J'avance un peu le troisième épisode, histoire de fêter dignement l'arrivée de Vincent Riou et de Jean Le Cam...

EMPANNAGES ET VENT ARRIERE

Les vacances avaient bel et bien commencé.

Pour nos premières sorties, il fallait vérifier qu'on avait pas trop oublié pendant l'année. Donc la première, c'est LA sortie des empannages.

Comprendre, pour ceux qui n'ont jamais mis les pieds sur un bateau à voiles. Normalement quand on veut "tourner" (virer de bord), on fait ça en tournant de telle façon qu'au moment de changer de direction, on a le vent en face. L'empannage c'est exactement l'inverse.

Or ce qu'il faut savoir, c'est que ça bouge beaucoup plus ! (Attention la bôme, pendant qu'on y est...).

Donc voilà. C'était la sortie des empannages en série.

J'ai très vite compris qu'à la question "Parée à virée ?" (oui, mon papa fait les choses très sérieusement), la réponse "euh, nan, pas encore" n'était pas franchement acceptable.

Nous empannions, donc. Beurk.

Ca me rappelle une histoire amusante, d'ailleurs, le vent arrière.

Quand un dériveur reste sur une plage, il faut savoir qu'entre les sorties marines, les gens, fort mal élevés, s'en servent pour tout. Absolument tout. Bar, table à langer, zone de bronzage. Que du bonheur.

Un jour où il soufflait un drôle de Ponant (assez rare en été à cet endroit, où a plutôt du vent d'est), assez fort (pour une chochotte comme moi) et où il faisait une chaleur pas possible, nous sortons malgré une drôle de sensation que ça ne serait pas du tout comme d'habitude.

Et effectivement, sitôt passé le petit cap qui protégeait la plage, un coup d'accélérateur ferrariesque qui a failli m'envoyer directement à l'eau.

Car l'endroit précis où j'avais posé mon noble séant était enduit, mais vraiment enduit, de produit solaire, produisant une sorte de patinoire, mais en chaud.

Je ne vous raconte pas ma tête, ni celle de Papa, parfaitement capable de rentrer seul mais se demandant comment avec ce vent bizarre il allait pouvoir soit tourner en rond pour me récupére, soit expliquer à Maman que j'avais tragiquement disparu en mer (à 500 mètres de la côte) !

Mais ce n'était pas tout !

On déteste naviguer vent arrière tous les deux, ça bouge, ça claque, ça fait mal à la tête (la bôme, toujours), et on a l'impression tout à fait fausse d'ailleurs de ne pas avancer.

Mais ce jour là, pas moyen de faire autrement pour rentrer. Et la force du vent était telle qu'on avait quand même la nette sensation qu'on avançait.

Justement le jour où le chenal à bateaux était encore plus envahi que d'habitude de plongeurs, enfants avec ou sans parents, nageurs n'ayant pas intégré l'utilité de la démarcation d'une zone de baignade, bref, du monde.

On a fait quelques tentatives pour rentrer, mais tout ce petit monde ne semblait pas pressé de nous laisser passer, donc virage de bord en urgence à chaque fois (avec au moins un empannage dans la série, forcément, quand on la poisse).

Finalement on a réussi à passer, mais le vent était tellement fort qu'on a dû faire un mètre sur le sable avant de s'arrêter, au lieu du très élégant arrêt nez au vent au raz de la plage tellement prisé par mon Pôpa. Il se trouve que miraculeusement, c'est la seule et unique fois où rien ne m'a empêchée de remontée cette satanée dérive sans encombres.

Voilà. J'en vois trois ou quatre qui rigolent, dans le fond... c'est pas sympa de se moquer des marins d'eau douce !!!