Je ne sais pas fermer les portes.

Pas celles de la maison, hein, ça, je peux.

Celles des relations humaines.

Je crois qu'il doit y avoir moins de cinq personnes que je ferais tout pour ne pas les recroiser (en presque trente ans, ça ne fait pas lourd eu égard au nombre de personnes cotoyées, quand même).

Alors dans la vie, j'ai souvent jeté des bouteilles à la mer.

Pour renouer avec telle ou telle personne, suite à une engueulade, après s'être perdus de vue.

Aussi vers des gens que je ne connaissais pas ou peu, histoire de tenter la chance d'une belle rencontre, d'une agréable discussion (il y en a au moins un que je vois ricaner dans le fond, mais NON ! je ne parle pas de plans drague !), d'un possible début d'amitié ou de connivence.

Le problème des bouteilles à la mer, c'est que fonction du temps et de ce qu'on met dedans, elles ne réagissent pas toutes de la même façon.

Parfois, la personne qui l'ouvre comprend tout, tout de suite, et c'est une sorte d'état de grâce.

Parfois, les mots sont mal agencés, je me fais mal comprendre, trop maladroite, trop impulsive, et c'est l'ignorance ou un grand méchant retour de manivelle. Qui fait mal, mais au moins, on est fixé.

Parfois, la personne ne voit pas la bouteille, passe à côté et ne saura jamais.

Parfois, je ne l'envoie pas (mais j'aime tellement les humains que c'est assez rare). Je crois que je l'ai regretté à chaque fois que je n'ai pas fait ce geste, d'ailleurs.

Tout ça pour dire que tout ne s'est pas toujours déroulé comme je l'espérais.

Mais parfois ça s'est aussi passé encore mieux. L'Amoureux en est un témoin vivant, d'ailleurs. Mais aussi un grand nombre d'amis, de la vraie vie ou d'ici.

Et rien que pour ça, je ne regrette rien d'autre que d'avoir pu heurter certains sans le vouloir.