Ceux qui viennent souvent ici savent qu'il m'est important de faire savoir aux gens que j'aime que je les aime. Ce qui dans la pratique quotidienne est loin d'être chose aussi facile qu'il y parait.

Parce qu'on ne dit pas comme ça "je t'aime" incidemment. Déjà quand on le dit, on espère "moi aussi", on attend souvent, plus ou moins consciemment, son reflet dans le miroir qu'est l'amour de l'autre. Et que sans doute aimer, ça passe aussi par ne pas mettre l'autre dans l'obligation de répondre.

Bien sûr il est des sujets aisés. Ca n'est pas difficile de dire à L'Amoureux que je l'aime, peut-être justement parce que c'est évident. Mais même dans nos "je t'aime" de tous les jours, il y a des graduations, du petit mot qui ponctue à la grande émotion. Les dernières n'étant pas les plus faciles à mettre en mots.

Et puis rien que pour les parents, ça se complique. Parce que parfois quand on leur dit "je t'aime" ils entendent "j'ai peur, j'ai besoin de toi, je vais mal". C'est ça les parents. C'est aussi pour ça qu'on les aime.

Alors tout ce petit cercle de gens qui nous entourent et qu'on aime, que ce soit nos amoureu(x)(ses), nos parents, nos ami(e)s, à qui on a envie de faire sentir l'attachement particulier qui nous lie à eux, et bien parfois ça ne se limite pas à ces trois mots. Je t'aime.

Parfois c'est dans le silence, justement, qu'on fait nos déclarations. Je ne te dis rien pour mieux te le dire. Parfois dans des formes toutes différentes, dans un regard, un mot pudique qui dit tout autre chose. Dans une attention ou une intention. Dans des formes d'évitement du mot "qui" pour ne pas (s')embarrasser. Ou parce qu'on en est encore à avoir peur du rejet. Encore des histoires de reflets.

Ou bien pour se laisser le temps, bien dire que ce n'est pas nos "pareil !", nos "moi aussi", mais bien ce que l'autre nous montre de lui que nous aimons, et qui n'est pas forcément nous. Alors dire autre chose pour ne pas dire je. Pour signifier "tu parles à mon coeur tel(le) que tu es".

Et c'est bien là l'important. De signifier. Parce que les gens qu'on aime, j'espère, souvent, ils savent décoder tout ça. C'est d'ailleurs souvent pour ça qu'on en est là.