VRAIMENT besoin de tout ça, ne vous moquez pas).

Et vous voulez tout savoir de l'horrible réalité ?

Cro-Mi voulait une veilleuse car elle est dans une phase "un peu peur du noir" (en fait : un peu peur d'avoir peur...) et cauchemars.

Depuis qu'elle en a une, elle l'éteint consciencieusement parce que la lumière l'empêche de dormir. Ahem. On s'inquiète toujours trop pour nos enfants. La bonne nouvelle c'est qu'elle trouve quand même Skopiya très jolie, on a pas tout perdu...

mercredi 27 octobre 2010

La femme qui a mis des mots sur ce qui me sauve la peau

Il y a quelques mois j'ai fait la connaissance d'une femme lumineuse, dont l'essentiel de l'activité est consacré à soulager la souffrance au travail de gens comme vous et moi. Ou plutôt, encore pire que vous et moi, puisqu'ils en sont, souvent, au stade où l'idée de retourner travailler est insupportable.

Dans ces cas, son travail consistait précisément à ce qu'ils n'optent pas pour une solution définitive pour ne pas avoir à y retourner.

Une femme formidable, constructive, positive.

Et pourtant qui ne mène pas une vie facile. Et pourtant qui partage avec les gens qu'elle traitait de nombreuses souffrances. Et pourtant dans une situation hallucinante aujourd'hui.

J'ai assisté (quasi pieusement) à l'une de ses conférences et déjeuné avec elle.

Et elle a mis des mots sur quelque chose de tout simple et qui m'aide, tous les jours à ne pas faire le faux pas de trop, celui qui m'entraînerait trop bas, dans ces mois où ce que les autres me font, je le subis.

"Il ne faut donner à l'autre que le pouvoir qu'il a" (sous-entendu, réellement).

Cette petite phrase, utilisée dans un contexte professionnel, elle me sert énormément, ces temps-ci, à travailler sur ce que je dois faire pour être bien avec moi et mes émotions, même les moins agréables. A ne pas donner du pouvoir en plus à ce qui pourrait faire basculer ces émotions en des choses bien moins gérables. Et même si ces jours-ci j'aimerais que tout soit facile, limpide. Que je n'aie à me soucier que du prochain plaisir à venir, et de rien d'autre, je me rappelle de ce petit mantra et de comment il m'a aidée dans les semaines passées, ça fait du bien, au moins un peu.

Et en dehors de mon petit nombril, cette femme fantastique a été un secours inespéré pour des gens désespérés.

Alors avant de le lui dire de vive voix, dans quelques jours, j'en profite pour lui dire ici : Merci M.P.

Vous êtes un être humain inestimable.

mardi 26 octobre 2010

T'as voulu voir Cherbourg et tu verras Caen

L'autre jour, en passant à Saint-Lazare, et en contemplant le tableau des départs, je me suis dit que je ne connaissais pas Cherbourg.

Il est vrai que des tas de gens sont dans ce cas et n'en sont pas morts, mais ça m'a pris comme ça, comme question : "ça ressemble à quoi, Cherbourg ?"

Autant vous dire que j'ai essuyé quelques moqueries.

Malgré quelques recherches sur Google Images, qui m'ont donné à voir un fort joli port, le doute s'est installé.

Du coup, me voici l'heureuse titulaire d'un billet de train pour... Caen, pour le week-end long du 11 novembre.

Il y a la mer aussi et des valeurs humaines sûres là-bas.

Un anniversaire d'une mini réplique de ma plus vieille amie, cette dernière, et une blogueuse pas très productive et néanmoins chère à mon coeur.

Suis contente.

mardi 19 octobre 2010

En maraude, en manif ?

Aujourd'hui, journée de mobilisation générale contre les retraites.

Aujourd'hui, journée qui n'est plus "en hauteur", mais où on est supposés accueillir du monde, plein de monde. Et arriver suffisamment tôt pour préparer de quoi les accueillir.

Comme on a plus de lieu fixe, on se ballade dans Paris.

Et vous voulez rire ? Le site du jour, il est à quelques centaines de mètres de l'arrivée de la manif, dites donc.

Vais-je y arriver ?

Nos invités ?

Allons-nous pouvoir repartir ?

C'est une journée point d'interrogation, pour moi.

Au moins, si on est bloqués là-bas, on pourra bosser ET aller manifester...

En guise de consolation, et pas des moindres, je sais que mon client préféré, le plus grand, le plus beau, le plus intelligent, et le plus manifesteur, il sera là, justement parce qu'il pourra aller arpenter à la fin de nos activités communes. Comme ça fait quelques semaines que je ne l'ai pas vu, ça me console (oui, je suis une fille, j'aime quand les garçons sont, en plus d'intelligents, charmants, grands, musclés, tout ça. Même quand ce sont des clients. Parce que mes clients, je leur fais des bisous pour leur dire bonjour, en fait !)

jeudi 14 octobre 2010

A ma place

Ceux qui fréquentent les immeubles modernes et dits "intelligents" savent de quoi je vais parler.

Dans nos bureaux HQE beaucoup de choses sont prévues pour limiter l'impact de notre vie de bureau sur l'environnement (...).

Ainsi les stores montent et descendent tout seuls en fonction de la luminosité, les lumières s'adaptent de même, l'ascenseur cause et la lumière des toilettes ne s'allume que quand elle détecte une présence (il paraît que c'est très pratique pour les siestes rapides, ce qui me permet d'adresser un clin d'oeil à celui avec qui on évoquait le sujet de la sieste Freudienne il y a quelques jours. Clin d'œil donc. Et les autres, pas de panique, la sieste Freudienne n'a aucun caractère sexuel).

C'est ainsi que mon bureau fait plein de choses à ma place. Ma voiture aussi : elle s'ouvre pour peu que j'aie la carte sur moi, allume ses feux, actionne les essuie-glaces comme une bonne Christine bienveillante qu'elle est.

Du coup j'ai du temps de cerveau disponible pour un tas d'autres choses, mais il m'arrive de me retrouver comme une couillonne.

A me demander pourquoi je suis dans le noir quand je suis dans un endroit qui n'allume pas la lumière tout seule, par exemple.

Notez que ça me fait marrer toute seule quand je réalise que le monde entier n'est pas encore complètement réactif à ma présence. C'est toujours un rire de pris.

Bon. Pour qui, une sieste Freudienne, aujourd'hui ? ;)

PS qui n'a rien à voir, j'ai le plaisir de vous annoncer la création prochaine sur ce blog (entre autres) d'une nouvelle catégorie. Genre métaphysique de la médecine, la médecine expliquée aux nuls, Candide et le toubib, quelque chose comme ça. J'anticipe quelque peu sur des plaisirs à venir mais c'est pour mettre un peu la pression à l'autre du entre autres, qu'il ne croie pas que je le laisse siester Freudiennement au lieu de s'occuper de nos importantes affaires communes !!!

mercredi 13 octobre 2010

Quand...

Quand après quelques jours de rodage à un nouveau rythme, Cro-Mignonne se lève le matin et vient se glisser dans mon lit pour un réveil en douceur, ou un endormissement avant la sonnerie...

Quand après avoir effectué le parcours du combattant il nous reste 10 minutes pour un câlin du matin...

Quand au coucher on s'échange secrets et mots d'amour avant de se dire bonne nuit...

Quand j'ouvre enfin mon Libé du jour et que je pense, à chaque fois, aux doux dingues qui m'offrent ce moment quotidien...

Quand je fais de belles "rencontres", qui sont surtout la poursuite d'évidences...

Quand je change l'envie de perfection pour l'envie d'harmonie, et que ça fonctionne du coup beaucoup mieux...

Quand je passe des moments si simples et évidents qu'une sorte d'onde de bien-être me parcourt...

Quand je suis un peu vide, le soir, un peu triste, et que je reçois un ou des mails, un coup de fil, un sms, qui me donnent le sourire, pour une raison ou pour une autre...

Quand un fou rire à perdre haleine me prend...

Quand je me dis que même si je ne l'aime pas tous les jours, par la grâce des humains qui l'occupent, ma vie a un sens, un petit, mais joli sens...

Quand je pense aux bons moments qui m'attendent dans quelques jours...

Je me dis : "Après tout, tout va plutôt bien".

lundi 11 octobre 2010

Rencontre d'images (feat. W. Ronis et P. Bonnard)

Il arrive parfois dans la vie qu'on se retrouve face à un morceau d'art qui fait écho à un autre morceau d'art, qui fait lui même écho à des choses auxquelles on est sensible.

Ainsi dans ma vie, Ronis a succédé à Bonnard et je les assimile maintenant dans cette capture de féminité matinale.

Ronis Bonnard

On dirait la même qui est passée en couleur et qui s'est redressée pour finir sa toilette, non ? (Pas la peine de jouer au jeu des 7 erreurs, il y en a plus !).

J'aime cette photo. J'aime ce tableau.

Ce que ça me disait avant ? Qu'il y a des hommes pour poser des regards bien tendres sur l'intimité de leurs compagnes ou modèles. Que c'est beau. Que c'est familier et mystérieux à la fois. Qu'ont-ils dans le regard au moment de transformer l'instant capturé en œuvre d'art ?

Ce que ça me dit maintenant ? Que pour un temps indéterminé, il me faut faire le deuil de ce regard d'un homme amoureux (on l'espère) sur ces moments de ma vie aussi. Et de mon œil sur ces moments d'un homme que j'aimerais. L'amour dans sa réalité, pas dans le rêve qu'on peut s'en faire. Trouver de la beauté, de la grâce à l'autre y compris dans les moments où on ne cherche pas à se séduire.

On se console comme on peut : mes propres ronflements ne me réveillent pas.

mercredi 6 octobre 2010

S'habituer à l'idée

Je suis étonnée par la facilité que nous avons, Cro-Mi et moi, à nous installer dans nos nouvelles habitudes.

L'organisation tourne, et nous laisse le temps pour des pauses de tendresse à toutes les deux. Des choses ont changé, mais pas tout. Et le fait d'être deux au lieu de trois ne double pas mon travail (ok je gère tout, mais moins de tournées de lave-vaisselle, de lave-linge à gérer).

Bref, on s'habitue bien à être entre filles et c'est tant mieux.

Pour autant, des choses que je ne soupçonnais pas s'insinuent dans ma tête et il faut s'habituer à l'idée.

Comme, par exemple, s'habituer à l'idée que la probabilité que j'ai un ou plusieurs autres enfants.

L'envie ne me tiraillait pas tant que ça, pourtant, juste avant. Sans doute parce qu'il était peu envisageable que le Papa de Cro-Mi et moi on le fasse ensemble. Même si tout avait l'air de ne pas aller si mal.

Maintenant je me dis que toute "jeune" que je sois encore, l'âge avance. Que la probabilité que je trouve un potentiel amoureux qui serait un potentiel papa, que l'envie en soit partagée, que la nature suive son cours, fait que même si tout ceci se produisait, je me retrouverais dans le camp des mamans à grossesse tardive. Ce dont je n'ai pas très envie sur le principe.

Ceci dit on est bien, nous deux. Et je ne suis pas sûre que replonger dans les joies des premiers mois soit si tentant que ça, à bien y penser. C'est juste l'idée de me faire à l'idée que ça pourrait ne jamais m'arriver, alors que je me gardais cette réflexion pour la ménopause, ça ne me laisse pas si indifférente que ça.

Mais bon. Ca s'en va et ça revient. Cro-Mi comble mes envies de me plonger dans des odeurs d'enfance.

C'est juste que les deux choses que j'ai faites de mieux, par amour, c'était les renoncements et une enfant.

mardi 5 octobre 2010

Lettre à l'absente

Ca doit faire une paire d'années, maintenant, que tu m'as sortie de ta vie.

Je suis toujours sûre de ce que j'ai pensé, loin de ce que tu m'as reproché. Mais c'est comme les briseurs de ménages dans un couple, je ne crois pas vraiment à un élément déclencheur. Je me dis qu'il devait y avoir quelque chose à casser entre nous, déjà, avec juste le regret de n'avoir pas vu.

De n'avoir pas su réagir.

J'imagine que ta vie est toujours bien remplie. Je t'y souhaite heureuse.

Telle que je t'ai connue, on aurait passé pas mal de temps ensemble, ces derniers temps, si tu ne m'avais pas sortie de ton existence. Tu m'aurais secouée, tu aurais distrait Cro-Mignonne, on aurait refait le monde autour de plats simples et délicieux. Il y aurait eu du Coca Light Lemon dans mon frigo en permanence pour tes passages. On aurait bu des litres de thé. On aurait sans doute pleuré, et puis ri, aussi beaucoup.

Tu m'aurais coachée et je n'aurais su te dire merci.

Mais tu n'es plus dans ma vie, je ne suis plus dans la tienne. D'autres ont pris des places. Importantes. Différentes de la tienne.

On survit. On continue.

Vu ce que tu m'as dit, je suppose que je ne te manque pas beaucoup.

Et moi, je me débrouille sans toi. Mais dire que je n'ai pas de nostalgie pour ce qu'on a partagé serait faux.

jeudi 15 juillet 2010

Non merci, je n'ai plus faim !

Il y a des blogs qu'on aime détester, ou qu'on déteste aimer, parfois. Mais on les lit, plus ou moins régulièrement, à cause de ce je ne sais quoi qui fait que d'accord ou pas, on y retrouve quelque chose qui fait écho.

Grâce à Caroline, j'ai découvert le docteur Zermati, dont je connaissais le nom et le titre accrocheur de quelques bouquins. Mais à cause de ce titre en forme de promesse qui me semblait impossible, je n'étais pas allée plus loin.

A lire Caroline, qui explique comment elle se reconstruit, progressivement, une histoire saine avec la bouffe, et qui du coup pavane en jolies tenues que la plupart des filles qui connaissent le vrai sens du mot surpoids ne regardent même pas sous peine de fondre en larmes, je me suis intéressée de plus près à la question.

Comme je ne peux, ni financièrement, ni géographiquement, faire comme elle, une série de rendez-vous pour entamer une thérapie de la bouffe et de la paix avec soi, j'ai acheté le bouquin.

En ai lu une première moitié. Me suis concentrée sur le fait de renouer avec la sensation de faim, facile à retrouver. Mais la satiété me posait plus de problème.

Jusqu'à l'Epiphanie. Il faut dire, quand j'étais bébé, puis petite fille, je mangeais peu, très peu, à la grande angoisse de mes parents. Et je pense qu'aidée par une tribu de gourmands, j'ai assimilé le schéma : finir son assiette = dire je vais bien, ne vous angoissez pas.

L'Epiphanie, donc, c'était se dire : la satiété, c'est tout simplement "je n'ai plus faim". Plus le creux au ventre qui me dit que je dois manger. Et recoupé avec des réflexions sur mon appétit de petite fille, je me suis rendu compte qu'en fait j'avais besoin de beaucoup beaucoup moins que ce qu'il me semblait bon de manger. Non pas que je sois un ogre, mais en fait, je suis gourmande avec un tout petit appétit.

Je vous le dis comme ça, comme une évidence, parce que j'ai testé ces derniers jours. Et qu'effectivement, après une quantité moindre de nourriture, je n'ai plus faim et pas de fringale néanmoins dans les heures qui suivent.

Et ça fonctionne.

C'est ainsi qu'hier, pour la première fois de ma vie, je me suis arrêtée à un gros tiers de calzone au saumon, qui, une fois rassasiée, ne m'apportait plus de plaisir ni de bienfait.

Je ne sais pas où ce chemin va me mener, mais ce qui est sûr c'est qu'intérieur et extérieur de moi se sentent plus sereins, ensemble.

Et puis ça va être drôle, les discussions de cet été. "Ca ne va pas, ma chérie, tu ne vas pas bien, tu ne manges rien ?"

Mais si ça va. Je n'ai juste plus faim.

mardi 29 juin 2010

Des temps compliqués

Si je redéménage de bureau, dans quelques jours, je ne suis aux prises qu'avec des questions de logistiques. Principalement : serai-je bien placée sur le plateau ? Et se gare-t-on convenablement dans le quartier puisque, faute d'avoir reçu le message invitant à se faire connaître pour le parking, je n'ai pas de place prévue. Super. Youpla boum.

Pour mes camarades, c'est plus compliqué. Ils laissent derrière eux un pan d'histoire de leur entreprise, et de leur vie professionnelle, que j'ai trop peu partagé en ces lieux que j'en suis moins émue.

Mais leur émotion me touche, bien sûr, de même que l'inquiétude générale à l'idée que nous fusionnons avec nos camarades, mais que ce sont plutôt eux les conquérants et nous les conquis.

Ambiance réunification de Koh-Lanta à prévoir pendant quelques semaines, je pense.

De mon côté, c'est un peu tristoune aussi. Des mots échangés qui ont épuisé mon dernier stock de patience concernant cette personne. Qui a compté parmi les plus proches, mais il y a tellement longtemps. Même si on sait que ça ne changera pas la face du quotidien, voilà. Une blessure de plus, qui deviendra cicatrice au milieu des autres.

J'en ai parfois gros sur la patate, ces jours-ci. Et puis ça passe.

Mettons que 2010 n'aura pas été, pour sa première moitié, des plus faciles à passer. Espérons que sa fin nous réserve de belles surprises, du coup.

vendredi 28 mai 2010

Bazar du vendredi

Entendu à la radio mercredi : "On nous retire le droit à l'intelligence".

La grande affaire.

Même si la phrase venait d'un responsable syndical au niveau national, il n'empêche. Bien sûr qu'on nous retire le droit à l'intelligence. C'est tellement plus simple.

Et c'est ainsi qu'on vit dans un monde où aller au travail n'est pas un acte par lequel on contribue à faire fonctionner les échanges de la tribu, mais à emplir des poches bien loin des nôtres.

On obéit aux marchés, aux actionnaires.

Tout ça pour espérer une retraite.

Car on a pas une retraite au bout d'une vie professionnelle parce qu'on a travaillé. Non non non. On doit donner 40 (et quelques) années de sa vie à être employé dans un cadre bien précis pour espérer, à la fin, une retraite. Si on a été sages et bien cotisants.

Mais qui a dit que dans une vie, il FALLAIT passer plusieurs décennies à travailler pour cotiser ? Dit comme ça, ça va de soi, mais la machine n'est plus au service de l'homme. C'est nous qui sommes au service de la machine. La machine économie, la machine état...

Et du coup on marche sur la tête, depuis longtemps, et jusqu'à explosion finale.

Pendant ce temps, les grands penseurs parlent de redonner du sens. A tout et rien, mais au travail en particulier.

Certes mais ça n'arrange pas tout le monde. Parce que donner du sens, c'est aussi donner de la réflexion. Et dès qu'on commence à réfléchir, on sent bien que ça ne peut pas fonctionner, comme ça, pour nous autres pov'zhumains de la plèbe.

Du coup, c'est pas mal qu'on soit vendredi. Qu'on passe un peu à autre chose.

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